AccueilLa UNELes voies de financement se rétrécissent devant les entreprises tunisiennes

Les voies de financement se rétrécissent devant les entreprises tunisiennes

La réanimation éventuelle du marché financier en Tunisie, en 2023, grâce à la cession des participations détenues par l’Etat via la Bourse des valeurs mobilières de Tunis dans le cadre de la restructuration des entreprises et établissements publics, ne résoudra pas les difficultés de financement auxquelles ne cessent de faire face les entreprises économiques du secteur privé tunisien, estiment des experts.

L’opération profiterait uniquement au cercle très restreints des sociétés cotées en Bourse, en majorité les banques de la place, les sociétés d’assurance et de leasing, outre quelques « grosses » entreprises industrielles et technologiques.

La raison en est connue de tout le monde. Les entreprises économiques privées tunisiennes sont à hauteur de 90% des PME familiales, réticentes à l’ouverture en direction de la Bourse de sorte que plusieurs décades après sa création, la BVMT ne compte encore qu’une centaine de sociétés entre marché principal et marché alternatif ou second.

La directrice générale de la Caisse des dépôts et consignations, Néjia Gharbi, dans un récent entretien mardi 7 mars 2023 au journal La Presse, a estimé à 5% seulement la contribution de la Bourse des valeurs mobilières de Tunis au financement de l’économie tunisienne, ce qui est très peu, a-t-elle dit, concernant surtout le marché second qui est quasiment absent à l’heure où le tissu économique tunisien reste familial et refuse l’ouverture.

Cette part serait de 8 à 10%, d’après les responsables de la Bourse qui la trouvent, même à ce niveau, en deçà des attentes.

A titre de petit coup de fouet aux introductions en Bourse, la directrice de la CDC a signalé l’initiative de cette Caisse publique portant sur le lancement du programme OCA (obligations convertibles en actions) destiné à allouer aux entreprises des fonds sous forme d’OCA à long terme.

Exigences de transparence

Cependant, la distorsion ne tient pas uniquement à la dimension familiale des entreprises tunisiennes, car, plusieurs grandes sociétés ne sont pas cotées en Bourse de sorte que certains analystes avancent comme autre facteur les exigences de transparence, d’information et de performance imposées aux entreprises pour accepter leur introduction en Bourse.

C’est ce qui expliquerait,  selon ces analystes, que les PME tunisiennes écartées d’un financement bancaire hésitent encore à franchir le pas et à solliciter des financements non bancaires capables de leur fournir une assise financière bien fondée.

A cet égard, outre l’amélioration de la transparence des sociétés tunisiennes, ils insistent sur la nécessité de favoriser l’émergence de structures de groupes ayant une taille et une organisation adaptées au marché financier.

Des partenaires étrangers estiment que même les banques tunisiennes à l’état actuel sont des petits établissements et ont proposé, à cet effet, des fusions entre banques pour constituer de grands groupes bancaires.

Pourtant, les entreprises concernées par une éventuelle introduction en Bourse peuvent profiter d’un diagnostic gratuit de leur entreprise de manière à pouvoir calculer leurs chances de s’introduire dans le Marché des capitaux notamment Alternatif avec plus de confiance. Justement, le marché boursier second ou alternatif avait été essentiellement créé pour permettre aux entreprises tunisiennes de s’exercer, en quelque sorte, à la dynamique boursière en allégeant les formalités d’introduction.

La problématique est, à vrai dire, ancienne car le resserrement monétaire qui a tari, actuellement, les sources du crédit bancaire ou, mieux, en a rendu l’accès difficile, a été essayé et est essayé, sans cesse, à chaque fois que les circonstances l’exigent d’après les banquiers, notamment en période d’inflation.

En 2018 et 2019, la Banque centrale de Tunisie a procédé à trois relèvements de son taux directeur. Elle en a fait de même en 2022, de sorte que les taux d’intérêt des crédits bancaires sont devenus quasiment prohibitifs. Le TMM (taux moyen du marché monétaire) en Tunisie a grimpé, actuellement, à 8,2.

Justifiée par la lutte contre l’inflation, ces relèvements, selon les experts, ont renchéri la monnaie tunisienne, quoique sans contrepartie concrète et réelle. Selon eux, la démarche est bonne pour protéger le dinar tunisien contre des dégringolades causées par le renchérissement du dollar et de l’euro, suite aux relèvements successifs des taux directeurs en vigueur aux Etats Unis et en Union européenne. « Vous renchérissez, nous renchérissons ».

Défis à répétition

Mais, ce renchérissement contribue à resserrer, davantage, l’étau autour des opérateurs économiques tunisiens en quête de financement ou de refinancement.

De ce point de vue (protection du dinar), le gain est partagé par tous, quoique les banques soient les plus grands bénéficiaires du renchérissement de la monnaie, et encore faut-il assurer la stabilité des politiques financières et monétaires, afin de ne pas rééditer la chute brutale des actions des banques tunisiennes en septembre 2018 à cause du seuil autorisé pour l’achat des bons de trésors émis, alors, par l’Etat.  Il s’agit des bons de trésor par lesquels l’Etat emprunte sur le marché intérieur (banques et assurances notamment) et qui ont garanti d’excellents résultats pour les banques tunisiennes.

Le scénario de la vente et de l’achat de ces bons de trésor s’est répété en 2022 et en 2023, au milieu des réticences de la BCT parce que les partenaires de la Tunisie, comme le FMI, le déconseillent. Autant d’ailleurs que la privatisation ou restructuration des entreprises publiques à laquelle l’Etat va procéder, conformément à un décret adopté à cet effet.

C’est dire qu’on patauge toujours dans la même vase en attendant une sortie sécurisée de l’auberge

S.B.H.

- Publicité-

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

Réseaux Sociaux

108,654FansJ'aime
480,852SuiveursSuivre
5,135SuiveursSuivre
624AbonnésS'abonner
- Publicité -