AccueilLa UNETunis-Ridha Boukadi : La contre-attaque des islamistes sur le dossier libyen

Tunis-Ridha Boukadi : La contre-attaque des islamistes sur le dossier libyen

Ridha Boukadi ambassadeur de Tunisie en Libye a lancé ces derniers jours une offensive médiatique qui a tout l’air d’une contre-attaque du mouvement Ennahdha contre le gouvernement Mehdi Jomaa. Mais Boukadi, entre le 11 et le 20 janvier, est apparu sous différentes facettes. Le 11 janvier 2015, dans l’émission « Liman Yajroo Faqat » (Seulement à celui qui ose), il se présente comme un diplomate qui a réussi sa mission, mais que le gouvernement Mehdi Jomaa a gelé, le privant même se ses droits les plus élémentaires attachés à sa qualité de haut cadre de l’Etat : un bureau, un salaire et la possibilité de poursuivre sa mission jusqu’à la nomination d’un nouvel ambassadeur. Il explique cette position de la part du département par des considérations politiques : son appartenance à Ennahdha. Il déclare qu’il est dans l’impossibilité d’agir pour libérer les deux journalistes enlevés en Libye, Soufiène Chourabi et Nadhir Ktari, parce qu’il n’en a pas l’autorisation et que de telles affaires ne peuvent pas être traitées par simple initiative personnelle, même si on a les moyens d’agir. Une semaine plus tard, le 20 janvier il accorde deux interviews, la première au portail libyen « Afrigatenews » et la seconde à l’agence de presse turque « Anadolu », et dans l’une comme dans l’autre, on a eu l’impression que l’on est en face d’une autre personne. Quittant le masque de la réserve, il affirme être en contact quotidien avec les familles des deux journalistes enlevés et aussi avec des parties libyennes qui savent tout de leur dossier et des exigences des ravisseurs (ils veulent que les blessés libyens de tous bords soient autorisés à se soigner dans les cliniques privées tunisiennes). Il va jusqu’à déplorer que les autorités tunisiennes n’aient pas exploré toutes les pistes et étudié « de manière profonde » les exigences des ravisseurs. Il recommande au passage au département de se doter de l’intelligence diplomatique requise pour résoudre ce drame humain. Il affirme de manière catégorique à Anadolu que : « Soufiene Chourabi et Nadhir Gtari, kidnappés et détenus en Libye depuis septembre 2014, sont en vie et seront prochainement libérés, si l’on accélère la cadence des négociations avec les acteurs libyens », avant d’ajouter que «les informations collectées auprès de mes contacts et réseaux personnels que j’ai réussi à tisser dans ce pays et qui m’avaient aidé à libérer le 29 juin dernier les deux diplomates tunisiens kidnappés le 21 mars et le 7 avril de l’année écoulée, me donnent de quoi espérer ».

Il assure, sur la même lancée, que « les intermédiaires qui avaient aidé à la libération des deux diplomates, notamment l’ancien ministre de l’Intérieur libyen Mohamed Al-Cheikh, le président du parti Al-Watan Abdelhakim Bel Haj et la salle d’opération des rebelles libyens (Thouar Libya) sont de nouveau à l’œuvre pour la libération des deux journalistes ».

«Mon téléphone n’arrête pas de sonner », dit-il au journaliste de l’agence turque, avant d’enchaîner : « Je continue, depuis Tunis, à négocier et à multiplier les contacts avec toutes les parties prenantes, partant de ma propre conviction que chaque seconde compte dans le sauvetage des deux citoyens tunisiens ».

Cette initiative et ces bons sentiments sont vite associés à un appel pour réorienter la politique étrangère du pays dans le conflit libyen. Il affirme clairement : « Il devient impératif de cultiver et d’adopter une vue d’ensemble du paysage politique, sécuritaire et social libyen, et de composer avec tous les acteurs qui se trouvent sur le terrain, y compris les chefs des groupes armés, sur le même pied d’égalité, en l’absence d’un vis-à-vis unique et bien déterminé ». Et dénonçant, certaines mesures prises par le « gouvernement de technocrates », tel que l’interdiction du passage terrestre et aérien en direction de la Tunisie pour certains et l’autorisation pour d’autres (pour des prestations sanitaires ou autres besoins), Ridha Boukadi affirme qu’une telle démarche a davantage compliqué la situation et alimenté la tension entre les deux pays.

Sur un autre plan, il fait observer qu’une intervention internationale, chapeautée par la France dans le Sud libyen afin de neutraliser les groupes armés qui y sévissent ne fera que rendre la situation plus compliquée.

On est donc en face d’une lecture différente de ce qui se passe en Libye, qui rejoint bizarrement la position annoncée par Moncef Marzouki, le 20 mai 2014 , lorsqu’il a pris contact avec le président du Parlement libyen, le Congrès national général (CNG), Nouri Bousahmine pour lui signifier que «la Tunisie se tient aux côtés du peuple libyen face aux menaces contre ses institutions légitimes», et ce au moment où un nouveau parlement a été élu générant une autre légitimité reconnue par toute la communauté internationale, sauf le Qatar, la Turquie d’Ordogan et le Soudan de Hassen Al-Bachir.

Le ministère tunisien des Affaires Etrangères, par la voix du directeur chargé de la communication, a démenti les propos de l’ambassadeur Ridha Boukadi selon lesquels les deux journalistes seraient libérés, à la condition que les blessés libyens soient admis dans des cliniques privées tunisiennes pour soins.

Le responsable a par ailleurs indiqué que le diplomate aurait dû livrer ces informations à la cellule de crise créée au sein du ministère des Affaires étrangères au lieu de recourir à un support médiatique étranger.

Il a d’autre part assuré à « Africanmanager » que les efforts des autorités tunisiennes se poursuivent afin de trouver une issue à ce problème.

Aboussaoud Hmidi

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