AccueilLa UNELa Tunisie «a eu raison de rejeter l’accord du FMI»

La Tunisie «a eu raison de rejeter l’accord du FMI»

Note discordante, peut-être, vérité mal reconnue, on verra ! Dans le concert des appels à la Tunisie lui enjoignant d’accepter l’accord de prêt proposé par le Fonds monétaire international et les conditions y afférentes, il s’est trouvé une voix qui salue la fin de non recevoir opposée par le président de la République, Kais Saied, à ce crédit, qualifiant cette décision d’« audacieuse »

C’est celle de la  directrice associée du programme Afrique du Nord au sein du Centre Rafik Hariri et des programmes Moyen-Orient de l’Atlantic Council, Alissa Pavia, qui affirme à Foreign Policy que « ce  plan de sauvetage n’apportera pas de garanties à long terme à l’économie tunisienne et exacerbera les inégalités ». La Tunisie dispose d’autres outils pour éviter un effondrement total de son économie, et emprunter davantage d’argent au FMI n’augure rien de bon pour l’avenir du pays, assure-t-elle.

Prenant à rebrousse-poil les pays occidentaux, en particulier ceux qui bordent la Méditerranée – comme l’Italie qui craignent qu’un afflux massif de migrants n’atteigne leurs côtes et ne plonge l’Union européenne dans le désarroi, elle rappelle que ce refus a également alarmé les créanciers internationaux, qui prédisent que le pays fera défaut d’ici août 2023.

Alors que la situation économique et financière de la Tunisie se détériore de jour en jour, beaucoup pensent qu’un prêt du FMI est le seul moyen de sauver le pays d’un effondrement total. Un défaut de paiement entraînerait des conséquences catastrophiques, telles que l’incapacité de payer les salaires  du secteur public, de maintenir les écoles ouvertes et de garantir la continuité du fonctionnement des hôpitaux.

Il existe pourtant de sérieuses raisons de douter qu’un prêt accordé par l’institution financière mondiale puisse aider les Tunisiens à long terme, affirme l’analyste du Centre Rafik Hariri.

Le prêt du FMI à la Tunisie est assorti de sévères conditions. Entre autres mesures, le FMI demande au gouvernement tunisien de supprimer les subventions aux biens de consommation – carburant et nourriture – qui sont en place depuis plusieurs décennies pour offrir à la population locale un accès abordable aux biens essentiels. Selon le FMI, la suppression de ces subventions améliorera immédiatement l’économie générale de la Tunisie en augmentant sa croissance et en promouvant une plus grande équité.

Des précédents fâcheux

Cependant, note Alissa Pavia les tentatives passées du gouvernement tunisien d’éliminer les subventions ont accru les tensions dans le pays, entraînant de nombreuses protestations contre la hausse soudaine des prix des produits essentiels. En 1978, puis à nouveau en 1983, suite aux recommandations de la Banque mondiale d’abord et aux demandes sévères du FMI ensuite, le gouvernement tunisien a réduit ou supprimé les subventions sur les produits de base. Des hausses de prix de 100 pour cent sur des produits tels que le pain et la semoule et des appels à la grève lancés par le puissant syndicat général tunisien du travail ont conduit des milliers de personnes à protester.

Dans les deux cas, le gouvernement a envoyé l’armée pour réprimer à la fois les manifestants pacifiques et les émeutiers violents afin de freiner les troubles, tuant des centaines de personnes et en blessant de nombreux autres. Les conséquences des manifestations sur l’économie tunisienne ont été désastreuses : le dirigeant du pays, Habib Bourguiba, a annoncé l’état d’urgence, et les magasins ainsi que les cafés sont restés fermés pendant des mois tandis que les services de transports publics du pays ont été affectés par de sérieux retards.

La suppression des subventions sur les produits de base accroîtra également les inégalités et élargira l’écart entre les régions côtières et intérieures de la Tunisie, nuisant ainsi à la croissance économique du pays. Ces régions sont soumises à de graves disparités économiques, les zones côtières de la Tunisie bénéficiant de meilleures perspectives de croissance économique et d’emploi compte tenu du volume élevé d’industries et d’entreprises qui y sont implantées. Tunis, Sfax et Sousse, les trois villes les plus peuplées du pays, détiennent une part disproportionnée de sa richesse, avec 85 pour cent de l’activité économique tunisienne concentrée sur la côte.

Un effet « particulièrement négatif »

La suppression des subventions sur les biens essentiels aura un effet particulièrement négatif sur l’intérieur de la Tunisie, qui dépend fortement de l’agriculture et de l’exploitation agricole. Les prix des biens essentiels augmenteront et les agriculteurs auront plus de mal à vendre leurs produits à un prix rentable, ce qui diminuera la production agricole, exacerbera la pauvreté et l’insécurité alimentaire et entravera la croissance économique.

Alors que le FMI affirme que la réduction des subventions alimentaires apportera des avantages à long terme à l’économie du pays en rééquilibrant le budget et en stimulant ainsi l’activité économique, des études récentes, dont une portant sur l’impact passé des politiques du FMI en Tunisie, en Jordanie et au Maroc, suggèrent que la suppression des subventions entraînera une plus grande pauvreté parmi les ménages à revenus moyens et faibles, et que le système de subventions tunisien est progressif et équitable. Ainsi, dans le cas de la Tunisie, la suppression des subventions sur les biens essentiels entraînera une diminution du pouvoir d’achat des pauvres et de la classe moyenne.

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1 COMMENTAIRE

  1. le centre Rafik Hariri doit s’occuper de son propre pays le Liban qui passe la pire crise financière de son histoire avec une inflation galopante la monnaie locale ne vaut plus rien les citoyens font leurs dépenses en dollars lorsqu’ils le trouvent même l’État récupère ses impôts et taxes en dollars et les banques traversent des difficultés de trésorerie et un taux de chômage le plus élevé de son histoire alors qu’il était dans les années 60 soixante et soixante dix un pays prospère qu’on l’a renommé la Suisse du moyen orient par contre notre pays traverse la pire crise économique sociale financière et sociale de son histoire par la gestion catastrophique du pays par les islamistes et leurs différents alliés pendant dix ans ans et que le pouvoir actuel depuis plus de deux ans n’arrive pas à redresser la situation . n’

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