AccueilLa UNEToujours sans «ceinture», ni «pantalon»

Toujours sans «ceinture», ni «pantalon»

Comme la ceinture, faite pour retenir un pantalon dans la vie quotidienne, en politique, elle sert à soutenir un gouvernement et l’empêcher de tomber devant les députés.

Le 20 janvier 2020, l’ancien Ettakattol Elyes Fakhfakh était désigné pour former un gouvernement et ce, après que la 1ère tentative de Habib Jemli s’est échouée sur les rochers de l’ARP. Prenant le taureau par les mauvaises cornes, Fakhfakh essaie depuis une dizaine de jours de trouver une ceinture, pour un pantalon qu’il n’a toujours pas commencé à confectionner. Or, le chef du gouvernement désigné est toujours sans ceinture.

  • Un «jeune novice politique», qui s’embourbe et épaissit le brouillard alentour

Pour les observateurs de la scène politique tunisienne, cette difficulté à trouver une ceinture à sa taille, et de la marque qui lui convienne, pourrait être due au mauvais départ de Fakhfakh. En effet, avant même de négocier, le «jeune novice, écervelé politique» comme l’a appelé l’un de ses observateurs qui a requis l’anonymat, s’était dès le début réclamé d’une légitimité, celle du chef de l’Etat, que beaucoup de partis politiques appréhendent et d’autres ne comprennent toujours pas.

Plus est, Fakhfakh avait aussi commencé par baliser, selon des critères propres, un terrain qui devait justement être l’objet de négociations, en désignant nommément ceux qui devront rester dans l’opposition et ceux qui pourraient aspirer à négocier un quelconque fauteuil dans «son» gouvernement.

Il voulait ainsi cadrer ses prochains partenaires à la Kasbah, pour pouvoir y avoir les coudées franches. D’où l’impression qu’il finit par donner, celle d’un «novice politique» qui essaierait de se glisser par-dessous ceux qui rampent, et finit par «marcher sur les plates-bandes» d’Ennahdha dont les législatives de 2019 avaient fait un candidat au pouvoir.

Nous sommes le 4 février 2020, c’est-à-dire 15 jours après le début de sa mission, Fakhfakh n’a toujours ni ceinture politique solide et constante, ni gouvernement connu ou simplement prévu. Il s’était hasardé, lors de sa seconde conférence de presse, à annoncer 10 partis lui vouant un soutien sans réserves, et plus de 160 députés. On se demanderait alors presque pourquoi continuait-il à négocier. Quelques secondes plus tard, il se demandait lui-même «Est-ce qu’ils voteront ?», et répondait par un «je l’espère, et je les appelle à le faire. Il y a des réserves de la part de certaines parties, mais je n’ai entendu aucun véto. Les 10 partis sont prêts et seront présents, et je prie Dieu qu’ils voteront. Et si on ne peut pas avoir les 10, j’aimerais que la plupart le fassent pour qu’on puisse passer à la formation du gouvernement». Véto, il y en a eu pourtant. Celui d’Ennahdha sur l’exclusion du parti de Nabil Karoui, celui de Makhlouf sur une éventuelle participation du parti de Youssef Chahed. Et il n’y en a pas eu que ces deux partis.

  • Il disait pourtant avoir 10 partis et 160 députés avec lui !

Entretemps, Ennahdha a déjà, officiellement, dit non à Fakhfakh et ne signera pas son document contractuel. El Machroû de Mohsen Marzouk (4 sièges à l’ARP), a aussi décidé de ne pas se joindre aux négociations. Le bureau politique de Tahya Tounes qui s’est réuni, dimanche, a publié un communiqué pour dire sa satisfaction du choix d’Elyes Fakhfakh par le président de a République et annoncer que le parti est prêt à collaborer avec lui, tout en réitérant sa demande d’un gouvernement d’intérêt national, et non un gouvernement composé sur la base des résultats du 2ème tour des présidentielles de 2019.

Résultat : Elyes Fakhfakh reste, jusqu’à présent, sans ceinture, ni pantalon. L’homme semble encore en dehors du temps, parlant de plans stratégiques qui demandent beaucoup de temps, tant dans l’élaboration que dans la mise en place, et évitant de parler concrètement du sujet des hommes de son gouvernement.

A aucun moment, dans sa seconde conférence de presse, il ne s’est fendu d’une déclinaison immédiate et chiffrée, même temporelle, de ses stratégies. Ses programmes ne comportent aucune donnée chiffrée, et encore moins une mesure immédiate chiffrée, en amont et en aval.

A l’entendre, il va tout faire avec tout le monde, et saura négocier avec tout le monde, y compris le FMI et l’UGTT qu’il connaît tous les deux, sans aucune information, ni sur l’art (s’il en a), ni sur la manière (s’il l’a déjà mise au point).

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