Des dizaines de milliers d’Irakiens sont sortis dans la rue hier vendredi 26 février 2016, à Bagdad, pour réclamer la fin de la corruption. Les manifestants ont occupé la place Tahrir et ont fait du bruit, suite à l’appel du chef religieux chiite Moqtada Sadr.
Devant une assistance acquise à sa cause, Sadr a averti le gouvernement en ces termes : « cette fois-ci nous sommes juste à côté de la zone verte. La prochaine fois les gens entreront dans la zone verte et reprendront ce qui leur revient de droit ».
Le tonitruant leader religieux exige des autorités qu’elles mettent en branle des réformes structurelles profondes pour changer le destin des Irakiens, dans un pays où la corruption atteint des sommets depuis la chute du dictateur Saddam Hussein.
Un vieux serpent de mer
En août 2015 déjà, la rue s’était enflammée autour de cette même question. Et là encore, les responsables politiques avaient été indexés par une population dont les conditions sociales se sont fortement dégradées. Sans parler du péril sécuritaire. Le Premier ministre de l’époque, Haïder Al-Abadi, avait cédé aux injonctions des manifestants et avait dévoilé un vaste plan de réforme des rouages et des pratiques de l’Etat. Le Parlement avait débattu le texte et pondu une batterie de mesures destinées à enrayer la corruption. Le chef du gouvernement, l’air sûr de son coup, avait présenté à l’opinion publique son arme anti-corruption. La mesure la plus emblématique était la suppression des trois postes de vice-Premiers ministres et de vice-présidents, qui revenaient d’office à un chiite, un sunnite et un Kurde. Cette façon de structurer le pouvoir selon les appartenances confessionnelles et partisanes est le produit de la main mise des Américains sur la direction des affaires du pays. Le vice-Premier ministre Baha Al-Aradji, de la mouvance chiite Sadr, avait dû jeter l’éponge suite au déclenchement d’une enquête pour soupçons de corruption.
Ce qui s’est passé hier à Bagdad montre que le problème reste entier malgré la volonté affichée des autorités de stopper le fléau de la corruption…
