AccueilLa UNETabboubi vs Bouden: Des rapports en Dinars sonnants et trébuchants

Tabboubi vs Bouden: Des rapports en Dinars sonnants et trébuchants

A 63 ans depuis juin dernier, et après deux mois de son rappel au service pour le poste de cheffe de gouvernement, Nejla Bouden, la Kairouanaise,  fait face au  véritable premier challenge de son mandat,  son premier bras de fer avec l’omnipotent syndicat ouvrier,  la très délicate question sociale des salaires. Un bras de fer, dont l’issue pourrait déterminer son avenir à la Kasbah, et surtout celui  des négociations de son gouvernement avec le moins cher des bailleurs de fonds, le FMI.

Samedi dernier, en effet, la cheffe du gouvernement recevait une délégation de l’UGTT. Au menu de cette réunion de travail, tenue à l’invitation du gouvernement, les questions épineuses et éternels casus belli entre tous les gouvernements de l’après 2011 et tous les SG d’UGTT de la même période, de la masse salariale et des entreprises publiques.

–        Les salaires augmentent d’une moyenne annuelle de 1 Milliard DT

En Tunisie, la masse salariale (M.S) était de 6,785 Milliards DT en 2010, et ne représentait que 10,3 % du PIB. Dix années plus tard, cette masse salariale était multipliée par trois, passant à 20,345 Milliards DT et représentant, officiellement, 16,1 % de tout le PIB tunisien.

Sur cette période des dix dernières années, elle était augmentée d’une moyenne d’un Milliard DT chaque année. La plus « mauvaise » année des négociations sociales, qui étaient triennales du temps de ZABA et passées annuelles avec ladite révolution, aura été celle de 2018 où la masse salariale n’avait augmenté que de 0,133 Milliard DT. L’augmentation de la M.S a crevé le plafond en 2020, avec une hausse de presque 2,5 Milliards DT.

Il est peut-être juste d’indexer la hausse de la M.S sur celle de l’inflation (Elle était à 5,3 % en 2013, a plafonné à 7,3 % en 2018, pour revenir à 5,6 % en 2020 selon les chiffres de la Banque Mondiale), mais, ces hausses de la M.S avaient eu lieu pendant une décennie où la croissance du PIB était plus en berne qu’en hausse (3,5 % en 2010, -1,9 % en 2011, 4 % au mieux de la décennie et -8,6 % en 2020, selon des chiffres de la BM).

Qui plus est, cette masse de 16,1 % de tout le PIB n’est servie que pour 644.872 fonctionnaires, hormis les 200 mille des entreprises publiques et parapubliques. Et cela représente 55 MDT par jour, soit un salaire moyen net par mois de 1.600 DT.

–        Second gros dossier, décrété ligne rouge par l’UGTT : Les 110 puits financiers sans fin

C’est là la réalité des salaires de la fonction publique. Celle des entreprises publiques (EP), est plus lourde. Elles sont 110, et elles sont en majorité déficitaires, si ce n’est pas  dès l’exploitation, c’est en résultat net car dépendant d’un Etat mauvais payeur en compensations ou en contrepartie des services achetés, comme pour le cas de la Steg, de Télécom, du transport ou des carburants.

Président de l’Ordre des Experts Comptables (OEC), Walid Ben Salah estime les besoins en fonds propres de ces EP à 8,4 Milliards DT, sans tenir compte des situations des caisses sociales (2,40 de pertes pour la CNSS et des fonds propres négatifs de 1,084 Milliards DT pour la CNRPS).

Le même W. Ben Salah indiquait que « de nombreux établissements publics reçoivent des subventions de l’Etat (plus de 3,5 milliards de dinars par an) … et prennent crédits directs (crédits de trésorerie) et indirects (Crédits étrangers réaffectés) de l’Etat  qui augmentent (95 millions de dinars au premier semestre 2020) ».

Et le président de l’OEC d’ajouter que « Les EP s’adressent aussi aux banques, locales et étrangères, pour des crédits garantis par l’Etat (un volume total des prêts garantis est de 16,6 milliards de dinars, dont 12,5 milliards de dinars sont des prêts externes) … et recourt à l’activation de la garantie de l’Etat en raison de leurs difficultés financières (90 millions de dinars payés par l’Etat au cours du premier semestre 2020, en lieu et place des établissements publics)…Et toutes ces sommes pèsent sur le budget de l’Etat, c’est-à-dire sur les seuls contribuables organisés ! »

Mais en même temps, des entreprises comme la STEG et la SONEDE à elles seules, ont des créances irrécouvrables sur leurs clients de plus de 2,6 milliards de dinars, dont plus de la moitié avec le secteur privé, et elles ne bougent pas le petit doigt,  préférant recourir à des solutions de facilité telles que « donne-moi, ou bien paie moi, ou laisse-moi augmenter les tarifs, et ce qu’il y a dans l’autre, et comment l’habitude pèse sur les gens organisés qui paient leurs impôts).

–        Que fera la cheffe Bouden avec le SG Tabboubi ?

La réponse à cette question est, à notre sens, à chercher chez les qualités de cheffe du gouvernement, et sa capacité à jouer le rôle de vrai chef, dans un environnement où ses décisions doivent être cooptées par le chef de l’Etat.

Mourad Ezzine, un de ses anciens patrons lorsqu’elle était encore fonctionnaire, et qui l’avait connue entre 2007 et 2013, dit que « Nejla nous a montré une capacité d’écoute et d’apprentissage qui a fait d’elle, très rapidement, une personne capable de concevoir et de gérer des programmes complexes et d’acquérir l’adhésion d’équipes disparates d’universitaires et d’administratifs.  Sa compétence dans ces domaines ainsi que sa capacité personnelle à forcer le respect sont indiscutables. Nejla ne manque pas de sens politique, ne serait-ce que pour avoir survécu à un nombre incalculable de ministres et de soubresauts politiques depuis 15 ans, réussissant chaque fois à capter l’attention des nouveaux venus.

Les projets de la Banque mondiale que Nejla a gérés ont-ils réussi?  Malheureusement non.  Le programme n’a pas atteint ses objectifs de développement, ni après la période initiale de 5 ans ni après l’extension de 2 ans (si mes souvenirs sont justes) qui lui a été accordée, a été mal noté, et une partie importante des ressources sont restées inutilisées à la clôture du projet ». 

Il faudrait aussi poser la question de savoir  si la cheffe du gouvernement et le chef de tout l’Etat auront les moyens de leur politique sociale expansive. Attendre, ensuite, s’ils vont les deux avoir le courage de rappeler à l’UGTT que si les caisses du fonctionnaire contiennent encore quelque argent, celle de l’Etat sont presque vides, et leur gestion se fait au compte-gouttes et au jour le jour comme l’avait un jour dit Fadhel Abdelkefi que  Saied a couvert de coups de langue. Et attendre enfin la réponse de Noureddine Tabboubi à la question d’Abdelkefi qui se demandait pourquoi l’UGTT ne voudrait pas faire aux entreprises publiques ce qu’elle avait fait à ses propres entreprises dans les assurances et l’hôtellerie notamment ?

- Publicité-

1 COMMENTAIRE

  1. QUAND LES SYNDICATS VOUS ILS COMPRENDRE QU’ILS FOUTENT LES PAYS DANS LE PRECIPICE !!!! Avec des salariés qui ne sont pas présents sur les lieux de travail ( complaisance)
    OUI la vie est devenue trés élevée ; mais il faudrait d’abord remettre le pays en route ;
    acheter Tunisien et moins chinois
    L’économie d’un pays se fait par le travail pas que des réclamations continues
    Le pays a des richesses inexplotées
    Que les syndicats expliquent à leurs adherants que le travail est la première richesse et
    rien ne se gagne par des grèves qui plombent l’économie

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

Réseaux Sociaux

108,654FansJ'aime
480,852SuiveursSuivre
5,135SuiveursSuivre
624AbonnésS'abonner
- Publicité -