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Tunis: Les quatre premières reculades d’Essid

Sans vouloir donner de leçon à quiconque et encore moins à un chef du gouvernement, il est bon de rappeler ce que disait Jean de La Bruyère à ce propos. «Un homme sage ni ne se laisse gouverner, ni ne cherche à gouverner les autres : il veut que la raison gouverne seule, et toujours », disait l’auteur des « Caractères ». Ramon Maria Narvaez, disait aussi que «gouverner, c’est résister». On se demande, alors que le nouveau gouvernement de Habib Essid aborde ses premières épreuves de pouvoir, s’il gouverne réellement ce peuple tunisien qui s’est habitué, depuis plus de quatre ans, à piétiner l’autorité de l’Etat et à crier plus fort que la voix même de la loi, ou s’il va se laisser gouverner par ce même peuple. Décryptage.

– «Essid se dégonfle et fait sa première gaffe politique!»

Nous en avons déjà parlé, depuis les premiers remous de l’affaire de Dhehiba, lorsque les barons de la contrebande de cette région frontalière de la Libye ont poussé les habitants à se révolter contre une mesure fiscale votée par les représentants du peuple. Le communiqué de l’UGTT, à l’issue de ces évènements, est on ne peut plu clair. On avait alors attiré l’attention du nouveau chef du gouvernement tunisien sur l’aspect négatif et le caractère qui ne l’est pas moins du signal de retraite qu’il donnerait aux révoltés et aux gros bonnets de la contrebande, s’il venait à concrétiser sa promesse d’annuler la taxe des 30 DT. Le conseil des ministres, tenu ce mercredi, 18 février 2015 et présidé par le président de la République, Béji Caïd Essebssi a officialisé cette mesure d’exemption, même s’il l’a enveloppée dans une mesure qui concernera tous les ressortissants maghrébins. Essid fait ainsi sa première reculade et cède au chantage de la violence. La volonté de tout un Etat et de tout un peuple cède ainsi devant le diktat d’une partie de la population, qui plus est vit de la contrebande, c’est-à-dire en dehors de la loi.

– Essid cède aussi face aux syndicats

Tous les économistes sont d’accord sur le fait que toute augmentation des salaires ne fera qu’aggraver une situation économique, déjà au bout de l’asphyxie, et une situation financière où tout un pays vit de la dette, tant nationale qu’internationale. Usant et abusant du droit de grève, la principale centrale syndicale ouvrière, l’UGTT, a fait pression sur le gouvernement de Mehdi Jomaa pour l’obliger, avant son départ, à accorder de nouvelles augmentations salariales pour l’exercice 2014. Jomaa a su résister. Habib Essid ne le saura pas et cède, presque trop facilement à la pression des syndicats ouvriers qui n’ont rien promis en contrepartie. Les prochaines négociations salariales que le SG de l’UGTT Houcine Abassi a su arracher du nouveau chef de gouvernement, impacteront le budget de l’Etat, pour les exercices 2014 et 2015.

– Le ministre de l’Education revient sur l’examen de Sixième.

Quelques jours seulement après avoir pris possession du fauteuil de ministre de l’Education, Néji Jalloul annonce que «l’examen de 6ème sera suspendu cette année en attendant l’avancée du dialogue national et sociétal sur le système éducatif. Il a précisé qu’il ne s’agit nullement d’annulation mais de suspension». C’est le SG du syndicat général de l’enseignement supérieur qui s’en réjouira le premier. Le ministre n’a certainement pas pensé à ce que diront, en 2016, les parents des élèves qui seront peut-être obligés de passer cet examen que beaucoup considèrent comme un outil indispensable de la remise à niveau de l’actuel système éducatif lequel a beaucoup mis à mal le niveau de l’éducation en Tunisie. On n’avait pas alors entendu le lion rugir et ramener à la raison un ministre qui plonge dans le populisme et fait plaisir aux syndicats.

– Le ministre de l’Enseignement supérieur arrête «illégalement» les autorisations pour l’enseignement privé

On l’avait entendu, il y a quelques jours, sur le plateau TV de Nessma, et on avait de la peine à croire nos oreilles. C’était en effet un ministre du gouvernement Essid, qui annonçait sereinement qu’il avait suspendu les autorisations pour les nouveaux investisseurs qui voudraient se lancer dans l’enseignement supérieur privé. Plus incroyable encore, c’est le ministre d’un Etat qui s’inscrit dans le respect des lois et des institutions, et qui précise qu’il avait fait cela tout en sachant que ce qu’il fait est contraire à la loi. Chiheb Bouden cédait alors allègrement, sans se soucier du très mauvais exemple qu’il donnait en tant que ministre et du signal tout aussi mauvais et négatif à l’investissement privé, à la pression des étudiants grévistes. Encore un ministre du gouvernement Essid qui se dégonfle, fait une nouvelle reculade, sans que le «lion» ne rugisse comme il l’avait promis lorsque nous l’avions rencontré un jour alors qu’il négociait la composition de son gouvernement, et sans qu’Essid ne le convoque pour le rappeler au respect des lois. Que dire donc de ce gouvernement ? Y a-t-il un pilote dans l’avion ? Qui gouverne à La Kasbah ? Pour l’instant, à notre sens, ce n’est pas Essid mais la rue.

Khaled.

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