Pronostic quasi unanime : les experts en sécurité prévoient que les terroristes frapperont encore en Tunisie durant le mois de Ramadan , comme ce fut le cas il y a une semaine à l’hôtel Imperial Marhaba de Sousse, un carnage qui a fait 38 tués et plus d’une quarantaine de blessés. Cette « dure frappe » terroriste avait été prévue par Badra Gaaloul, la présidente du Centre International des Etudes Stratégiques, dans une déclaration faite à la veille du mois saint à Africanmanager. Aujourd’hui, « la situation sécuritaire est encore délicate », constate-telle. Elle en veut pour preuve la poursuite de l’enrôlement des jeunes tunisiens en Syrie en Irak, l’existence de cellules dormantes assez actives dans plusieurs régions tunisiennes et l’infiltration de l’institution sécuritaire. Surtout, le pays est entré dans une guerre contre le terrorisme sans disposer de « stratégies bien précises, ni avoir l’expérience nécessaire pour y faire face », précise-t-elle.
Autant dire que le pays aurait fort à faire pour venir à bout du terrorisme , et l’échéance la plus proche Voire la plus imminente, selon , Badra Gaaloul, est le 17ème jour de Ramadan, une date qui ne doit pas passer inaperçue, car elle coïnciderait, d’après elle, avec d’autres attaques terroristes « dures » qui cibleraient encore une fois les zones et les sites touristiques. Elle prévoit même l’exécution de 3 ou 4 attaques dans le même jour, touchant plusieurs zones à la fois, n’écartant pas la possibilité que les terroristes s’en prennent au secteur industriel, aux usines notamment celles étrangères, expliquant que les groupes terroristes sont en train de préparer l’assise nécessaire pour entrer dans le pays. « Ces groupes sont en train de jouer sur l’idéologie et préparer un climat favorable pour atteindre leur objectif, celui de l’invasion de la Tunisie », a dit Badra Gaaloul notant que ces groupes suivent une stratégie bien détermine et ne veulent jamais brûler les étapes. Cette stratégie se focalise sur l’effondrement de l’économie avant de porter atteinte à toutes les composantes de la société. « C’est une étape purement économique ciblant tous les secteurs stratégiques de l’économie », a encore expliqué Badra Gaaloul mettant l’accent sur le message émis par ces groupes: « On est la à l’intérieur du pays et on est capable d’exécuter d’autres opérations malgré vos pressions et votre contrôle ».
Daech avance en Libye avec des effets sur le Sud tunisien !
« Dans les prochains jours, il y aura une avancée de l’Etat Islamique « Daech » en Libye ainsi qu’une guerre au niveau des points de passage frontaliers », prévoit la présidente du Centre International des Etudes Stratégiques, qualifiant cette guerre de « dure et féroce ».
« Cette progression aura certainement des effets sur le Sud tunisien dont les habitants souffrent encore de la marginalisation et dont une majorité cultive une idéologie relevant de l’Etat islamique », a-t-elle encore souligné dans une déclaration à Africanmanager.
« L’idéologie et les vues de Deach sont une référence majeure dans cette zone d’autant plus ces groupes extrémistes sont en train de se dépenser en promesses sous le prétexte de l’instauration de la législation islamique et de la justice dans cette région », a dit Gaaloul avant d’assurer que plusieurs groupes appartenant au Sud tunisien coopèrent actuellement avec des chefs de Daech.
Autre facteur, la campagne « Winou El Pétrole » qui a envahi les réseaux sociaux et alimenté la polémique et n’est qu’une introduction pour l’invasion du Sud par l’Etat Islamique. C’est probable surtout pour des habitants qui souffrent encore et sont conscients que le gouvernement ne pourrait rien faire pour eux et donc, la sortie de crise serait également entre les mains des dirigeants de l’Etat Islamique, a souligné Badra Gaaloul.
Pour l’heure et à travers l’attentat de Sousse, les terroristes entendent adresser un message fort non seulement aux autorités en place, mais aussi à tous les citoyens et tous les étrangers, a cru comprendre Badra Gaaloul qui y voit « le début de l’initiative individuelle des cellules dormantes qui essaiment dans toutes les régions de la Tunisie ».
Les terroristes veulent aussi apporter la démonstration qu’ils sont encore actifs et peuvent mener des opérations à tout moment, et c’est grave, a-t-elle dit. « A chaque fois, le ministère de l’intérieur sort au public pour parler de ses réalisations et rassurer les citoyens en soulignant que tout est sous contrôle, on est face à une opération coûteuse et très dure ».
Cette étape nécessite, selon Badra Gaaloul, une révision globale de stratégies adoptées pour pouvoir mettre fin à ce phénomène dangereux qui a réussi à prendre de l’ampleur dans les zones surtout « défavorisées et encore en mal de développement ».
L.M.
