Huit ans après le «Printemps arabe», Tunisiens et Égyptiens sont profondément mécontents de la situation dans leurs pays respectifs, selon un sondage réalisé par l’institut basé aux Etats-Unis, Zogby Research Services (ZRS). Seulement un Tunisien sur cinq trouve que son pays évolue dans « la bonne direction», alors que 69% ont déclaré que la Tunisie est sur le «mauvais chemin ».
C’est là l’une des conclusions d’une enquête complète conduite dans huit pays arabes, ainsi qu’en Turquie et en Iran pour le compte du forum annuel Sir Bani Yas, aux Émirats arabes unis. Lorsqu’on leur a demandé s’ils se sentent mieux ou moins bien qu’ils ne l’étaient il y a cinq ans, seuls 21% des Tunisiens ont déclaré «être mieux», tandis que 59% des Tunisiens ont affirmé que leur situation est pire. Il est important de noter que dans un sondage réalisé par ZRS il y a cinq ans, 94% des Tunisiens avaient déclaré qu’ils «espéré que leur pays était sur la bonne voie après la révolution et la chute du régime alors en place.
La chute abrupte du nombre de personnes qui sentent aller dans la bonne direction (20% en Tunisie et 19% en Egypte) doit être considérée comme inquiétante, souligne ZRS qui rappelle avoir constaté dans de précédents sondages, qu’il existait une forte corrélation entre ceux qui disent «direction fausse» et ceux qui manifestent de la sympathie pour les mouvements extrémistes.
Manque de confiance envers les institutions
Ce manque d’optimisme et de satisfaction des Tunisiens exprime également dans le manque de confiance qu’ils ont exprimé envers leurs institutions fondamentales. Par exemple, dans le sondage de cette année, il leur a été demandé quel était leur degré de confiance dans leurs forces armées, leur police, leur appareil judiciaire, leurs institutions religieuses, leurs médias et leur parlement.
Les niveaux de confiance des Tunisiens étaient extrêmement bas dans chacune des institutions examinées. Seuls 33% avaient confiance dans leurs forces armées, 26% dans la police, 41% dans le système judiciaire, 15% dans leur institutions religieuses, 10% dans les médias et seulement 25% dans le parlement.
Les problèmes auxquels sont confrontés la Tunisie et l’Egypte sont considérables, relève l’institut de sondage qui a demandé aux répondants de classer les problèmes les plus importants pour eux, malgré des différences par ordre d’importance. Les préoccupations prioritaires des Tunisiens et des Égyptiens sont les suivantes: développer les opportunités d’emploi (priorité absolue en Tunisie), mettre fin à la corruption et le népotisme (principale priorité en Égypte), l’amélioration du système éducatif et la réforme politique et gouvernementale. Se dégage de tout cela la nécessité de créer des emplois et de réformer la gouvernance afin de renforcer la confiance et les chances des citoyens sont les défis auxquels font face les dirigeants tunisiens et égyptiens.
Les islamistes ont échoué
Huit ans après les bouleversements qui ont secoué les deux pays, marquant le début du «Printemps arabe», les deux sociétés luttent pour répondre aux attentes créées et aux besoins non satisfaits de leurs citoyens. Leurs expériences avec des gouvernements élus des Frères Musulmans ont échoué. En Tunisie, les répondants ont dit que c’était l’inefficacité des islamistes alors qu’en Égypte, la véritable préoccupation tient aux excès agressifs des Frères musulmans. Les gouvernements qui ont remplacé les Frères musulmans ont d’abord rétabli l’espoir, mais la scène politique chaotique et fracturée en Tunisie et l’approche brutale adoptée par l’armée égyptienne ont sapé la confiance de leurs citoyens respectifs.
Là où il y avait une espérance débridée, il y a maintenant une perte de confiance et d’optimisme. Les sondages de cette année démontrent l’ampleur de cette frustration. Les résultats de cette enquête menée auprès de 1 036 Egyptiens et 841 Tunisiens laissent présager de réels problèmes qui existent et qui ne doivent pas être ignorés, avertit Zogby Research Services.
