AccueilLa UNEUn Parlement dans la pure orthodoxie de la Constitution de 2022

Un Parlement dans la pure orthodoxie de la Constitution de 2022

Au rebours de son défunt prédécesseur, le Parlement qui s’est mis en place, le 13 mars 2023, au palais du Bardo,  et au regard de l’orthodoxie qui lui a été  imprimée, va devoir cultiver la vocation d’une fonction législative, forcément dépossédée  de tous les attributs d’un pouvoir constitué faisant jeu égal avec ceux qui composent généralement l’Etat  dans son acception infuse.

Tel est le pédigrée qui lui a été donné par la Constitution de 2022, fondatrice de l’actuelle République, à laquelle échoit la tâche de rompre avec toutes pratiques constitutionnelles et autres qui ont prévalu , une dizaine d’année durant, de 2011 jusqu’au  25 juillet 2021. La nouvelle Représentation nationale, telle qu’elle a fonctionné, dès ses premiers commencements, semble ne pas avoir dérogé à cette rhétorique, exerçant les prérogatives qui lui sont reconnues, à l’enseigne d’une mécanique  dont l’ordonnance donne à penser qu’elle sera bien huilée.

Sans coup férir, la nouvelle Assemblée des Représentants du Peuple, qui a gardé son siège et conservé son nom, s’est donné un perchoir issu d’un vote plié le jour même de l’inauguration de sa législature , avec un président venu tout droit du Barreau, qui jure avec son prédécesseur, le ci-devant chef du mouvement Ennahdha, Rached Ghannouchi, qui avait fait des pieds et des mains pour s’y trouver. Le désormais président de l’ARP, Brahim Bouderbala  n’aura vraisemblablement pas à gérer les esclandres qui avait émaillé l’hémicycle, même s’il a eu à connaître d’une péripétie assez inédite  sous les lambris du palais du Bardo. Entendons par cela l’interdiction qui a été faite aux médias privés et internationaux  de couvrir la première séance plénière du nouveau Parlement.

Ila expliqué aux médias, sans doute sans les convaincre, que cette mesure visait à ne pas réfléchir  une image inconvenante qui contribue à la trivialisation de la vie parlementaire et politique. Dans le même temps , il  s’est engagé à réaffirmer la liberté de la presse et les bonnes relations avec les journalistes., bien que l’Etat ait interdit aux médias privés et internationaux de couvrir la première séance plénière des législateurs élus lors des législatives impopulaires du 17 décembre.

« Nous nous emploierons à l’avenir à renforcer les relations avec les médias et nous ne laisserons personne de côté », a-t-il  promis.

Il n’en demeure pas moins que le syndicat des journalistes tunisiens a protesté contre cette décision appliquée avec beaucoup de zèle  par les  services de sécurité déployés  devant les portes du parlement qui  n’ont autorisé que les représentants des médias publics à entrer dans le bâtiment, laissant des dizaines de journalistes et de photographes  faire le pied de grue à l’extérieur.

Le Syndicat des journalistes a condamné cette interdiction  la décrivant comme « un dangereux précédent » qui viole les droits garantis par la constitution et la législation, ainsi que le droit de savoir et d’accéder à l’information. Le syndicat a également déclaré que cette interdiction ouvrait la voie à l’imposition de politiques de « black-out ».

« Cette pratique dangereuse s’inscrit dans le cadre d’une politique systématique adoptée par les autorités à l’encontre des journalistes, hommes et femmes, et de la liberté de la presse », a ajouté le syndicat.

Sur quelle orbite le Parlement va tourner ?

Un épisode  qui n’aurait pas l’heur de réhabiliter comme il se doit un Parlement frappé d’une  suspension de 20 mois et qui se réunit pour la première fois sans partis politiques et avec moins de femmes, alors que l’on craint que l’influence de l’assemblée ne soit limitée par le gouvernement, comme le note des médias étrangers dont Prensa Latina qui rappelle que le président de la République, Kais Saied, avait retiré aux  membres du Parlement suspendu puis dissous ,leur immunité judiciaire .

Selon la constitution que Saied a lui-même rédigée,  souligne la même source, le parlement sera bicaméral et comprendra un conseil des représentants régionaux, dont l’autorité et le système de vote ont été révélés cette semaine.

Dépouillé de ses pouvoirs, le nouveau parlement bicaméral de 161 sièges ne sera plus en mesure d’approuver un gouvernement ou de déposer des motions de censure contre celui-ci ou contre le président.

« Même si les opposants se présentent à l’intérieur du parlement, tout ce qui est nécessaire pour les contraindre sera là : ils peuvent être révoqués s’ils ne respectent pas leur programme électoral et ils peuvent perdre leur immunité », explique l’analyste Hatem Nafti, qui examine la théorie politique de Saied , cité par Prensa Latine.

Egalement,  le fait que seules 25 femmes aient été élues au Parlement inquiète les organisations féministes, qui y voient un recul dans la lutte pour les droits des femmes, alors que l’on s’attend à ce que les femmes soient isolées du débat politique.

Les partis politiques ont également été exclus par le président de la République après avoir  siégé au Parlement au cours de la dernière décennie.

« Pour lui, la simple idée d’un parti pervertit la volonté populaire et en 2019, lorsqu’il est arrivé au pouvoir, il a déclaré qu’il n’allait pas les interdire mais plutôt les laisser mourir de mort naturelle. Aujourd’hui, le fait d’adhérer à un parti politique va devenir un acte d’opposition », explique l’analyste.

Après la dissolution des conseils municipaux, cette  semaine, la question tourne désormais autour des élections présidentielles prévues en 2024, auxquelles l’opposition se prépare.

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