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Tunis : Quel sens donner à la démission d’Abdelhamid Jelassi du parti islamiste ?

La gêne apparente des dirigeants d’Ennahdha à l’annonce de la démission du dirigeant islamiste Abdelhamid Jlassi a surpris les profanes, mais confirmé une idée répandue auprès des observateurs avertis sur le rôle capital que n’a cessé de jouer ce dirigeant dans les rang du parti islamiste. Rached Ghannouchi lui a rendu hommage au lendemain des élections du 23 octobre 2011, en disant : « Abdelhamid Jlassi a trouvé, après la révolution, le parti Ennahdha délabré et en peu de temps, il en a fait le premier parti du pays » , reconnaissant ainsi la place de Jlassi dans les structures du parti. Ses collègues de l’ENIG à Gabès gardent de lui l’image d’un militant actif, perspicace et dur à vaincre dans le mouvement étudiant islamiste. Il parlait peu, disaient-ils, mais se déplaçait toujours sous escorte.

Les années de prison l’ont réduit physiquement, mais n’ont jamais entamé sa lucidité. De mai à octobre 2011, il a démontré aux islamistes comme à toute la classe politique qu’il était capable de contourner les difficultés les plus insurmontables. On lui a confié au sein d’Ennahdha la mission d’étudier la loi électorale ( le décret-loi n° 2011-35 du 10 mai 2011 relatif à l’élection de l’ANC), qui présentait pour le parti islamiste deux inconvénients majeurs de nature à réduire sa représentation au sein de la constituante, à savoir le mode du scrutin qui ne donne pas au parti vainqueur et quel que soit son électorat, plus de 70% des sièges , et d’imposer à chaque liste la parité hommes-femmes.

Plusieurs observateurs relèvent que Abdelhamid Jlassi, et après étude de la loi électorale, recommande au parti non seulement les principes à suivre dans le choix des listes, mais aussi le mode de mobilisation de l’électorat, le profil des gens à choisir pour animer les réseaux des responsables des bureaux de vote et même les alliances à choisir. Ces mêmes observateurs ajoutent que c’est Jlassi lui-même qui avait recommandé à partir de quelle heure commencera l’orientation du surplus des voix vers les alliés de l’époque (essentiellement le CPR et Ettakattol). C’est cette prouesse, réalisée au moment où la gauche et les forces du centre, qui avaient déclenché le processus de la Constituante, étaient fixées sur d’autres thèmes qui n’avaient rien à voir avec la réalité du pays, qui a rendu le parti islamiste incontournable durant les 3 dernières années et pour des années encore. Et il est logique que Rached Ghannouchi qui a déjà reconnu les qualités d’Abdelhamid Jlassi, réalise l’ampleur de la perte de son parti avec la démission de ce militant de haut vol.

Mais réellement qu’est-ce qui a amené le vice-président d’Ennahdha et président du comité électoral à quitter le parti, lui qui a enduré plus de 15 ans de prison et qui a été derrière sa victoire historique en 2011. A-t-il été bouleversé par le départ de Hamadi Jebali, en décembre dernier, ou est-il contre la mauvaise posture d’Ennahdha depuis les résultats des élections législatives, voulant à tout prix rester au-devant de la scène politique quitte à se voir octroyer des strapontins au moment où les islamistes pouvaient avoir mieux, s’ils avaient choisi une démarche qui leur soit propre , en présentant un candidat aux présidentielles et en refusant toute participation au pouvoir, au vu des résultats réalisés, et préparer un retour par la grande porte à la première occasion ?

Ces questions resteront sans réponses aussi longtemps que Jlassi lui-même se gardera de parler pour expliquer son geste.

Aboussaoud Hmidi

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