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Le secteur de la construction sur le point de renouer avec la croissance

Bien que l’activité ait été modérée au cours des dernières années, le secteur de la construction en Tunisie est sur le point de renouer avec la croissance, Timetric prévoyant une croissance de 1,54 % en termes réels au cours de la période 2016-20. Avec plusieurs appels d’offres en cours dans le cadre de la stratégie Tunisia 2020, les grandes entreprises de construction tunisiennes devraient avoir l’occasion de reprendre leur essor après des années de croissance stagnante, assure Oxford Business Group.

Dans une récente analyse, OBG détaille que le secteur , qui est composé de 3300 entreprises de construction, dont la grande majorité sont des PME, avec environ 550 entreprises ayant un chiffre d’affaires annuel de 10 millions d’euros ou plus, n’inclut qu’un nombre limité d’entreprises de construction étrangères, moins de 5%, ce qui reflète en partie la taille limitée des appels d’offres.

Il reste qu’entre 2011 et 2015, la valeur de la production du secteur de la construction a augmenté à un taux de croissance annuel composé de 0,3 %, en raison des faibles niveaux d’investissement public dans les infrastructures et de l’activité modérée du marché immobilier privé, selon le cabinet de conseil Timetric, basé à Londres. Comme c’est le cas ailleurs au Maghreb, les deux tiers du secteur de la construction dépendent des achats publics qui, ces dernières années, ont été de plus en plus tributaires du financement des donateurs. En effet, entre 2010 et 2015, la part des investissements publics dans le budget de l’État est passée de 24 % à 14 %. Selon Chokri Driss, président de la FNEBTP, cela a conduit à une forte baisse de l’activité des travaux publics, jusqu’à 40 % dans les trois années qui ont suivi la révolution. Toutefois, cette situation est susceptible de changer à court terme. À la mi-2016, les autorités ont annoncé le lancement de la stratégie Tunisie 2020, un programme de développement quinquennal visant à accroître la compétitivité et à réduire les disparités régionales. Cette stratégie présente 50 projets d’investissement différents dans les secteurs du transport, de l’énergie, de l’agriculture, de l’industrie, du logement, de l’éducation et des soins de santé, et devrait entraîner un nouvel essor de l’activité de construction.

Pénurie de main d’œuvre qualifiée

Le secteur de la construction en Tunisie emploie un peu moins de 500 000 personnes, soit l’équivalent de 13,5 % de la main-d’œuvre. Cependant, il a été confronté à une pénurie persistante de main-d’œuvre qualifiée et non qualifiée au cours de la dernière décennie, ce qui – avec des négociations collectives difficiles – a fait augmenter les salaires de 30 % pour les professions qualifiées chaque année. On estime que le système de formation professionnelle tunisien prépare entre 5 000 et 8 000 apprentis par an, alors que les besoins en main-d’œuvre s’élèvent en moyenne à 25 000 travailleurs.

D’autre part, les autorités tunisiennes accordent environ 45 000 permis de construire par an. Le processus de demande nécessite 17 procédures administratives distinctes, d’une durée moyenne de 93 jours, et dont les coûts représentent 2,5 % de la valeur d’un projet immobilier. Dans le cadre de la stratégie gouvernementale visant à améliorer le climat des affaires en Tunisie, il est procédé à la révision du processus de demande de permis de construire afin de réduire le nombre de procédures à 12 et d’accélérer les délais de traitement à 60 jours. La Tunisie s’est classée 59e sur 190 pays dans la catégorie traitement des permis de construire du rapport « Doing Business 2017 » de la Banque mondiale, devant l’Algérie voisine (77e), mais derrière le Maroc (18e).

Réformes des marchés publics

De même, à l’effet d’améliorer le processus de passation des marchés publics, une nouvelle législation a été adoptée en mars 2014, dans le cadre d’un ensemble plus large de mesures visant à améliorer la gouvernance et la transparence. Parmi les changements introduits figurent l’obligation de publier tous les avis d’appel d’offres en ligne, l’élimination des clauses relatives aux taux minimaux de contenu local et la séparation des fonctions de réglementation, d’audit, de contrôle et de conseil. La nouvelle loi encourage également une participation accrue du secteur privé à l’élaboration des politiques et procédures d’achat public.

Malgré la nouvelle législation, le président de la FNEBTP estime que les procédures d’appel d’offres pourraient être encore améliorées par l’introduction de mesures de qualité plus contraignantes. « Jusqu’à présent, la grande majorité des appels d’offres ont été attribués aux entreprises proposant les offres les moins disantes. Cependant, nous avons constaté qu’un nombre important d’études préliminaires ou techniques réalisées sur le terrain n’étaient pas conformes aux normes, ce qui a entraîné une baisse des normes de qualité, les autorités ayant dû lancer des appels d’offres pour la réhabilitation d’infrastructures dans des délais plus courts que ceux habituellement applicables », a expliqué Chokri Driss.

S’agissant des matériaux de construction, le secteur abrite un vaste segment allant du clinker à la maçonnerie, en passant par le plâtre et la céramique. Environ 700 entreprises opèrent dans le secteur des matériaux de construction, employant quelque 30 000 personnes.
Dans un contexte connexe, un certain nombre de projets permettront de développer le logement social. Le pays étant actuellement confronté à un déficit de logements, en particulier dans les segments à faibles revenus, le gouvernement a annoncé son intention de construire 50 000 nouveaux logements sociaux d’ici 2020, à raison de 10 000 unités par an (voir le chapitre sur l’immobilier). L’Agence pour le logement immobilier a été chargée de lancer des appels d’offres pour les projets et de fournir des lotissements prêts à l’emploi afin d’encourager les constructeurs privés.

La volonté du gouvernement d’encourager l’augmentation de la construction résidentielle contribuera à compenser le ralentissement de la promotion immobilière privée. Ces dernières années, la production de logements sous licence par des promoteurs privés s’est élevée en moyenne à 8 000 unités de logement par an, contre 14 000 unités en 2010, les promoteurs étant confrontés à la pénurie de terrains, à l’augmentation des coûts de construction et à la lourdeur des procédures administratives. En raison de l’augmentation des frais généraux et dans le but de maintenir leurs marges, les promoteurs immobiliers ont orienté 70 % de leur production de logements vers les segments moyen et supérieur, alors que la demande est la plus forte parmi les groupes à faibles revenus. L’inadéquation entre l’offre et la demande qui en résulte a conduit à un stock croissant de logements invendus, ainsi qu’à une augmentation de la construction informelle, qui représente actuellement un tiers de l’activité totale du secteur.

Les entrepreneurs lorgnent les marchés subsahariens

Les entreprises tunisiennes se sont de plus en plus tournées vers les segments des travaux publics sur les marchés subsahariens francophones, tels que la Côte d’Ivoire et le Burkina Faso, note OBG. « Elles sont généralement moins chères que leurs homologues européennes et les partenariats impliquent des transferts de savoir-faire et de capacités.

Cette offensive sur les marchés à plus forte croissance intervient alors que les entrepreneurs cherchent à compenser le ralentissement des activités internationales dû aux troubles en Libye. Avant la révolution libyenne de 2011, 30 entreprises de construction tunisiennes réalisaient un chiffre d’affaires annuel de 2,5 milliards de dinars (1,07 milliard d’euros), mais les contrats se sont taris depuis. Pourtant, le marché libyen offre des opportunités potentielles. Radhi Meddeb, PDG de Comete Engineering, a déclaré à OBG : « Alors que la Libye se stabilise, les entreprises tunisiennes – en particulier celles du secteur de la construction – doivent commencer à planifier la manière dont elles participeront à la reconstruction de ce pays voisin. » Malgré un grand nombre de projets d’infrastructure et de logement, l’Algérie voisine s’est également révélée difficile pour les entrepreneurs tunisiens.

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