C’est finalement au taux de 1,6% que s’est située, la croissance du PIB tunisien au premier trimestre 2025, corrigé des variations saisonnières en glissement annuel, précise l’Institut national de la statistique (INS).
En glissement trimestriel, c’est-à-dire par rapport au quatrième trimestre de l’année 2024, le PIB en volume aura diminué de 0.2%, indique l’INS, dans une note rendue publique, jeudi.
La croissance au cours des trois premiers mois de 2025 a été principalement tirée par la performance du secteur agricole, qui a enregistré une augmentation de la valeur ajoutée de 0,7% par rapport à la même période de 2024, ce qui a contribué à hauteur de 0,59 point de pourcentage à la croissance globale du PIB, à fin mars 2025.
De même, le secteur industriel a connu une croissance de 0,5% au cours du trimestre 2025. Idem pour le secteur des services, qui a réussi, à son tour, à maintenir son rythme de croissance positif, avec une valeur ajoutée en hausse de 1,1%, contribuant, selon les estimations, à hauteur de 0,66 point de pourcentage au taux de croissance enregistré pour le trimestre.
L’INS a fait état, en outre, d’une augmentation de la demande intérieure, constituée des dépenses de consommation et de l’investissement, de 3,7%, dont la contribution à la croissance est estimée à 4 points.
En revanche, la contribution du commerce extérieur net à la croissance, durant le premier trimestre 2025, a été négative (-2,4 points), étant donné que les importations ont évolué à un rythme plus important (8,6%), que celui des exportations (4,5)%.
Pour rappel, la croissance est passée, en glissement annuel, de 0,3%, au cours du premier trimestre 2024, à 1%, durant le 2ème trimestre 2024, avant d’atteindre 1,8%, au 3ème trimestre 2024, et de s’établir au niveau de 2,4%, durant les trois derniers mois de l’année 2024.
La projection de la Banque mondiale
Nul ne peut prévoir avec précision ce qu’il devra advenir de ce taux de croissance au terme de l’exercice 2025, encore moins de l’année 2026. Selon le dernier Bulletin de mise à jour économique de la Banque mondiale pour la Tunisie, intitulé Une meilleure connectivité pour la croissance, l’économie tunisienne devrait enregistrer une croissance de 1,9 % en 2025, contre 1,4 % en 2024, portée par de meilleures précipitations et une stabilisation progressive dans les secteurs clés. Si le secteur manufacturier reste confronté à des difficultés, la résilience du tourisme et de l’agriculture soutient la reprise, selon le dernier Bulletin de mise à jour économique de la Banque mondiale pour la Tunisie, intitulé Une meilleure connectivité pour la croissance.
La croissance devrait se stabiliser autour de 1,6-1,7 % en 2026-2027. Bien que les incertitudes liées au commerce mondial et le financement extérieur limité puissent poser certains défis, une dynamique de réforme plus forte et une modération de l’incertitude liée au commerce mondial pourraient contribuer à améliorer les perspectives à moyen terme du pays.
L’effet tarifaire américain
Autre projection de croissance du PIB de la Tunisie, celle de l’agence de notation Fitch annoncée cette semaine après avoir été baissée suite à l’’annonce en avril 2025 des tarifs douaniers américains de 1,2% à 1,0% en 2025 et de 2,1% à 1,5% pour 2026. Ces prévisions sont plus pessimistes que celles du Fonds monétaire international (FMI) qui tablent sur une croissance de 1,4 % pour les deux années.
L’impact direct des droits de douane sur la croissance tunisienne sera, cependant, relativement limité, ajoute l’agence de rating, au motif que les exportations tunisiennes vers les États-Unis ne représentaient que 1,1 milliard USD (2,2 % du PIB) en 2024, ce qui est beaucoup moins que dans de nombreux autres marchés émergents.
les États-Unis ont annoncé des droits de douane réciproques de 28,0 % sur les importations en provenance de Tunisie, qui ont toutefois été presque immédiatement remplacés par des droits de douane provisoires de 12,3 % pendant 90 jours . Bien que les autorités tunisiennes négocient actuellement avec les États-Unis pour tenter de réduire le taux tarifaire réciproque, Fitch pense s pensons qu’elles demeureront confrontées à des défis.
S’ils sont pleinement mis en œuvre, les droits de douane auront un impact négatif sur les exportations de produits clés vers les États-Unis, tels que l’huile d’olive et les dattes.
D’autre part, l’impact des droits de douane américains sur la croissance des principaux partenaires commerciaux de la Tunisie (notamment la zone euro) sera plus prononcé. Fitch a revu à la baisse ses prévisions de croissance pour la zone euro de 1,2 % à 0,6 % en 2025 et de 1,4 % à 1,2 % en 2026 en réponse au changement de politique des États-Unis. La croissance des trois principaux marchés d’exportation de la Tunisie, à savoir la France, l’Italie et l’Allemagne, restera inférieure à 1,0 % en 2025 et 2026. Fitch s’attendait déjà à une baisse de la demande pour les exportations tunisiennes de la zone euro cette année, en particulier pour l’huile d’olive, et « maintenant, nous pensons que la baisse sera encore plus forte », fait savoir l’agence de notation.