Le Comité des Sages des forces de Sûreté Nationale, est la dénomination de la nouvelle structure consultative au sein de l’Union Nationale des Syndicats des Forces de Sureté Tunisienne (UNSFST), créée, mercredi 22 avril 2015. Le comité rassemblait les anciens hauts gradés et dirigeants de la police tunisienne du temps de Bourguiba et Ben Ali, dont nul ne peut nier ou marginaliser le rôle dans la lutte contre le terrorisme.
Ce comité des Sages a été institué conformément aux recommandations de feu Montassar Matri, qui ont été données lors du congrès de l’UNSFTST, tenu en 2012 à la Goulette. Il sera présidé par l’ancien chef de la sûreté du président de la République, Ali Seriati dont la carrière sécuritaire est de 45 ans (25 ans dans l’armée et 20 ans dans la police). Il a été instructeur à l’Académie militaire et à l’Ecole de la sûreté intérieure tout en assurant différentes responsabilités de premier rang : Directeur de l’Académie militaire, Directeur générale de la Police militaire, Directeur général de la Sûreté nationale, Chef de la Sûreté du président de la République.
Aux cotés Seriati, on retrouve, après un intermède de plus de 4 ans d’absence de la scène nationale, les anciens responsables du système sécuritaire de Ben Ali, Adel Tiouiri, Lotfi Zouaoui et Jalel Boudriga… et plusieurs autres personnalités.
Cette réapparition a suscité l’étonnement de l’opinion publique, et les tourments des défenseurs des droits de l’Homme et évidemment donné des frissons aux victimes de l’ancien régime qui voient en ce comeback l’échec de la justice transitionnelle et un « retour » du régime policier et dictatorial.
De larges franges de Tunisiens ont salué cette « confiance » retrouvée dans ces maîtres de la stratégie policière de la Tunisie postindépendance, qui ont contribué pendant de longues années à préserver le pays contre le terrorisme qui sévissait dans la région depuis la fin des années 1980, et vu dans cette initiative l’ébauche d’une normalisation du secteur. L’UNSFST cherche à profiter du savoir-faire des membres de ce comité dans la « guerre » contre le terrorisme qui frappe le pays.
Dans une déclaration exclusive accordée à Africanmanager, Sahbi Jouini, secrétaire général de l’UNFTST s’est félicité de la création de cette nouvelle structure qui relève du centre d’études stratégiques de l’Union et qui aura un rôle consultatif dans les affaires qui concernent les stratégies sécuritaires.
Ce « Think Tank » sera « ouvert à toutes propositions et à toutes les parties de la société civile et même étatiques, est animé de la volonté de travailler pour l’intérêt général et pour la préservation de la souveraineté de l’Etat », déclare-t-il.
L’institution sécuritaire a été frappée dans sa structure après le 14 janvier 2011 à cause des décisions prises par Farhat Rajhi alors ministre de l’Intérieur qui avait limogé plus de 40 hauts fonctionnaires du ministère, pulvérisant ainsi une entité qui date de l’Indépendance de la Tunisie, ce qui a rendu le pays vulnérable face aux infiltrations et aux menaces des organisations terroristes.
Dans ce cadre, Sahbi Jouini nous a annoncé que les membres du comité des Sages seront une force de proposition auprès de ceux qui s’intéressent à la réforme sécuritaire et participeront à la mise en place d’un plan de travail en ce qui concerne les affaires relatives aux dossiers des promotions des agents de police et dans les négociations sur leur situation sociale.
En outre, Jouini a indiqué que l’UNFTST fera recours à tous ceux qui ont servi la Patrie, les défendra et suivra leurs procès jusqu’au bout, en vue d’éviter les pressions et les interventions dans leurs dossiers.
« Que ce soit clair, nous tenons à ce que la justice soit appliquée en dehors de toute pression et nous veillerons à ce que tout cela soit fait, équitablement et dans des conditions normales … » dit-il.
Issam Khemakhem
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