AccueilLa UNEKhélil Chaibi l'affirme: Des multinationales françaises veulent délocaliser, de Chine en Tunisie

Khélil Chaibi l’affirme: Des multinationales françaises veulent délocaliser, de Chine en Tunisie

En termes de nombre de projets (opérations d’investissement), la France est 1er pays créateur de projets en Tunisie avec 183 projets dont 154 en extension. Ces projets se ventilent entre 7 pour l’agriculture, 202 dans l’industrie, et 6 dans les services.

Pour le détail, la France reste le 1er investisseur en stock, et est traditionnellement le 1er investisseur en flux (hors énergie).  En termes de valeur, le flux des IDE placent la France en première position avec 618,2 MDT, soit 35,2% du total des IDE hors énergie.  Le nombre de projets français réalisés en 2022 a atteint 215 favorisant la création de 4931 emplois, dont 34 dans le cadre de projets de création, et 181   dans le cadre de projets d’extension.

Elle est, en outre, le premier partenaire commercial de la Tunisie, son troisième fournisseur (avec une part de marché de 16%) et son premier client (30% des exportations tunisiennes). La Tunisie représente environ 0,9% des exportations et 0,8% des importations françaises, ce qui la place au 23ème rang de ses clients et au 24ème de ses fournisseurs.

Malgré les aléas d’une conjoncture difficile et incertaine aussi bien au plan national qu’international, la France demeure un partenaire stratégique de la Tunisie. En témoignent les flux d’IDE de la France vers la Tunisie en 2021 qui la placent en première position bien avant l’Allemagne, l’Italie et l’Espagne.

  • De prochaines délocalisations vers la Tunisie

La Tunisie compte 1400 entreprises françaises implantées sur son sol, procurant 150 mille emplois. « La France reste le 1er investisseur et le 1er partenaire commercial, en échange import-export, de la Tunisie, et la balance est même excédentaire en faveur de la Tunisie. Pour l’investissement, il reste en hausse malgré les problèmes. Ce sont à 80 % des projets d’extension, et le reste en nouveaux projets, et la Tunisie reste un pays attractif pour les investissements français, malgré la conjoncture. On n’arrête d’ailleurs pas de recevoir, à la CTFCI, des demandes de multinationales françaises, qui veulent délocaliser en Tunisie ». C’est ce qu’affirme Khélil Chaibi président de la Chambre tuniso-française de commerce et d’industrie.

Et lorsqu’on lui demande de nous citer un exemple, il sourit, gêné, et réplique que « les nouveaux projets, on ne les annonce pas par souci de confidentialité et de concurrence, en attendant la réalisation. Délocaliser de Chine en Tunisie, car nous sommes plus compétitifs, même sur le coût de la main d’œuvre, sans compter le coût de la logistique et de la proximité de l’Europe et de l’Afrique ».

Le président de la CTFCI affirme même, avec une conviction manifeste, que « il n’y a eu au cours des deux dernières années, aucun départ d’entreprise française de Tunisie. Certaines, ont certes connu des difficultés, mais aucune n’est partie et toutes se maintiennent ».

Et le président de la CTFCI de nous faire remarquer que « les entreprises françaises de Tunisie, se plaignent de la migration de leurs cadres les mieux formés, vers la France et l’étranger en général ». Et de nous donner le cas d’une entreprise française en Tunisie, qu’il ne nommera pas, dont le stock de 750 ingénieurs diminue chaque année de 20 % qui s’en vont à l’étranger. Et même si, comme le fait aussi remarquer, le vivier de compétences tunisiennes lui permet chaque année d’y remédier, ce n’en est pas moins une perte, et pour l’entreprise, et pour le pays.

Une solution, pour endiguer cette fuite des compétences, aurait été discutée par les entreprises françaises en Tunisie, et consisterait à les payer, au moins en partie, en devises ; ce à quoi le gouvernement resterait jusqu’ici réticent.

  • L’instabilité fiscale, frein à l’investissement

Evoquant ensuite avec Africanmanager les attentes des investisseurs, notamment français, le président de la Chambre pointe directement et en premier lieu, « les réformes, comme la digitalisation des procédures administratives, quitter définitivement le mode papier et les timbres et autres taxes qui vont avec. On nous dit qu’il y a une centaine de réformes. Encore faut-il les mettre en application. Mais aussi le Code de Change qui doit changer, et sans verser dans la lamentation, toute la loi de finances où il y n’a presque rien qui encouragerait l’investissement. Et encore, le gros problème de l’instabilité fiscale ».

Manifestement adepte de Stephen Hawking qui disait que, « l’intelligence, c’est la capacité de s’adapter au changement », Khélil Chaibi reste optimiste et indique que « nous restons tout de même confiants que tout cela changera et nous nous sommes déterminés à aller de l’avant, dans un pays à l’énorme potentiel. Les investisseurs, tunisiens et étrangers y compris les Français, n’attendent plus que la stabilité politique et économique, dans un pays où le TD de la BCT hausse le coût du crédit pour l’investisseur ».

  • Qui de l’investisseur qu’il est lui-même

Et lorsqu’on lui demande si lui en tant qu’investisseur du groupe familial (Utic) s’est engagé dans autre chose que la représentation industrielle et commerciale, il répond que « nous sommes aussi dans le tourisme, et dans l’industrie de l’emballage. Certes pas dans de nouveaux projets, mais dans des extensions, car nous ne préférons pas nous endettemer pour investir, et on préfère contrôler notre endettement que de partir dans de nouvelles aventures, même si l’année 2022 a été bonne pour le groupe ».

Il est vrai, comme ne manque d’ailleurs pas de le noter le nouveau président de cette Chambre mixte tuniso-française, que la crise économique et financière que vit la Tunisie à cause de l’Ukraine n’encourage pas à l’investissement, ce dernier étant toujours lié à l’importation, dans un pays qui regarde ses réserves en devises comme on surveillerait un café sur le feu, que le TD hausse, le Dinar s’essouffle, le crédit flambe et la fiscalité explose. Sans compter le commerce parallèle et le laxisme ambiant. « Comment investir dans l’industrie, dans un pays où presque tout entre en Tunisie, sans protection, ou presque, pour la production locale », se demande à juste titre le président de la CTFCI, qui parlait là du cas des investisseurs locaux, les totalement exportateurs le font en offshore ?

Et l’entrepreneur, dans un groupe qui pèse plus de 1,8 Milliard DT en chiffre d’affaires (sous l’effet aussi de l’inflation, car les gens achètent les mêmes quantités, nous fait-il remarquer), de s’insurger contre la diabolisation du monde des affaires, où on met dans le même panier de la cabale, marché parallèle et véritables capitaines d’industrie des années 60 et 70. « Qu’on ne les nomme, et qu’on nous dise ce qu’on doit en faire. Les détruire, avec toute la richesse qu’ils ont créée pour le pays ? », s’offusque-t-il à juste titre !

En attendant, l’entrepreneur se dit préoccupé, « ma hantise » dit-il, par la baisse du pouvoir d’achat, dont ses employés et affirme que lorsque l’entreprise va bien, comme la sienne, de nous occuper beaucoup plus du social, d’être beaucoup plus proche de ses « collaborateurs », comme il les appelle instinctivement, de les écouter et de les accompagner avec plus d’actions sociales.

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