AccueilLa UNESaïed dessine son projet, politique et économique

Saïed dessine son projet, politique et économique

Telle sera donc, selon les résultats de la consultation virtuelle qui aurait fait l’objet de 124.415 tentatives d’intrusion, la Tunisie que voudrait le chef de tout l’Etat tunisien. Ou, pour croire au fait que ses résultats sont justes et pourraient être vérifiables, comme le lui a dessiné le peuple dont il se dit l’unique voix.

La Tunisie sera gouvernée par un régime présidentiel, comme en auraient exprimé la volonté 86,4 % des 534.915 personnes, en très grande majorité résidant en Tunisie, à 71,4 % de milieu citadin, à 48 % actifs, à 42,7 % de niveau supérieur, et à 25,6 % de la tranche d’âge entre 30 et 39 ans. Dans cette consultation virtuelle, le régime présidentiel l’emporte dans les vœux des Tunisiens, de loin devant le régime parlementaire (3,1 %), et devant le régime hybride (8 %).  Ce dernier n’a trouvé  grâce qu’à l’Ariana (13 %), à Ben Arous et Tunis (11 % pour chaque gouvernorat), et à Nabeul (10 % des participants).

Ce point du choix du régime politique voulu par les Tunisiens, sera certainement le point focal du prochain referendum qui sera organisé le 25 juillet 2022 selon l’agenda déjà annoncé par Kais Saïed, et sur lequel il n’est pas revenu malgré la dissolution fin mars de l’ARP, et dont  certains constitutionnalistes attendaient un réaménagement de l’agenda présidentiel pour l’annonce de législatives anticipées en juin prochain.

  • Des législatives, uninominales et droit à la révocation en cours de mandat

Les prochaines législatives de décembre 2022 se dérouleront donc sous un nouveau code électoral à mettre en place par Kais Saïed lui-même, qui consacrera le vote uninominal, comme le voudraient 70,7 % des participants à la consultation virtuelle.

Le vote sur liste n’aurait trouvé preneur que chez 21,8 % des participants à la « Istichara » présidentielle. Le gouvernorat du Kef aurait été celui où le vote sur listes aurait trouvé le plus d’adeptes (33 %), juste devant Tataouine avec 33 %.

Le prochain code électoral que devrait confectionner Kais Saïed en exécution de la volonté de 60,8 % des participants à la « Istichara », devrait aussi comporter la possibilité de révoquer tout député, « qui ne remporterait plus la confiance de la majorité », même en cours de mandat parlementaire. Le Tunisien était déjà échaudé par les pratiques d’une ARP (désormais dissoute par le chef de tout l’Etat tunisien), où le tourisme politique fait loi, et où les débordements de langage font légion. Mais aussi des querelles jusqu’au sang ont été enregistrées, et où l’obédience politique avait toujours pris le pas sur le devoir de représentation des électeurs.

Des faits, qui expliquent aisément que 92,2 % des participants à la « Istichara » étaient en faveur de cette nouveauté à introduire dans les mœurs électorales et parlementaires tunisiennes. Le plus haut taux (11 % des participants à ladite consultation) de ceux qui étaient contre, a été enregistré à Tataouine.

  • L’économie et le social, du ressort exclusif de la région ?

Restera à savoir si le referendum va poser la question sur la révision de la Constitution, en faveur de laquelle 38 % des consultés s’étaient prononcés, ou encore la question de réviser la loi sur les partis politiques en faveur de laquelle 44,4 % des consultés de la « Istichara » s’étaient aussi prononcés ?

Par ailleurs, c’est à Sfax qu’on retrouve le plus grand taux (64 %) de demandeurs de révision du code électoral. C’est à l’Ariana qu’on enregistre le plus haut taux (51 %) des demandeurs d’une révision de la loi sur les partis politiques. C’est à Monastir, Nabeul et Ariana qu’on retrouve le plus grand nombre (43 % des répondants) de demandeurs d’un amendement de la Constitution.

Ce qui semble par contre sûr, à bien interpréter le choix de certaines des questions posées aux participants à la « Istichara » présidentielles, c’est que Kais Saïed dessine les contours, politiques notamment et économiques de son projet, [Oops ! Celui du « peuple veut bien sûr]. Il sera dans un régime présidentiel, où les pouvoirs seront concentrés entre ses mains, où l’ARP deviendra une simple chambre d’enregistrement et où les députés ne pourront se prévaloir des instructions d’aucun parti.

Point pivot de son projet, la décentralisation. Elle ne sera pas politique, pour ne pas faire de l’ombre au président qui ne sera pas à la tête d’une « Jamahiriya » comme l’en accusaient ses ennemis. La décentralisation sera économique et sociale. A la seule question « si la résolution des problèmes économiques et sociaux devrait être régionale », 75,1 % des répondants se sont déclarés pour. Désormais donc, si tant est que Kais Saïed décidait d’appliquer ces volontés du « peuple », la planification économique et sociale sera du ressort de la région. Notons bien que la question ne concernait pas les finances. Mais il n’est pas interdit que, dans le cadre de la décentralisation sociale, de penser par exemple que la négociation sociale deviendra régionale, et que ce seront patrons et ouvriers de la région qui décideront s’il faut augmenter les salaires et de combien, chaque région ayant ses particularités et ses conditions économiques propres. Cela est d’autant plus vrai pour lesdites entreprises citoyennes  qu’elles ne pourront pas se permettre d’appliquer des augmentations, non proprement négociées directement avec chacune d’elles.

  • Un nouveau schéma de développement économique ?

Les résultats de la « Istichara » de Saïed esquissent aussi un nouveau schéma de développement économique. 67,9 % des votants voudraient que l’économie soit basée sur l’agriculture, et partant les investissements et les incitations au développement. Les effets de la guerre en Ukraine et son impact sur le pain du Tunisien ne devraient pas être étrangers à ce choix. Les industries manufacturières devront être reléguées à la seconde position. L’activité commerciale, la préférée d’un Tunisien plus apte à faire commerce de produits qu’à travailler en usine, serait en 3ème place du probable prochain schéma de développement, et le tourisme pourvoyeur en devises et en emploi, sera la 4ème priorité.

Etrangement pour un pays qui prône la numérisation, qui encourage les Startup et leur  consacre un « Startup Act », les participants à la « Istichara » voudraient les voir relégués à la 5ème place de leurs centres d’intérêt économique. Un autre gros pourvoyeur en devises, le secteur des mines et de l’énergie, ne récoltait que 12,8 % des votes pour les priorités du développement.  

Si tel sera le prochain schéma de développement qui pourrait être appliqué par le prochain régime présidentiel, les budgets de l’Etat devront en être chamboulés. Les priorités de financement aussi.

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