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Les banques publiques aux prises avec les créances irrécouvrables

Il est de pleine évidence que les énormes difficultés financières qui secouent l’Etat  tunisien  ont progressivement fait de déteindre  sur la situation du secteur bancaire, public et privé confondus , dont le talon d’Achille le plus sérieux tient au taux de  créances classées,  estimé à 13,1 %, à la fin de l’année 2021, par rapport au total des créances, alors que le taux des créances irrécouvrables (classe 4) est de l’ordre de 11,5% du total des créances, selon un rapport du contrôle de la Banque centrale de Tunis (BCT).

La grande part des créances irrécouvrables revient aux banques publiques, dont le taux atteint 15,6% contre 8,4% pour les banques privées, ce qui influence la capacité du secteur à contrecarrer les crises bancaires et financières lors de sa survenance.

Selon le dernier rapport du contrôle bancaire de la BCT au titre de l’année 2021, le secteur bancaire est composé de 23 banques, dont 6 banques publiques qui accaparent 36,6% des actifs du secteur, 40,3% de l’encours de ses crédits accordés aux clients, et de 29,89% du total des dépôts des clients

Dans cet ordre d’idées, les états financiers des banques publiques publiés au site du Conseil du marché financier (CMF), cités par TAP montrent que la part de ces banques dans le total des créances classées du secteur égale à 46,5% , alors que le taux de sa couverture par les provisions ne dépasse pas en moyenne est de 69,2% , d’après le dernier rapport du ministère des Finances sur les établissements publics , sachant que le taux de couverture des créances classées par les provisions pour les banques privées a augmenté à 72,5%

A cet effet, la situation des banques publiques accentue les risques liés à sa solvabilité financière, ce qui influence la solvabilité financière du secteur bancaire tunisien en général. De plus, l’exposition accrue du secteur bancaire tunisien aux crises bancaires, renforce la faiblesse des fonds propres par rapport au volume des résultats.

Ainsi, les fonds propres (capital et réserves) sont estimés, à la fin de l’année 2021, à seulement 11158 MD , contre des résultats de 1151,9 MD, dont seulement 413,3 MD réalisés par des banques de l’Etat.

Faibles indicateurs de liquidité

Le secteur bancaire public, selon les rapport de révision des comptes publiés sur le site du CMF, souffre de la faiblesse des indicateurs de liquidité (crédits et dépôts) .

Ainsi, la moyenne générale de la liquidité pour les banques de l’Etat ne dépasse pas 81,9 % fin 2021, alors que le même indicateur pour les banques privées est estimé à 108,7 % au cours de la fin de la même année, par rapport à un taux minimum de 100%

Les banques tunisiennes ont introduit le système de protection des dépôts en mars 2022, et ce pour la première fois depuis la création du Fonds de garantie des dépôts bancaires, suite à l’annonce officielle de la faillite de la Banque franco-tunisienne (BFT) et la liquidation des actifs.

Ce fonds est un mécanisme pour protéger les fonds des clients. Ainsi, la loi des banques et établissements bancaires oblige toutes les banques autorisées à adhérer au Fonds de payer 0,3% du volume des dépôts de l’année écoulée

Et en vertu de la loi des banques, les déposants bénéficient du service de la garantie des dépôts, que les banques paient sous forme des contributions annuelles. Bien que la situation de faillite des banques est peu enregistrée sur la scène financière tunisienne, mais l’annonce de la liquidation de la BFT l’année dernière a suscité des craintes auprès des déposants quant à l’issue de leurs fonds, ce qui a mené le Fonds de garantie des dépôts bancaires à annoncer le lancement de l’indemnisation des déposants, après 20 jours de la faillite de la banque.

Quel effet sur les fonds des déposants ?

Plusieurs rapports des agences de notation ont indiqué que le secteur bancaire tunisien connaît généralement une faiblesse dans les normes d’adéquation des fonds propres déterminés par les comités internationaux de surveillance des banques tels que le Comité de Bâle , ce qui lui provoquera à des risques élevés, d’autant plus que les prêts accordés à l’Etat ont érodé 110% des fonds propres du secteur bancaire mettant, ainsi, en péril les fonds des déposants.

L’Agence de notation américaine Moody’s a annoncé, début février 2023, l’abaissement à Caa2, des notes des dépôts bancaires à long terme de quatre banques tunisiennes avec perspective négative. Il s’agit de l’Amen Bank, la Banque de Tunisie (BT), la Banque Internationale Arabe de Tunisie (BIAT) et la Société Tunisienne de Banque (STB).

Et de préciser que les banques tunisiennes ont été exposées aux risques de refinancement à court terme par la BCT et que la valeur du refinancement a considérablement augmenté pour atteindre 14 milliards de dinars en janvier 2023, contre 8 milliards de dinars, en décembre 2022.

Mood’ys a estimé que les banques tunisiennes enregistreront des difficultés pour répondre aux besoins de financement si les dépôts des clients ne sont pas développés.

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