AccueilLa UNEInitiatives tunisiennes pour redynamiser la mobilité universitaire interarabe

Initiatives tunisiennes pour redynamiser la mobilité universitaire interarabe

Avant que l’enseignement supérieur en Tunisie n’arrive à son plein de développement dans les années 1980, des centaines de cadres et enseignants tunisiens avaient reçu leur formation dans  les Universités arabes d’Egypte, Syrie et Irak.

La mobilité universitaire et académique entre les pays arabes, au niveau tant de la circulation des professeurs que de celle des étudiants, était intense, depuis le Moyen âge, favorisée par un enseignement uniformisé sur le plan des disciplines d’enseignement et de la teneur des matières.

Un Tunisien peut être désigné, sans trop de formalités, recteur d’une Université arabe, comme le savant tunisien Cheikh Mohamed Khedhr Hassine, qui  assura de 1952 à 1954 le rectorat de l’Université Al Azhar du Caire, avant de démissionner volontairement. Il naquit à Nefta, au Sud tunisien en 1876 et mourut le 28 février 1958 au Caire.

Aujourd’hui, la situation est devenue beaucoup plus complexe, car, au lieu de se développer et de s’institutionnaliser avec le développement de l’enseignement supérieur dans les divers pays arabes, la mobilité et la coopération universitaires et académiques inter arabes sont restées limitées, du moins en deçà de leur dynamisme d’autrefois.

De louables initiatives ont été prises dernièrement par la Tunisie en vue de redynamiser la mobilité universitaire et académique inter arabe.

La faculté de médecine de Sousse vient d’abriter, les 18 et 19 mars, la 55ème Conférence  générale de l’Union des Universités arabes, une structure relevant de la ligue des Etats arabes dont le siège est à Amman, capitale de la Jordanie, et ce à l’initiative des Universités de Sousse et de Monastir.

Accords tuniso-égyptiens

Les travaux de cette 55ème session ont connu la participation de 220 présidents d’universités des 22 pays arabes, outre des présidents d’organisations arabes et internationales œuvrant dans le secteur de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique.

Pays hôte, la Tunisie a présenté plusieurs projets de réseautage entre les universités arabes en vue d’impulser les échanges d’expertises et la réalisation de projets de recherche en commun dans les secteurs de la transformation numérique, la sécurité alimentaire et énergétique ainsi que dans le domaine de la science ouverte et de l’économie du savoir au service du développement économique, social et humain.

Un projet de classement des universités arabes a été étudié par les participants, parallèlement à la conclusion d’un accord en vue de la mise en place d’une plateforme numérique permettant aux enseignants et chercheurs arabes de partager leurs expériences et de fédérer leurs activités de recherche scientifique.

Des accords de partenariat académique et scientifique ont été signés, par la même occasion, entre les universités de Sousse, de Monastir et plusieurs autres universités arabes.

En marge de cette manifestation, la Tunisie et l’Egypte ont convenu de lancer un programme de mobilité des enseignants et des étudiants dans toutes les spécialités universitaires. L’accord a été conclu, au cours d’une rencontre entre le ministre de l’Enseignement supérieur et de la recherche scientifique Moncef Boukthir et son homologue égyptien Aymen Achour, mercredi 22 mars.

Les deux parties ont souligné la nécessité d’encourager l’échange des expertises et des données sur la qualité de l’enseignement académique et le classement mondial des établissements d’enseignement supérieur, de la recherche scientifique et de la propriété intellectuelle.

L’impulsion de  la coopération dans le domaine de la recherche scientifique  a été notamment au centre de ces discussions tuniso-égyptiennes, à travers la mise en œuvre de projets communs dans le cadre d’appels d’offres et la consolidation du partenariat entre les centres de recherche des deux pays.

Raisons floues

Certains analystes ont cherché à cerner les causes réelles du freinage enregistré au niveau de la mobilité universitaire et académique inter arabe, car rien, en principe, n’empêche objectivement son développement.

Le facteur politique peut avoir une part mais elle n’est pas prépondérante.

Ainsi, les pays maghrébins avaient décidé en 2012, dans le cadre de la concrétisation de l’Union du Maghreb Arabe, la création d’une Université maghrébine et d’une Académie maghrébine des sciences, mais le projet est resté depuis sans suite, pour les raisons politiques qui freinent la réalisation du projet maghrébin dans son ensemble.

Toutefois, la coopération inter arabe et inter maghrébine est assez développée dans beaucoup  d’autres domaines, en dépit des sensibilités politiques.

Aussi, un analyste a cru retrouver la cause dans les systèmes universitaires eux-mêmes, écrivant, à ce propos, en substance : « Dans chaque État-nation, les universités ont souvent produit des élites compartimentalisées dont les segments sont hermétiques. Soit ces élites publient sur le plan international, mais périssent localement, soit elles publient localement mais périssent globalement ».

L’international est privilégié face à l’arabe et même au local.

La Tunisie se prévaut d’être bien classée régionalement sur le plan du nombre des publications scientifiques rapporté au nombre des habitants, mais, ces publications sont dans leur grande majorité tournées vers l’international, sur le plan du contenu et de la langue, au point qu’élites académiques, officiels et médias sont devenus obsédés par les nombreux classements mondiaux des Universités  et la place qu’y occupent les universités nationales et arabes.

L’Etat des Emirats arabes unis s’est même doté d’un classement mondial propre sous le titre « Center for World University Ranking » (CWUR), géré par l’Organisme privé éponyme. Il classe chaque année les 2000 meilleures universités sur les quelques 19 mille universités opérationnelles dans le monde. Il a permis à certaines Universités arabes d’y figurer, car dans les autres classements mondiaux qui s’arrêtent souvent à 1000, la concurrence est très rude de sorte que quelques rares Universités arabes ont pu percer.

Ainsi, dans le fameux classement mondial de Shanghai de 2022, qui recense les 1000 meilleures universités dans le monde, aucune université tunisienne n’a été retenue. Par contre, 7 universités égyptiennes figurent au classement. La mieux classée étant l’université du Caire (301-400). Une université libanaise y figure également, l’université américaine de Beyrouth. L’Arabie saoudite, la Jordanie, le Qatar, les Emirats arabes unis et Oman y sont également.

Au niveau du continent africain, l’Ethiopie (université d’Addis-Abeba), l’Afrique du Sud et le Nigeria y figurent. L’Afrique du Sud y est très présente, puisque 10 universités du pays sont dans ce classement.

Le classement CWUR des Emirats arabes unis, moins connu, est pourtant très sérieux et se base sur des critères sélectifs sévères dont  la recherche scientifique pondérée de 40%.

La langue ne constitué pas un handicap, car, outre la langue arabe commune à l’ensemble des structures universitaires arabes, la tendance générale, dans l’enseignement supérieur et la recherche scientifique favorise, partout, l’usage de la langue anglaise, y compris dans les universités maghrébines où le français est une langue véhiculaire d’études. Les Universités des pays arabes du Proche-Orient utilisent l’anglais comme langue véhiculaire d’études de sorte que les voies de communications entre les deux ailes du monde arabe sont largement passantes et devraient encourager la mobilité universitaire et académique inter arabe.

S.B.H

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