AccueilLa UNETunisie : L’Etat est faible et incapable de protéger ses citoyens, selon...

Tunisie : L’Etat est faible et incapable de protéger ses citoyens, selon la London School !

La récente attaque terroriste contre le marché de Noël de Berlin, qui a fait 12 tués et plus de 50 blessés, a jeté une ombre sur les fêtes de fin d’année à travers l’Europe. Vue de Tunis, elle a également eu un impact majeur, quoique différent, la Tunisie, après tout, est le pays d’origine d’Anis Amri, qui en est l’auteur présumé.

Comme les Européens, les Tunisiens craignent le terrorisme. Mais ils ne craignent pas seulement des attaques terroristes individuelles, comme celles du musée du Bardo à Tunis et de Sousse en 2015, ou même les nombreux assassinats politiques qui ont endeuillé le pays depuis le changement de régime en 2011. Les Tunisiens craignent que les bouleversements sociaux détruisent leur jeune démocratie, remarquable mais fragile. La Libye voisine offre un exemple frappant de ce que cela pourrait avoir l’air, selon Erik Berglöf, directeur de l’Institut des affaires internationales à la London School of Economics and Political Science

La façon dont le gouvernement tunisien tente de gérer en solitaire la situation n’est pas séduisante. Les Tunisiens savent que leur Etat est faible et est incapable de les protéger comme il se doit. Ils pourraient finir comme l’Egypte, qui est en train de devenir un Etat policier, ou glisser dans l’orientation prise par l’Algérie, où un bref flirt avec l’Islam politique il y a 25 ans a cédé la place à une répression musclée et des années de violent conflit.

Pis encore, les préoccupations concernant le terrorisme ont tout abîmé sauf l’importante industrie du tourisme, ce qui affaiblit sérieusement l’économie. Corrélativement, un pays qui reçoit déjà le soutien du Fonds monétaire international tente d’acheter la stabilité sociale en augmentant les recrutements dans le secteur public. Pour maîtriser le déficit budgétaire exponentiel, il a choisi d’augmenter les impôts, ce qui réduit la croissance.

Une spirale institutionnalisée

Cette spirale s’est institutionnalisée, alors que les principaux syndicats ne lâchent pas prise et que la société civile déchante. Les jeunes, en particulier, perdent confiance dans les institutions, un problème grave dans un pays où 38% de la population est âgée de moins de 25 ans.

Erik Berglöf qui a rencontré à Tunis des jeunes à l’occasion d’une conférence organisée par l’ONG britannique Forward Thinking, qui prône la compréhension entre le christianisme et l’islam, a constaté que ses interlocuteurs qui viennent de tout le spectre politique, ont une chose en commun: ils se considèrent comme des victimes de la mondialisation. A leurs yeux, la communauté internationale conspire contre eux, ce qui compromet leurs chances de trouver un emploi et de fonder une famille. Cette perception a créé un terrain fertile pour les recruteurs terroristes; La Tunisie a envoyé plus de djihadistes que tout autre pays pour combattre en Syrie et en Irak.

La menace du terrorisme transfrontalier a attiré l’attention internationale sur la Tunisie. Mais ce n’est pas la seule raison pour laquelle il y a lieu de s’inquiéter sur le sort du pays. La Tunisie reste une lueur d’espoir pour la démocratie et la liberté politique dans la région. La communauté internationale doit aider à veiller à ce que la Tunisie puisse donner forme au potentiel de la révolution. Ceci doit inclure un soutien aux réformes visant le renforcement des institutions de l’Etat.

La crainte est que l’Europe ferme ses portes !

En dépit de tous ses défauts, le dialogue politique qui a été initié en Tunisie, grâce au mouvement islamiste Ennahda et aux partis non-religieux représentés au Parlement, a sauvé le pays de l’abîme politique. Mais à moins que le gouvernement puisse s’investir dans les réformes, le dialogue va s’effondrer, les perspectives des jeunes de Tunisie, à l’avenant.

Pour savoir comment s’en tenir face à une crise migratoire plus vaste, tout en atténuant ses dangers pour les migrants eux-mêmes, d’autres approches doivent être convenues avec des partenaires crédibles. Sur ce registre, la Tunisie fait figure de bon candidat. L’Europe a déjà été en mesure de négocier des accords avec la Tunisie pour restreindre les flux de migrants et renvoyer chez eux les déboutés du droit d’asile.

Cependant, l’attaque de Berlin a révélé les limites de la capacité institutionnelle de la Tunisie. Apparemment, l’expulsion d’Anis Amri de l’Allemagne a été retardée en raison de la lenteur de la bureaucratie tunisienne à confirmer son statut de ressortissant tunisien.

Voilà pourquoi la communauté internationale doit allouer à la Tunisie assez de ressources pour renforcer les institutions de l’Etat autant que la société civile, ainsi qu’une vision d’une intégration plus étroite avec l’UE pour que le processus politique soit mené à bon port, comme elle l’a fait en Ukraine, par exemple. Il ne saurait être question d’une adhésion à l’UE, mais d’une ouverture des marchés et d’un assouplissement des restrictions de visas (certes difficile à faire accepter après le massacre de Berlin).

La crainte, en Tunisie, est que l’Europe ferme ses portes. Une éventualité qui s’est précisée sitôt on a su que l’auteur de l’attaque de Berlin est de nationalité tunisienne. En tentant de s’isoler du monde extérieur, l’Europe finira par priver les citoyens de ce pays de tout espoir d’une vie meilleure chez eux, craint le directeur de London School of Economics and Political Science.

- Publicité-

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

Réseaux Sociaux

108,654FansJ'aime
480,852SuiveursSuivre
5,135SuiveursSuivre
624AbonnésS'abonner
- Publicité -