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Tunisie-Mohsen Hassen : « Il est difficile de parler d’une reprise en 2013 »

La situation économique et financière du pays, l’impact des événements politiques sur l’économie nationale, les principales difficultés actuelles de la Tunisie ainsi que les prévisions pour les prochaines années sont au centre d’une interview accordée à Africanmanager par Mohsen hassen, enseignant universitaire et expert en économie. Interview :

1/ Que pensez-vous de la situation économique et financière du pays ?

Il ya lieu de reconnaître que malgré la crise profonde de la zone euro et en particulier chez les principaux partenaires commerciaux de la Tunisie, l’économie tunisienne a enregistré une légère performance avec un taux de croissance de 3,6% qui n’arrive cependant pas à endiguer un taux de chômage de 17,6%, encore trop élevé.

Cette amélioration est portée essentiellement par une bonne saison agricole, un tourisme qui s’améliore mais qui n’atteint pas encore les niveaux de 2010 et le transport aérien dont le nombre de passagers a augmenté de plus que 30%

L’inflation, estimée à 5,9% au 28 février de l’année en cours, demeure très élevée à cause des prix des produits alimentaires et de l’énergie au niveau mondial, de la dépréciation du Dinar et des circuits de distribution encore très perturbés

La faible croissance des exportations, et l’explosion des importations creusent le déficit courant (8,1%, à la fin du mois de janvier de l’année en cours contre 7.4% au 31/12/ 2011). Ceci a engendré une chute des réserves en devise qui se sont néanmoins améliorées au dernier trimestre 2012 grâce aux emprunts étrangers puis se stabilisent actuellement à un niveau équivalent à 107 jours d’importation après le remboursement d’un emprunt obligataire, la fin du mois dernier, d’un montant approximatif de 330 millions d’Euros .

Le déficit budgétaire, estimé à 6,6%, est préoccupant, surtout avec la tendance haussière des dépenses de fonctionnement pour l’année en cours.

2/ Dans quelle mesure la situation économique du pays peut-elle être impactée par celle de la politique ?

Il faut signaler qu’après deux années de la Révolution, et plus d’un an après l’élection d’une Assemblée nationale constituante, le calendrier est encore flou, soit au niveau de la date des prochaines élections ou encore de l’achèvement de la rédaction de la constitution.

La situation sécuritaire est encore instable, surtout après l’assassinat du militant Chokri Belaid.

Cette situation a pesé lourdement sur la situation économique et sociale, mais la composition du nouveau gouvernement, la semaine dernière, a certainement donné de l’espoir aux Tunisiens qui souhaitent que ces priorités soient économiques et surtout en matière de relance des investissements, des exportations, de la consommation, de maîrise de l’inflation et de création d’emploi.

3/ Vos prévisions pour 2013 et 2014 ?

Les prévisions pour 2013 et 2014 restent pessimistes, surtout si la situation ne s’améliore pas en Europe et en Libye, et si l’environnement politique et social se dégrade. Déjà le gouvernement de Hamadi Jebali a révisé ses prévisions initiales d’une croissance de 4,5% pour 2013 à la baisse après les événements du début de l’année

Pour le déficit budgétaire, certains experts prévoient un creusement de ce déficit, durant la période 2013-2017, qui concorde entres autres avec les projections faites par le Fonds monétaire international (Fmi) publiées dans son dernier rapport

Les experts du FMI préconisent déjà une « consolidation », pour ne pas dire austérité, afin d’éviter une augmentation excessive de la dette publique qui avoisinera déjà les 47,2% du PIB et même à 51% du PIB si l’Etat se charge de recapitaliser les banques publiques

4/ Peut-on parler d’une reprise en 2013 ou non ? Sinon quand est ce qu’on peut en parler ?

L’année 2013 est une année d’inquiétude, et d’espoir, sur le plan sécuritaire et politique ; il me paraît difficile de parler d’une reprise dans ces conditions nationales et internationales .Les objectifs économiques du nouveau gouvernement se résument essentiellement à la création de 90000 emplois et la réalisation d’une croissance équivalente à celle réalisée en 2012

La réalisation de ces objectifs de relance économique est tributaire de la stabilité politique et de la paix social d’un côté, et de l’adoption d’une série de mesures pour faire baisser le déficit public, relancer les investissements, dynamiser la création d’emplois, le développement régional et la croissance économique, de l’autre

5/ Les principales difficultés actuelles de la Tunisie ?

Les difficultés actuelles de la Tunisie sont énormes, je m’inquiète de la situation du secteur bancaire avec des créances accrochées estimées à 13% de leur portefeuille de crédit, un système de compensation inefficace, un déficit budgétaire, un endettement public et un système de sécurité sociale en début de crise.

Je m’inquiète aussi d’un modèle de développement inapproprié qui mérite une révision rapide.

Khadija Taboubi

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