AccueilLa UNEQuand la politique passe du banal au dramatique !

Quand la politique passe du banal au dramatique !

Paradoxalement, la situation en Tunisie, vue de l’extérieur, n’est pas aussi délétère que la décrivent ses propres citoyens et s’emploient à la vouloir ses propres acteurs politiques. Le pays a le potentiel de s’en tirer et ses institutions fonctionnement comme elles sont censées le faire.

Il est cependant vrai que huit années après la révolution du 14 janvier, la Tunisie est politiquement méconnaissable. Trois élections ont eu lieu, depuis, et les perdants ont toujours accepté la défaite sans violence et ont continué à œuvrer à l’intérieur même du système. Il y a eu un consensus, des compromis et de véritables politisations. C’est le constat posé par l’influent site « The National » dont les analyses des affaires de tout le Moyen-Orient ne passent pas inaperçues.

Convenant que le parcours de la Tunisie depuis la révolution a été « cahoteux », et émaillé de manifestations et d’effusions de sang, le site note, cependant, que sa politique est « probablement la moins dramatique de tous les pays impliqués dans les soulèvements arabes », pour estimer ensuite que « ces dernières années, la politique tunisienne est passée du banal au dramatique. Ces jours-ci, elle est un mélange des deux ». Le volet dramatique tient à l’affirmation selon laquelle le mouvement Ennahda dirigeait un service de sécurité secret et est responsable de l’assassinat de deux politiciens de gauche de premier plan il y a cinq ans, ce qui lui a valu d’être traîné en justice. Une deuxième action en justice a été également lancée, cette fois-ci intentée par le parti du président Béji Caid Essebsi, Nidaa Tounes, contre le chef du gouvernement, Youssef Chahed pour avoir planifié un «coup d’Etat». Les allégations sont particulièrement révélatrices, étant donné que ce sont Nidaa Tounes et son fondateur qui avaient proposé Chahed à ce poste.

Mais cette affirmation s’inscrit dans le contexte plus large des manœuvres politiques précédant les élections législatives et présidentielles prévues pour l’année prochaine, souligne The National qui évoque la rupture du consensus entre parti islamiste Ennahda et le parti laïciste Nidaa Tounes, et «  l’animosité entre Nidaa Tounes et Chahed, en fait, un affrontement d’ambitions entre ce dernier et Hafedh Caid Essebsi, fils du président et directeur exécutif de Nidaa Tounes ».

Des crises dramatiques mais gérables !

Ces développements sont certes dramatiques, mais pas ingérables au sein des institutions naissantes de l’État tunisien, assure The National qui relève que la réponse aux récents attentats terroristes, dont l’attentat suicide en octobre, a été calme et mesurée. Même les retombées des épisodes les plus sombres de ces dernières années, la Tunisie ayant subi trois attaques terroristes dévastatrices en l’espace de neuf mois, ont été contenues dans le système.

Ni Ennahda ni Nidaa Tounes n’ont utilisé leur divorce politique comme un prétexte pour se mobiliser les uns contre les autres. Il n’y a pas eu de rupture de la loi et de l’ordre. Ennahda, le plus grand parti au pouvoir, n’a pas non plus cherché à exploiter les fractures de Nidaa Tounes et à déstabiliser le gouvernement pour qu’il réponde à ses propres objectifs, indique le site.

Bien que le pays traverse certainement un moment difficile, il fonctionne également de manière à laisser penser qu’il pourrait être en mesure de résister à ces tempêtes politiques. C’est le résultat de choix difficiles, bons et mauvais, faits par des dirigeants nantis d’un réel pouvoir. Il n’y avait certainement aucune garantie, ni aucun présage de ce résultat lorsque la révolution avait éclaté il y a huit ans.

Des petits pas dans la bonne direction

En effet, le « Printemps arabe » a déclenché une nouvelle ère au Moyen-Orient. Pour certains des pays qui ont ensuite connu des troubles – pour la plupart en fait – cette nouvelle ère n’a pas bien commencé. Les Yéménites, les Syriens et les Libyens vivent encore certaines des années les plus difficiles de l’histoire récente.

Si l’expérience des Tunisiens donne de l’espoir à ces pays, peut-être que le destin de ces pays devrait également servir d’avertissement aux Tunisiens en période de grande difficulté, car la politique est faite de petites décisions, poussant progressivement le navire de l’État vers une destination. Que les mauvaises décisions, ou les bonnes, soient prises au mauvais moment, cela peut porter un coup fatal à tout le processus. Construire des institutions et reconstruire un pays prend un million de petites décisions et d’innombrables pas en avant.

Pour les Tunisiens, alors, huit ans plus tard, il y a sans doute un chemin semé d’embûches. Pourtant, ils ont déjà fait un million de petits pas dans la bonne direction, conclut The National.

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