AccueilLa UNELe terrorisme renaît de ses cendres… protéiforme et urbain

Le terrorisme renaît de ses cendres… protéiforme et urbain

Le terrorisme a refait, ce lundi 29 octobre, une apparition dramatiquement retentissante, autrement et autre part. Une femme de 30 ans s’est fait exploser à la principale avenue de la capitale Tunis, après avoir actionné -dans l’urgence et maladroitement- une ceinture explosive de fabrication artisanale, d’autres disent une bombe artisanale, faisant 15 blessés, 10 policiers en faction devant le théâtre municipal, et 5 civils, dont l’état n’est pas particulièrement inquiétant, et provoquant un mouvement de grande panique parmi les nombreux passants.

C’est la première fois qu’un acte de terrorisme urbain de cette nature est commis, même si la kamikaze visait spécifiquement une patrouille de la police déployée sur place qui, heureusement, s’est aperçue, presque à temps de son projet, évitant des pertes beaucoup plus dévastatrices, voire une hécatombe comme c’est habituellement le cas dans de pareilles conditions. C’est le signe patent de l’état de vigilance qui est celui des forces de sécurité, et pas uniquement sans doute dans le centre-ville de la capitale, renforcées et recomposées depuis les attentats terroristes de 2015, surtout en abandonnant l’approche réactive pour s’investir dans une stratégie polyvalente répondant à la grande variété de menaces et de risques que pose le terrorisme partout où ses actes pourraient être perpétrés.

Un acte isolé ? Que nenni !

Celui commis ce lundi n’échappe pas à cette configuration et il est inconcevable qu’il puisse s’agir d’un acte isolé. Les ingrédients d’une opération terroriste mûrement fomentée sont là pour signifier qu’elle est le fait d’un groupe en service commandé impliquant la fabrication des engins explosifs, indiscutablement, des préposés à la logistique et surtout un cerveau qui a décidé du timing et du lieu de l’attentat, sans parler du climat politique et social qui règne dans le pays, ni oublier l’éparpillement des énergies de forces de sécurité et leur mobilisation à des fins autres que celles de la lutte contre le terrorisme, tels que les incidents dans les stades et tout récemment ceux de Sidi Hassine. Un acte dont l’exécution a été confiée à une femme trentenaire, ayant poursuivi des études universitaires d’anglais, célibataire, guère connue des services de police… bref tout ce qu’il fallait pour passer inaperçue et ne pas éveiller les soupçons.

Ce qui a vocation à être inquiétant, c’est que les terroristes sont en train de changer en quelque sorte leur fusil d’épaule. Leurs activités sur les hauteurs, notamment à Chaambi, à Sammama et ailleurs n’ayant pas abouti aux résultats escomptés, pour cause d’absence d’assise populaire jumelée à l’alerte permanente des forces de sécurité et de l’Armée, le terrorisme urbain prend rang d’option nouvelle dont l’impact est beaucoup plus ravageur. En choisissant l’avenue Habib Bourguiba avec sa très forte symbolique, ils pensaient sans conteste semer la panique chez les Tunisiens pour leur montrer qu’ils ne sont pas bien protégés, et , au demeurant, envoyer à l’appareil sécuritaire le message qu’il n’est pas à l’abri et qu’il est toujours à leur portée.

Un terrorisme de plus en plus protéiforme

Il est vrai que le terrorisme est d’essence imprévisible, dans la mesure où il frappe là on l’attendait le moins , comme l’attestent les très nombreuses opérations qu’il lance partout           dans le monde dans des pays réputés bien pourvus en termes de techniques sécuritaires , d’effectifs, de savoir-faire et de dogme sécuritaire. La vigilance est une donnée essentielle mais pèche ici et là par quelques accès de relâchement, une brèche dans laquelle les terroristes ont le « génie » et cultivent l’opportunité de vite s’engouffrer. Et comme on l’a vu ce lundi, la Tunisie ne peut pas en être indemne, minée en plus par des convulsions politiques qui offrent l’aubaine rêvée pour des terroristes «  en difficulté » là où ils ont l’habitude de sévir, en se signalant par de furtives incursions et en faisant exploser de temps à autres des mines. Mais comme l’avait si bien prévu le martyr Chokri Belaid, « les terroristes auront recours à la violence chaque fois que leur étranglement se resserre encore plus, et à mesure que s’accentue leur isolement et se rétrécit leur popularité ». Des propos prémonitoires qui ont ceci de funeste de s’avérer en triste réalité.

La crise politique aussi, peut-être surtout !

Il ne faut pas se voiler la face. Si le terrorisme négocie une résurgence comme celle dont il s’est signalé à l’avenue Habib Bourguiba, c’est que la crise politique endémique dans laquelle se débat le pays lui offre sur un plateau d’argent l’occasion de le faire. Le président de la République, s’exprimant à partir de Berlin où il participe à une conférence internationale, a asséné que le climat politique est «  malsain », estimant que les politiques et les responsables des partis sont « préoccupés par la course au pouvoir ». D’après lui,  » ces querelles ne doivent pas détourner notre attention des vrais défis auxquels nous sommes confrontés. C’est ce genre d’épreuves qui devrait susciter l’intérêt des politiques et des dirigeants des partis « , a-t-il souligné. A-t-il tout dit ? Sans doute pas , car les jours à venir devront immanquablement livrer d’autres éléments qui permettront d’avoir une idée complète, en tout cas, assez articulée pour éclairer d’un jour nouveau les tenants et aboutissants de cette opération et établir ce qui s’est réellement passé et les ressorts qui s’y attachent.

En attendant, chacun chez les politiciens y va de son analyse. Retenons pour l’heure celle-ci que l’on doit à Nizar Ayed, avocat affilié à Nidaâ Tounès : « cette opération est le résultat de la campagne ameutant l’opinion publique contre les forces de sécurité, orchestrée par la presse populiste et la sale élite opportuniste », ajoutant que « l’actuelle vague obséquieuse à l’endroit des sécuritaires n’exonère pas de la responsabilité de complicité dans le crime par incitation ». Une sortie où l’impertinence le dispute à l’inconséquence. C’est le moins que l’on puisse en dire !

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