AccueilLA UNE IDTunis :Mensonge et omerta, de la place Med Ali à La Kasbah!

Tunis :Mensonge et omerta, de la place Med Ali à La Kasbah!

Avant d’être l’art de gouverner, la politique est surtout l’art de communiquer. Du temps de Zine El Abidine Ben Ali, la communication était l’apanage de la seule institution de la présidence de la République, qui décide de ce qui doit être communiqué au peuple, par qui et par quel outil média. La révolution a délié les langues, libéré la parole et refondu toutes les politiques de communication de toutes les parties prenantes de la vie politique tunisienne d’après la révolution. Cela était devenu visible partout, sauf à La Kasbah. D’habitude, c’est l’armée qu’on appelait «la grande muette». Depuis l’avènement du gouvernement Essid, c’est à La Kasbah que le mutisme s’était installé. On pourrait expliquer cela en disant que, peut-être, Essid travaille et ne parle pas. L’organisation «I Watch» vient pourtant de démontrer l’indigence de ses réalisations. Reste donc la communication. Le chef du gouvernement ne semble pas en avoir une. Et s’il en a, il ne l’utilise pas là où il faut. On n’en a en tout cas vu aucune, lors des dernières négociations pour l’augmentation des salaires. Cela aura coûté 550 MDT au budget de l’Etat.

Une des stratégies de communication de l’UGTT, l’autre partie de cette négociation, pour expliquer sa demande d’augmentation des salaires d’une fonction publique qui ne produit presque rien, était de dire et de faire dire que c’est cette caste qui payait la plus importante part des impôts. Nous avions démontré, chiffre à l’appui (Voir notre article), que l’impôt sur les sociétés dépassait l’impôt sur les revenus. Il faudra y ajouter que les fonctionnaires de l’Etat ne sont que 637 mille et ne représenterait donc que 20 à 25 % de la masse salariale qui ferait l’objet de la retenue et de l’impôt sur le revenu qui avait généré , à fin mars dernier, 1,164 milliard d’impôt sur les revenus. Il est tout aussi bon de rappeler que les 637 mille fonctionnaires sont payés sur le budget de l’Etat et que, entre salaire et retenue à la source, le budget n’aura en fin de compte presque rien perçu ! A cela s’ajoute le fait que si les employés du secteur privé produisent des biens et services négociables, il est difficile de dire autant de la fonction publique depuis la révolution !

Il n’est donc pas totalement vrai d’affirmer que ce sont les employés qui paient la plus grande partie de la fiscalité qui est l’outil financier de l’Etat pour tout acte de développement.

L’autre volet de la stratégie de communication de l’UGTT pour entamer les négociations salariales avec le patronat du secteur privé, a ensuite été la diabolisation du patronat en affirmant, à tort , qu’il se dérobe à son devoir fiscal, fait fuir ses capitaux à l’étranger et n’investit pas dans le pays. Il est bon, à ce stade, de donner quelques chiffres. Ces derniers, c’est connu, sont têtus.

En 2014, l’économie tunisienne a pu créer l’équivalent de 85 milliards DT en richesses. Les chiffres officiels affirment que 70 % de cette somme a été l’œuvre du secteur privé. Les mêmes données officielles, par ailleurs dévoilés vendredi dernier sur la RTCN (Radio tunisienne chaîne nationale) par le statisticien Hassen Zargouni, montrent que 60 % de l’investissement fait en Tunisien au cours de l’année 2014, c’est-à-dire l’équivalent de 9,7 milliards DT, a été le fait du secteur privé tunisien. Le reste, on le doit à l’Etat. Sauf que seulement 38 % des 6,8 milliards DT que devait investir l’Etat tunisien, ont été réalisés et mis à exécution. Les causes sont multiples. La principale, sera avancée par le ministre des Finances Slim Chaker, qui a récemment avoué que c’est «le manque d’autorité de l’Etat dans les régions».

Ce sont tous ces chiffres qui devaient être communiqués par le chef du gouvernement Habib Essid qui refuse toujours de dire ce qu’il en est de la réalité des choses dans la Tunisie des quatre années après la révolution. C’est tout cela que devrait dire Essid en prenant le peuple à témoin. Jusqu’ici, il se cache, se tait et ne fait rien. «I Watch» en a largement témoigné la semaine dernière, lors de la présentation des premiers résultats de son «Essid Meter».

Khaled Boumiza

- Publicité-

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

Réseaux Sociaux

108,654FansJ'aime
480,852SuiveursSuivre
5,135SuiveursSuivre
624AbonnésS'abonner
- Publicité -