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Tunisie : Fitch dégrade les notes souveraines de la Tunisie avec perspective stable (mise à jour)

L’agence de notation Fitch a abaissé la note de défaut émetteur à long terme en monnaie locale et en devises étrangères de la Tunisie de BB- à B+ avec perspective stable. Les notes d’émission d’obligations de premier rang non garanties ont également été dégradées de BB- à B+.

Fitch a cependant confirmé la note de défaut émetteur à court terme en monnaie locale et en devises étrangères à B. Le plafond pays a été révisé à la baisse à BB-.

L’agence a expliqué la dégradation des notes de la Tunisie par l’effondrement du tourisme dans le contexte des risques de sécurité élevés, le ralentissement de l’investissement sous l’effet des fréquents changements de gouvernements et des épisodes de grèves et de troubles sociaux qui ont affaibli les performances de croissance et les perspectives économiques, avec des retombées négatives sur les finances extérieures et publiques.

Ceci peut être constaté dans le creusement du déficit budgétaire et du déficit courant qui ont contribué à une augmentation rapide de l’endettement public et extérieur. Les risques de sécurité sont élevés et les incidents au cours des dernières années ont conduit à un effondrement du tourisme, une composante importante de la croissance et des rentrées de devises. Des mesures ont été prises pour renforcer l’appareil de sécurité après les attentats terroristes de 2015, et la tentative avortée de Ben Guerdane en mars 2016. Ceci a permis d’éviter la réédition de nouvelles attaques jusqu’à présent, mais les risques restent élevés, compte tenu de l’insécurité en Libye et du chômage élevé qui alimente les troubles et la radicalisation des jeunes. Une autre menace émane des combattants tunisiens qui rentrent dans le pays après avoir essuyé des défaites dans les zones de conflits à l’étranger.

Une croissance de 2,3% en 2017

Fitch estime à 1,2% le taux de croissance pour 2016 contre une moyenne de 4,5% avant la Révolution et une moyenne de 4,0% dans les pays comparables notés ‘B’ et 3,5% pour ceux notés ‘BB’. Les rentrées du tourisme ont continué de baisser, mais à un rythme modéré (en baisse de 8% en glissement annuel en septembre, contre une baisse de 38% au 1er semestre 2016). Fitch prévoit une croissance de 2,3% en 2017 et de 2,5% en 2018, ce qui reflète le fait que la consommation privée sera soutenue par des hausses de salaires, une modeste reprise des flux touristiques, et une remontée plus rapide des investissements qui sera facilitée par l’adoption d’un nouveau code de l’investissement et par la dynamique créée par la conférence Tunisie 2020, tenue en novembre dernier.

Pour ce qui est du déficit, Fitch l’estime au taux de 6,4% du PIB, soit deux points de plus que l’objectif budgétaire initial, en augmentation par rapport au taux de 5,2 % en 2015. Le glissement peut être partiellement attribué à des facteurs temporaires, notamment la nécessité d’embaucher du personnel de sécurité, ce qui a contribué à une augmentation de la masse salariale (actuellement établie à 14,6% du PIB). Cela a conduit à une augmentation la dette brute des administrations publiques (GGGD) à près de 64% du PIB en 2016, contre des moyennes de 51% pour les pays comparables notés ‘BB’, et 56% pour ceux noyés ‘B’.

La faible entame de l’année 2016 et le processus de négociation prolongée pour le budget 2017 entament la confiance de Fitch dans la capacité du gouvernement à respecter les objectifs budgétaires à venir. L’agence s’attend à ce que le déficit budgétaire reste élevé à environ 6% du PIB jusqu’à 2018. En raison de l’opposition politique, le gouvernement est revenu sur sa proposition de gel des salaires pour 2018. Le coût de l’annulation de la mesure annulée sera en partie compensée par une pause prévue dans les recrutements, mais la masse salariale devrait, selon Fitch, consommer environ 70% des dépenses courantes primaires cette année, laissant peu de place pour la consolidation.

Un endettement de plus de 70% en 2018

Selon les projections de Fitch , le taux d’endettement public rapporté au PIB dépassera les 70% en 2018. L’agence estime que le gouvernement devra emprunter l’équivalent de 7% du PIB à l’extérieur (en plus de 2,8% du PIB au titre du financement du marché intérieur) pour répondre à ses besoins budgétaires en 2017. Environ 55% du financement étranger proviendront des bailleurs de fonds multilatéraux et bilatéraux, le reste devant être financé au moyen d’émissions sur le marché international, y compris une offre de Eurobond attendue au premier trimestre 2017. La Tunisie continue de bénéficier du soutien de la communauté internationale, qui lui fournit des liquidités en devises, modère son service d’intérêt externe et étend le profil de maturité de la dette.

Toutefois, le recours croissant aux créanciers étrangers expose la Tunisie aux incertitudes au cas où elle manquerait à respecter les critères retenus pour les réformes. Une grande partie des financements concessionnels (y compris ceux de l’UE et de la Banque mondiale) est directement ou indirectement liée aux résultats du programme du FMI signé en 2016. Les progrès réalisés dans un certain nombre de domaines ont été lents à ce jour, notamment dans l’administration publique et dans la réforme du secteur financier. De l’avis de Fitch, les risques financiers liés aux retards de décaissement (pour cause de non-conformité) ne peuvent pas être écartés. Le recours accru aux financements étrangers a également rendu la dette publique vulnérable aux fluctuations des taux de change. Avec 63% des dettes libellées en devises étrangères, la dépréciation du dinar en 2016 (9% contre l’euro et de 13% par rapport au dollar) a entraîné une augmentation de 13% du stock de la dette extérieure, soit 4,3% du PIB. Le déficit du compte courant de 8,9% du PIB en 2016 était à peu près inchangé par rapport à 2015 et reflète encore les faibles flux touristiques et la baisse des exportations agricoles et énergétiques. Fitch prévoit que le déficit se creusera à 9,3% du PIB d’ici 2018, alors qu’une reprise progressive des flux touristiques compensera la baisse de la production de pétrole et la hausse des prix impactant les importations. Le déficit de la balance des paiements et l’ultérieure pression sur le dinar se déclinent dans des réserves d’avoirs nets pour la couverture des importations de seulement trois mois à la fin 2016 contre une moyenne de 3,9 pour les pays comparables.

Fitch estime la dette extérieure nette à 46% du PIB en 2016, soit plus que le double de la moyenne des pays comparables notés ‘B’. L’agence prévoit qu’elle dépassera 50% du PIB d’ici 2018. Cependant, la Tunisie a fait des progrès dans un certain nombre de domaines de réforme, notamment en adoptant la loi bancaire et le code d’investissement, en élaborant la loi des finances, et en s’engageant en 2016 au programme de quatre ans du FMI. Les risques de mise en œuvre des réformes restent élevés. La résistance aux réformes se poursuivra, étant donné les délicats contextes sociaux sécuritaires, en dépit de la composition élargie du nouveau gouvernement. Les élections municipales (prévues en 2017) et les intérêts particuliers peuvent compliquer davantage le processus. L’adoption d’une nouvelle législation relative au secteur bancaire en 2016 était une étape vers la restructuration des faibles entreprises publiques. Fitch considère que la probabilité d’une autre injection de capital est élevée, en dépit du fait que la recapitalisation effectuée en 2015 a amélioré la solvabilité.

 

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