2018 aura finalement été une bonne année pour le tourisme tunisien. La plupart des marchés classiques ont connu progressivement une reprise. La destination Tunisie a dépassé de peu les 8 millions de touristes qui est un chiffre honorable au regard de la situation.

Dans l’ensemble, on ne dépassera pas 2010, mais le marché français, en 2010, faisait 1,4 million. En 2018, il finit à 800 mille touristes avec une nette progression par rapport à 2017. Il était le 1er marché en 2010, il est, en 2018, le 3ème et nombre de TO s’engagent déjà sur nombre d’hôtels en Tunisie. Chez les TO d’origine tunisienne, l’objectif de ce marché est de 1 million de touristes français pour 2019. Sinon, la reprise est visible sur les marchés, allemand, belge et russe avec 600.000 aujourd’hui et qui s’installe désormais comme marché émergent demandeur sur le tourisme tunisien. C’est de tout cela qu’Africanmanager a parlé avec René Trabelsi. Mais aussi et surtout de l’année 2019. Interview :

Quelles sont les prévisions du nouveau ministre du Tourisme pour la saison 2019 ?

On vise désormais 9 millions de touristes, un objectif réalisable à notre sens, si tous les marchés continuent à progresser. Il faut pour cela qu’on travaille et qu’on s’attelle déjà à accompagner et consolider les marchés classiques et travailler sur la basse et moyenne saison allant du 1er novembre au 31 mars.

Comment se comporte déjà le Booking pour cette saison et la prochaine ?

La bonne nouvelle, c’est qu’il y a beaucoup de TO européens qui reviennent et s’engagent sur des lits dans toute la Tunisie. Deuxième bonne nouvelle, le désert tunisien est sécurisé et la carte de recommandation, pour les voyageurs français par exemple, a changé de couleur depuis décembre 2018, alors que la couleur rouge a disparu de Nefta, Tozeur et Tataouine, et reste confinée aux frontières libyennes et du côté de Kasserine et Chaambi. D’ailleurs, toutes les recommandations ont été aussi levées pour les Belges, comme pour les Allemands. Des marchés qui s’engagent déjà sur le marché tunisien et y louent déjà des hôtels pour leurs clients. Pour le prochain 1er trimestre, tous les voyants sont au vert, avec pas mal de réservations, y compris sur la Thalasso, tout comme sur l’activité des rallyes qui revient au désert tunisien, le produit golfique ou le tourisme des congrès, ce qui va augmenter le nombre des nuitées et nous aider à atteindre nos objectifs pour 2019.

Vous êtes donc optimiste !

Si j’ai accepté ce poste et que je suis là, c’est que je suis optimiste.

Est-ce qu’il y a, dans cet optimisme, un apport propre dû à la personnalité même de René Trabelsi ?

J’ai toujours été, en tant que privé, dans le tourisme et j’ai toujours été optimiste pour mon pays. A partir du 14 janvier 2011, j’avais pris la décision d’aider mon pays, la Tunisie. Je suis ainsi resté parmi les rares TO français qui ont programmé la destination Tunisie. Et dès février 2011 déjà, je mettais un avion sur Djerba avec l’aide de Tunisair et on l’avait rempli. On doit être optimiste pour un pays comme la Tunisie qui est un pays exceptionnel. Le facteur optimisme est d’ailleurs très important chez le Tunisien. Beaucoup pensent aussi que l’effet d’annonce de la nomination de René Trabelsi en tant que ministre du Tourisme a fait beaucoup de bien pour la Tunisie. Cela est visible, rien qu’en regardant ce qu’en ont dit les médias étrangers du monde entier et qui ont, à l’occasion, beaucoup parlé de la Tunisie. C’était quelque chose de courageux de la part du chef du gouvernement. Il y avait beaucoup d’audace dans cette décision et je l’en salue et cela fait que je suis condamné à réussir.

René Trabelsi reste dans le tourisme, même s’il a démissionné de ses entreprises

J’ai en effet démissionné de mes fonctions dans les deux entreprises que je possède en France. Elles existent cependant toujours et travaillent toujours, avec une vingtaine de personnes. Mais je ne cache pas que je leur avais demandé de faire mieux pour la destination Tunisie, mieux que le fondateur lui-même qu’est René Trabelsi. On avait fini 2018, avec 40.000 passagers sur la Tunisie.

Est-ce qu’on pourrait quantifier cet apport, à venir, des entreprises de René Trabelsi dans l’augmentation attendue des touristes français ?

On va certainement vers une augmentation du trafic de ces deux entreprises sur la Tunisie et on espère atteindre, sinon dépasser les 50.000 passagers sur la Tunisie. Comme le reste des TO, mes entreprises, qui avaient déjà réalisé un pic de 120.000 passagers en vols secs en 2006, vont aussi augmenter leurs chiffres sur la Tunisie.

Je pense aussi que le fait que René Trabelsi soit à la tête du ministère du Tourisme, va faire de telle sorte que la Diaspora juive tunisienne vienne passer ses vacances en Tunisie en masse et surtout lors du prochain pèlerinage de la Ghriba.

Vous espérez une hausse de combien de pèlerins pour la prochaine campagne ?

On avait fini à 5.000 l’année dernière. On espère atteindre cette année les 8.000 pèlerins et on pourrait même dépasser ce chiffre pour la porter à 10.000 touristes pèlerins.

Est-ce que la situation difficile par laquelle passe Tunisair est de nature à aider à réaliser tous ces objectifs pour le tourisme tunisien ?

Non, bien sûr. Mais Tunisair est condamné à se remettre debout, à se restructurer le plus rapidement possible et à changer son mode de gouvernance le plus tôt possible, et dans tous les cas, avant le démarrage de la saison 2019 et pas que pour le tourisme, mais pour tout ce qu’elle est en trafic. Tunisair souffre et on se doit de l’aider et le soutenir, comme on se doit aussi de soutenir l’autre compagnie du pavillon tunisien qu’est Nouvelair qui renforcera cette année sa flotte par deux nouveaux avions A320.

Tunisair a un problème sur ses avions qui rentrent chez Tunisair Technics, mais qui ne ressortent pas à temps et des fois qui ne ressortent pas du tout. La compagnie a aussi un problème d’organisation générale que les responsables doivent régler. Nous suivons, avec mon collègue du Transport, la situation de Tunisair de très près et nous espérons que le transporteur national pourra reprendre très vite ses avions de chez Technics, pour lui permettre de répondre à la demande qui va venir sur le marché tunisien. Au ministère du Tourisme, nous pensons aussi que l’Open Sky sera une bonne chose pour la Tunisie et tous les aéroports tunisiens, à part Tunis-Carthage qui restera réservé à Tunisair, devraient en profiter.

Que pense le ministre du Tourisme du contenu de la Cour des Comptes concernant Tunisair ?

C’est une compagnie sinistrée. Elle avait recours, comme, du reste, partout ailleurs dans beaucoup de compagnies, à la sous-traitance. Malheureusement, tous les sous-traitants ont été intégrés après la révolution, ce qui a beaucoup alourdi les charges de la compagnie.

Et en ce qui concerne tout ce qui a été dit par la Cour des Comptes sur la question de la sécurité ?

S’il y a une chose dont je ne doute pas chez Tunisair, c’est la sécurité et que lorsque l’un de ses avions vole, on est sûr que tout a été fait pour que ce voyage soit sûr.

Est-ce que les 1,28 Milliard € de recettes en devises, provenant du tourisme tunisien, sont tous entrés en Tunisie, ou est-ce qu’une partie pourrait être restée dans des comptes à l’étranger ?

Les chiffres fournis par notre administration sont des chiffres réels, de devises réellement rentrées dans les comptes, tunisiens, des opérateurs tunisiens dans le domaine du tourisme, comme l’atteste la Banque Centrale.

Ne se pourrait-il pas qu’une partie soit restée dans des comptes à l’étranger ?

Sincèrement, je ne le crois pas. En encaissant tout son argent en Tunisie, l’hôtelier tunisien reste en difficulté. Quand bien même voudrait-il le faire, il ne le pourra pas, car il travaille avec de grosses structures internationales, donc les transactions sont strictement surveillées. Faute de preuves tangibles, je pense que ce ne sont que des rumeurs et je ne vois aucun intérêt à y prêter attention. Ce qu’on pourrait faire, c’est de demander au ministère des Finances de contrôler les facturations par rapport à l’entrée des devises dans les unités touristiques. De notre part, nous conseillons toujours les opérateurs tunisiens à toujours signer leurs contrats en devises, euros ou dollars.

Pourquoi ne pas en faire une obligation, ce qui donnerait aux hôteliers de meilleurs outils de négociation avec les TO ?

Je ne sais pas si on a le droit de les y obliger, car les gros TO imposent toujours leurs conditions de ne travailler qu’en monnaies locales et pas qu’avec la Tunisie d’ailleurs.

Khaled Boumiza

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