Une femme tuniso-belge , Sourour Abouda, a été retrouvée morte dans une cellule de la police de Bruxelles. Elle est la troisième personne d’origine maghrébine à décéder dans des circonstances inexpliquées dans ce commissariat de la rue Royale.
Sa famille conteste la thèse officielle du suicide et a demandé au gouvernement tunisien de mener sa propre enquête, a selon le site openDemocracy.
Le 11 janvier, Sourour Abouda est allé déjeuner et boire un verre avec des collègues dans un restaurant portugais de Bruxelles pour fêter la nouvelle année. Le lendemain, à 8 h 34, cette assistante sociale et mère de famille de 46 ans a été retrouvée morte dans une cellule de la police.
« On a parlé un peu, on a ri un peu, et puis je ne l’ai plus revue », a déclaré Fabrice Gérard, qui connaissait Abouda et l’a vue dans un autre café la même nuit. Gérard est également journaliste pour la RTBF, le service public belge de radio et de télévision en langue française.
Selon Gérard, la police a dit à la famille d’Abouda qu’elle était morte par suicide, en utilisant son sweat-shirt pour s’étrangler, mais la famille réfute cette affirmation.
« Sa famille a déclaré qu’elle n’avait jamais manifesté des tendances ou des idées suicidaires par le passé. Elle n’aurait jamais laissé son fils seul », a déclaré l’avocate de la famille, Selma Benkhelifa, à openDemocracy. « Tout à coup, dans une [cellule] de police, elle décide de se suicider sans aucune raison apparente ? C’est très étrange. »
Le parquet a également affirmé que « le décès pourrait correspondre à un suicide ». « Sur la base des premières constatations et du rapport d’autopsie provisoire, il semblerait qu’il n’y ait pas eu d’intervention d’un tiers », a déclaré un porte-parole le 16 janvier.
Une enquête judiciaire sur la mort d’Abouda, menée par le Comité P, l’organe de surveillance de la police belge, est actuellement en cours.
Benkhelifa et la famille n’ont pas vu de rapport de police, ni de vidéosurveillance de la nuit où Abouda a été arrêtée, ni de vidéosurveillance de sa cellule, ni de rapport d’autopsie.
Soumaya, la sœur d’Abouda, a déclaré à openDemocracy que la famille était occupée à organiser l’enterrement d’Abouda en Tunisie et à essayer de mettre en place une « contre-enquête » là-bas, car « l’État belge ne nous aide pas ». Ils attendent actuellement les résultats d’une deuxième autopsie.
Abouda est la troisième personne d’origine maghrébine en deux ans à être retrouvée morte dans une cellule du même commissariat, situé rue Royale à Ixelles, une banlieue chic du sud-est de Bruxelles.
Un porte-parole de l’ambassade de Tunisie à Bruxelles a déclaré à openDemocracy la semaine dernière : « L’ambassade est en contact permanent avec la famille du défunt et les autorités belges (fédérales et régionales) pour connaître les circonstances exactes du décès du ressortissant tunisien Sourour Abouda, dans les meilleurs délais. »
