Un groupe djihadiste a publié dimanche 22 novembre 2015, une vidéo sur internet, revendiquant au nom du groupe État islamique (EI), la décapitation d’un jeune berger tunisien, le Martyr Mabrouk Soltani âgé d’à peine 16 ans, alors qu’il faisait paître ses moutons sur le mont Mghila…
Le groupe a accusé le jeune berger d’avoir informé les forces armées sur ses mouvements dans la région de Sidi Bouzid.
La séquence vidéo commence par un message écrit sur « la vérité de l’apostat Mabrouk le berger » qui, selon le texte, donnait à l’armée tunisienne des informations sur « les soldats de l’État islamique. »
« C’est le sort de tous ceux qui sont dans les rangs des tyrans (Taghout) de la Tunisie contre Jound al-Khilafa », y lit-on également.
Puis la vidéo montre le berger, l’air effrayé, répondant aux questions d’un interlocuteur hors champ et dont la voix paraît modifiée. Les mains attachées derrière le dos, le jeune garçon, qui porte un pull gris, a avoué avoir été payé par un militaire pour surveiller les activités des djihadistes de la zone, rapporte la chaine TV5.
« Tu as balancé des informations sur les moudjahidines pour de l’argent ! », assène le djihadiste au berger, qui rétorque avec effroi : « Nous n’avons pas d’argent. »
Est-ce, vraiment, parce que sa famille a faim que Mabrouk Soltani aurait avoué sa coopération avec les autorités pour fournir des informations sur les groupes terroristes retranchés dans ces montagnes.
Selon le ministère de la Défense, le berger Martyr a été mis sous pression pour faire de telles déclarations que l’armée a catégoriquement démenties en soulignant qu’elle ne pourra se permettre d’exposer des civils aux périls terroristes.
La vidéo se termine par l’exécution du jeune homme et un chant qui menace de « venir pour décapiter » d’autres personnes.
Après avoir mis la tête tranchée du berger dans un sachet en plastique, les assassins avaient ordonné au compagnon de la victime, Chokri, 14 ans, témoin de la scène, de la remettre à sa mère.
Une semaine plus tard, la décapitation de cet adolescent continue de susciter douleur, émoi et colère chez les Tunisiens.
Invitée à l’émission « Liman Yajro’ Faqat », la mère du martyr Mabrouk Soltani le jeune berger, Zaara Soltani, assise dans le fauteuil que lui a cédé le présentateur, arrivait difficilement à enchainer les mots pour raconter le drame vécu par les parents et pendant qu’elle parlait, à plusieurs reprises, elle fondit en larmes sans manifester ni sa colère ni sa haine contre les exécuteurs de Mabrouk cet « autre d’elle-même ».
Personne ne pourra jamais oublier le regard hagard et opaque de cette vielle dame qui raconte que cette nuit-là, elle ne put dormir. Elle voyait toujours devant elle la tête tranchée de son jeune enfant qui gèle dans le réfrigérateur.
Après avoir entendu le rapport de cette femme, les invités n’ont pu rester insensibles sur leurs sièges. Tous se sont levés et pris la main de cette femme pour la consoler. Visiblement Abdellatif Mekki et Omar S’Habou qui semblent durement frappés par le témoignage de cette mère éprouvée et par le deuil et par la misère, se sont effondrés en lames sans promettre de faire quelque chose pour elle, sinon montrer leur soutien.
Toutefois, Zaaraa Soltani n’a pas oublié d’appeler toute la classe politique à porter un regard sur la misère, cette calamité qui frappe ses voisins, les terres, les diplômés des hautes études, les routes, les écoliers qui abandonnent précocement l’écoles…
