AccueilLa UNETunisiens diplômés: L’irrésistible appel de l’exode

Tunisiens diplômés: L’irrésistible appel de l’exode

Au jour d’aujourd’hui, le maître-mot de tous les débats et discussions, qu’il s’agisse de formel ou d’informel, c’est  la migration.

Un phénomène qui existe depuis la nuit des temps, mais qui n’a  cessé de prendre de l’ampleur ces dernières années avec la dégradation de l’économie tunisienne, la  détérioration  du pouvoir d’achat, le chômage, la fragilité de l’insertion professionnelle des jeunes ainsi que les conditions de travail de plus en plus dévalorisantes.

C’est dans ce contexte que l’IACE a organisé une table ronde, ce mercredi 28 septembre 2022, autour du marché du travail à l’international en présence de plusieurs parties prenantes comme l’ANETI, l’ATCT ainsi qu’un professeur en sociologie et un médecin représentant le corps médical.

Un million  700 mille Tunisiens affairés à  préparer leurs dossiers migratoires, un chiffre plus qu’alarmant qu’avait dévoilé Houbeb Ajmi, directrice du centre de l’emploi au sein de l’IACE,  et qui ne peut que confirmer la recrudescence de ce phénomène en Tunisie.

« La Tunisie est le deuxième pays arabe concerné par la fuite des cerveaux ! », a-t-elle ajouté.

Un marché de l’emploi quasi saturé

Parlant de certaines spécialités comme les professions médicales et paramédicales ainsi que l’ingénierie, Ajmi a expliqué que l’envie de migrer chez les jeunes  s’accentue  au prorata du choix de la branche d’étude où le choix actuel des bacheliers se cristallise  essentiellement  autour des  chances et des possibilités de migration pour chaque domaine, d’autant plus que le marché de l’emploi tunisien est devenu incapable d’absorber les nouveaux diplômés. « Dans le meilleur des cas, nous n’avons que 80 mille nouveau postes d’emploi chaque année avec un taux de croissance ne dépassant pas les 2 %  », a-t-elle souligné.

En effet, le nombre de diplômés de l’enseignement supérieur est de l’ordre de 60 mille diplômés par an contre 30 mille diplômés de la formation professionnelle.

« C’est l’inverse qui devrait se produire, dès lors que le marché de l’emploi est incapable d’absorber ce grand nombre de diplômés de l’enseignement supérieur », a-t-elle ajouté.

Ce constat ne pourrait qu’expliquer pourquoi la Tunisie a atteint un taux aussi important de chômage.

« La Tunisie se place à la  2ème position après la Palestine en termes de chômage , un taux gravitant autour de  38 % », a révélé  le Directeur Général de l’agence tunisienne de coopération technique, Borni Salhi.

Les spécialités les plus demandées

Les motivations de l’émigration sont multiples mais l’absence d’un projet sociétal ainsi qu’une atmosphère propice au développement sont parmi les raisons les plus importantes qui ont  fait que   travail rime avec  migration chez le Tunisien, selon le sociologue Mohamed Jouili.

Entre 800 et 1000 Tunisiens quittent la Tunisie chaque jour,  et ce fléau n’est pas près de s’arrêter, bien au contraire, il a tendance à s’accentuer, selon le sociologue.

De son côté, Rim Belltaief, cadre supérieur à ANETI et consultante en emploi international,  a affirmé que les diplômés de la formation professionnelle sont les plus demandés à l’étranger et surtout au Canada. « Il y a beaucoup de diplômés de l’enseignement supérieur qui ont effectué une reconversion professionnelle surtout en métiers de restauration et de bâtiment », a-t-elle ajouté.

Pour ce qui est des ingénieurs développeurs, elle a confirmé que la plupart d’entre eux se trouvent  déjà en France.

S’agissant du domaine médical et paramédical, il y a une forte demande sur les médecins tunisiens en France surtout dans certaines spécialités lourdes comme la réanimation, selon  des sources médicales.

« Depuis quelques années, les médecins tunisiens ne reviennent plus en Tunisie comme c’était le cas auparavant vu les conditions lamentables dans nos hôpitaux », a déclaré  un  médecin réanimateur.

Des salaires alléchants et des conditions de travail et de vie plus que confortables, en plus d’un cadre juridique protégeant les praticiens, ne peuvent qu’encourager ces jeunes et moins jeunes  Tunisiens à émigrer, aujourd’hui,  vers les pays européens et principalement en France ainsi qu’aux pays du Golfe.

Sans trancher et affirmer s’il s’agit bien d’un phénomène complètement négatif, les intervenants  ont conclu qu’il faudrait avoir une vision stratégique à long terme de la part de l’Etat car on ne parle plus d’un marché local aujourd’hui mais plutôt d’un marché international ouvert avec de nouvelles exigences dont il faut tenir compte.

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1 COMMENTAIRE

  1. On parle de chômage au moment où les Tunisiens laissent leurs places aux africains sans papiers, dans les chantiers, aux stations de lavage, en agriculture, en gardiennage et j’en oublie. On parle de chômage alors que des dizaines de milliers de salaires sont distribués pour des postes non productifs ou inutiles. Depuis 2011, je n’arrive pas à connaitre qui dirige notre pays, de plus en plus blessé, ni comment il est orienté.
    C’est difficile de diriger notre peuple, sans staff de commande super bien informé de la réalité apparente et cachée de notre peuple, plein de contradictions, de différentes mentalités et de convictions. Nous sommes tous responsables de notre situation actuelle, d’anarchie, de banditisme, d’égoïsme exagéré et bien d’autres maux.
    Cela fait mal au cœur de voir nos futures générations souffrir et quitter leurs parents, souvent avec amertume. Ils se sacrifient pour espérer avoir des jours meilleurs.
    Les anciennes générations se sacrifiaient pour servir rester dans leur pays. De nos jours nos enfants se donnent la mort pour le quitter.
    C’est une perte pour les parents et une déperdition d’énergies humaines pour le pays. Malheureusement, les querelles pour le pouvoir persistent aux dépens de toute une génération en détresse.
    Je n’ai plus totale confiance en personne, car tous cavalent vers les éphémères chaises. J’espère que le printemps arabe ne laisse pas derrière lui un été brûlant. Je garde encore le minimum d’optimisme dans l’espoir de voir une meilleure compréhension entre tous les coureurs vers les éjectables chaises pour qu’ils puissent redonnent aux Tunisiens le sincère sourire qui exprime l’optimisme et la fierté d’être Tunisiens.

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