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Tunis : Seul le FMI est optimiste. C. Ayari en doute, R. Meddeb et H. Alaya contestent et récusent

Au siège de la BCT et en compagnie de son Gouverneur, la représentante résidente du FMI (Fonds Monétaire International) en Tunisie, Georgia Albertine a présenté le  rapport sur les perspectives économiques régionales, dont ceux de la Tunisie. Optimiste pour le «modèle des révolutions arabes» et confiante dans sa résilience et sa capacité à rebondir économiquement dès la fin de ses problématiques, politique, sociale et économique, la représentante du FMI a presque dessiné un tableau idyllique des perspectives économiques de la Tunisie. Un tableau où l’année 2017 devrait représenter celle de la reprise, si ce n’est une croissance qui ne dépassera pas les 4,7 % dans 5 années. Une croissance qui restera insuffisante pour créer le nombre d’emplois nécessaire à la résorption du chômage galopant.

«Les accidents sécuritaires et tensions sociales contraignent la croissance à court terme, et  les réformes, la reprise du tourisme et la confiance et un environnent international plus favorable soutiendraient une reprise à moyen terme. L’inflation resterait contenue grâce à une politique monétaire prudente et à la baisse des prix des produits  alimentaires et énergétiques. Le déficit du compte courant resterait élevé à court terme pour se réduire à moyen terme grâce à une reprise des recettes touristiques, des exportations et une réduction des importations énergétiques et alimentaires. Les  réserves en devises resteraient à des niveaux confortables, au dessus des quatre mois d’importations, et continuerait à se renforcer sur le moyen terme», estimait le représentante du FMI.

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  • Chedly Ayari met de l’eau dans le vin du FMI

De bonnes perspectives qui réjouiraient certainement le chef du gouvernement et qui dégoûteraient plus d’un opposant. Sauf que les Tunisiens, experts, économistes et même le gouverneur de la banque centrale (BCT), n’y croient pas du tout, mettent en doute et même récusent. «Je salue l’analyse du FMI et ses projections dont j’ai pris connaissance. J’ai prié cinq fois qu’elles se réalisent, car elles ne sont pas dans nos cartons à la BCT», dit, circonspect, le Gouverneur Chedly Ayari. Il  se démarque ensuite en commentant les chiffres de la croissance présentés par le FMI,  signalant que «nos petits travaux à la BCT nous donnent des chiffres plus modestes». Ayari rebondit sur ces chiffres pour affirmer que «cette croissance prévue par le FMI et qui place la Tunisie dans une moyenne de 4,3 % nous permet de dire qu’on ne pourra plus mentir et dire qu’on fera une croissance à deux chiffres». Il avertit, tout de même, que «2016 qui sera aussi une autre année de transition, sera encore plus difficile que 2015 » et qu’il «faudra s’armer de patience et ne pas exiger plus que la situation économique ne peut donner».

Il commente les prévisions du FMI d’une inflation qui baisserait à 3,8 % d’ici 2020, en avertissant qu’une baisse de l’inflation conjuguée à  une baisse de la croissance équivaut à une déflation. Il propose «une régulation vertueuse entre inflation et croissance».Il se réjouit des prévisions du FMI concernant les réserves de change. «Ça m’a fait plaisir d’arriver à 6 mois de réserves en devises d’ici 2020» dit-il, mais en doute encore. «Je le souhaite, mais on n’en est pas là et même si on ne va pas devenir Crésus, on restera dans une situation confortable, à condition de continuer à exporter correctement et qu’on gère nos importations en bon père de famille.

  • «Soit la BCT nous cache des devises, soit les chiffres du FMI sont irréels». Dixit R. Meddeb

Mais le Gouverneur de la BCT n’était pas le seul à mettre en doute ces prévisions du FMI. «On aimerait tous qu’elles se réalisent. En réalité, elles ne représentent pas la situation actuelle de la Tunisie. Il continue à parler d’une croissance à 0,5 % pour l’année 2015, mais il est probable qu’elle se situe autour de zéro sinon moins», estime l’économiste Radhi Meddeb à Africanmanager. Et Meddeb de s’étonner que «le document du FMI présente des réserves en devises, pour l’année 2015, de 4,3 mois en jours d’importation. De deux choses l’une. Soit la BCT nous cache d’autres réserves en devises, ce qui n’est pas le cas, je pense, soit les chiffres du FMI ne correspondent pas à la réalité. Tout le monde sait qu’elles ne dépassent pas 114 jours», dit-il encore.   

L’économise Hachemi Alaya est plus direct. «C’est du n’importe quoi», dit-il à Africanmanager en commentaire des chiffres du FMI sur les perspectives de croissance pour la Tunisie pour les cinq prochaines années. Et le Professeur Alaya d’ajouter, un tantinet rieur, que «depuis 2011, ils nous disent la même chose. On va avoir la reprise en 2013, c’est ensuite pour 2014, puis en 2015 et chaque année, c’est la même chose. Moi je suis sûr qu’ils font [ndlr : les analystes du FMI] plusieurs projections et étudient plusieurs scénarii, mais qu’ils ne nous en présentent que l’optimiste».

A tout cela, on pourrait opposer que les chiffres sont, d’essence, variables et que la situation, politique, économique, sociale et sécuritaire, est tout aussi variable. Il y a 5 ans, les politiciens de l’époque affirmaient que la transition ne durera pas plus d’une année. Elle en est à la 5ème et ce n’est pas fini. On se demande alors si «les petits travaux de la BCT», comme les appelaient Chedly Ayari, et leurs prévisions d’une croissance plus modeste, ne seraient pas plus justes que ceux  du grand FMI !

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