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Tunis : L’UGTT et Le Front Populaire tiennent-ils à jeter la Tunisie dans les bras du FMI ?

Une question qui peut être légitimement posée quand on voit la position du Front populaire et de certaines fractions de  l’UGTT à  l’égard de la loi sur la réconciliation économique et la pression continuellement exercée, à ce niveau, sur le gouvernement pour concéder des augmentations salariales et des avantages au-delà de ce que peut supporter l’économie dans sa situation actuelle.

En effet, de telles positions ou revendications mènent droit vers des programmes d’ajustement qui seront soit volontairement exécutés par le gouvernement quelle  qu’en soit la couleur  ou  exigés par les institutions financières internationales et à leur tête le FMI.

D’un côté,  la relation entre la masse salariale et le niveau du déficit budgétaire et de l’endettement public est évidente et l’augmentation qu’a connue la masse salariale dans la fonction publique ne peut entraîner qu’une détérioration de l’état des finances publiques dans un contexte de croissance morose et d’une évolution très faible des recettes propres de l’Etat.  Les données disponibles sont très instructives :

                                                                                  2010                                                   2015

Masse salariale (en MD)                                            6785                                                   11630

Part dans le Budget de l’Etat                                    37.6%                                                  41.7%

Part de la masse salariale dans le PIB                      11%                                                    14%

Déficit budgétaire                                                     1.1% du PIB                                        4.9% du PIB

Taux d’endettement /PIB                                          41 %                                                   52%

Ainsi alors que les dépenses salariales ont augmenté de 86 % entre 2010 et 2015, les autres dépenses budgétaires n’ont évolué que de 55 %. L’augmentation de la masse salariale a été en grande partie à l’origine du dérapage des déficits et de l’endettement public et,  en 2015,  la part de la masse salariale dans le PIB (14%) a dépassé les normes admises sur le plan international (10% du PIB).

La situation économique actuelle qui prévaut en Tunisie est pire que celle vécue au moment de la crise de 1986 qui a donné lieu au programme d’ajustement structurel : des déficits publics plus élevés, une dette de même niveau, une croissance en panne, une masse salariale élevée…

D’un autre côté,  la position du Front populaire et de l’UGTT contre la loi sur la réconciliation économique risque d’empêcher toute reprise économique avec le gel de l’activité d’un nombre important d’hommes d’affaires et l’écartement de fonctionnaires chevronnés de la fonction publique qui font l’objet aujourd’hui de poursuites judiciaires.

En l’absence de reprise économique et dans un contexte d’élargissement  sans précédent des déficits publics, la Tunisie n’a  d’autre choix que d’engager  des réformes douloureuses et procéder à des ajustements de ses politiques budgétaires et financières dans un sens qui permet le rétablissement des grands équilibres du pays. Elle pourra mener ces réformes de son propre gré ou y être obligée par les institutions financières internationales. N’ayant plus la facilité d’accès  aux marchés financiers internationaux,  la Tunisie n’aura pas le choix.

Ainsi,  il apparaît clairement que l’UGTT et le Front Populaire bien qu’ils aient toujours affiché une opposition aux programmes soutenus par le FMI sont, consciemment ou non, en train de pousser le pays vers un programme d’ajustement similaire à celui adopté en 1986.

MSH

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1 COMMENTAIRE

  1. L’UGTT et le FP ont certainement leurs propres « experts ».Rien ne les empêche de s’asseoir autour d’une table avec ceux du Gouvernement ( INS et BCT inclus) pour s’entendre sur les chiffres et donc sur la situation économique et financière réelle du pays. Ils peuvent s’entendre sur les scénaris réalistes nécessaires pour sortir le pays de l’ornière. Le choix du scenario revient au Gouvernement en place. Ils ne le font pas pourquoi ? Est-ce que la rue est en mesure de sortir le pays de ce marasme ?certainement non. Alors, la seule réponse, à mon point de vue, et qu’ils n’ont pas accepté les résultats des élections et veulent des élections anticipées. Sont-ils si surs, qu’avec ces troubles, cette instabilité et ces manifestations à n’en plus finir, occasionnant un réel retard au à la reprise économique créatrice d’emplois et de nouvelles ressources à répartir équitablement, de parvenir enfin au Pouvoir et à développer le pays ? Rien de moins sûr. Comment les convaincre par les moyens démocratiques ? Faudrait-il user du bâton ? La patience du Gouvernement et du peuple a atteint ses limites et nous ne voyons pas poindre une lueur d’espoir.

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