Les 12 millions de Tunisiens ont vu leur niveau de vie baisser régulièrement depuis la révolution de 2011. Le chômage est élevé, l’inflation s’accélère, les services publics et les filets de sécurité sociale font défaut en raison des ralentissements économiques répétés et des mesures d’austérité. Les pénuries de produits de première nécessité sont fréquentes, tandis qu’un quart des enfants tunisiens vivent sous le seuil de pauvreté. C’est sous ces traits que s’articule la situation économique de la Tunisie, ce qui commande au pays de « s’engager sur la voie d’une prospérité durable, se libérer de cette spirale en s’attaquant aux problèmes structurels et en reprenant le contrôle de sa souveraineté économique et monétaire, estime le think tank Tahrir Institute for Middle East Policy (TIMEP)qui note, cependant, que les dirigeants actuels ont commencé à intégrer une telle attitude dans leur rhétorique et ont pris quelques mesures concrètes à cet égard, bien qu’elles soient encore insuffisantes.
Vers un nouveau mode de développement
La poursuite de la souveraineté économique et de la résilience de la Tunisie devrait donner la priorité à des piliers essentiels tels que la souveraineté énergétique et alimentaire, la gestion sobre de l’eau et de l’énergie, des politiques commerciales plus équitables et une stratégie industrielle promouvant une plus grande valeur ajoutée, recommande TIMEP. En s’attaquant stratégiquement à ces domaines, la Tunisie peut ouvrir la voie à un avenir plus prospère et plus résilient, fondé sur les principes de souveraineté, de durabilité et de justice sociale.
Pour répondre à la question urgente de la réduction de la dépendance aux combustibles fossiles, la Tunisie pourrait adopter une politique holistique et juste en matière d’énergie renouvelable. L’allocation d’investissements publics stratégiques à l’énergie solaire et éolienne pourrait réduire le fardeau des importations coûteuses de combustibles fossiles, créer des emplois dans le secteur des énergies renouvelables et aligner le progrès économique sur les impératifs de durabilité.
En outre, le fondement de la souveraineté économique repose invariablement sur le socle de la souveraineté alimentaire.
En donnant la priorité aux pratiques agricoles durables, on réduit la dépendance à l’égard des importations et on améliore l’autosuffisance, tout en s’attaquant au changement climatique et à la menace de pénurie d’eau. Notamment, cet équilibre environnemental s’aligne parfaitement sur la stabilité économique, étant donné que des ressources bien gérées réduisent invariablement les coûts et renforcent la résistance aux chocs extérieurs.
Des solutions structurelles
L’approche traditionnelle consistant à s’appuyer fortement sur l’exportation de matières premières, le tourisme et les exportations de produits à faible valeur ajoutée a échoué, affirme le think tank. Pour sortir de ce cycle, la Tunisie doit s’orienter vers la promotion de relations commerciales plus équitables, en particulier avec les pays du Sud qui partagent des réalités économiques similaires. En passant de l’extraction de ressources pour l’exportation à un modèle qui valorise la croissance inclusive et les partenariats mutuellement bénéfiques, la Tunisie peut renforcer ses industries nationales et contribuer à l’économie régionale et continentale au sens large.
Le débat en cours en Tunisie est principalement axé sur des solutions à court terme pour répondre aux défis économiques immédiats. Par conséquent, il est crucial de se concentrer sur des solutions structurelles à long terme qui sont facilement identifiables, mais qui sont entravées par des obstacles liés à l’économie politique. La recherche par la Tunisie d’une prospérité durable nécessite de s’éloigner des approches conventionnelles qui perpétuent les crises cycliques.
Il importe de favoriser une concurrence loyale, freiner l’inflation et canaliser les ressources vers une croissance économique et un bien-être plus larges. Le chemin de la Tunisie vers la transformation économique nécessite un leadership visionnaire et un engagement à récupérer la souveraineté économique. En adoptant des stratégies innovantes et en se libérant des contraintes historiques, la Tunisie peut remodeler son paysage économique, améliorer le niveau de vie de sa population et inspirer le progrès dans toute la région, conclut TIMEP.
