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Si on continue sur la même tendance, on se rapprochera des chiffres de 2010, dixit Jamel Gamra.

Rencontré, au cours de la tournée organisée dans la région de Sud à l’occasion de la célébration de la journée mondiale du tourisme, le ministre du Tourisme, Jamel Gamra mise pour que Tozeur soit un symbole pour un secteur vital dans l’économie tunisienne. L’objectif, selon lui, est réalisable malgré la gravité de la situation. Interview :

On est au 3ème jour de la tournée initiée par le ministère du Tourisme dans le Sud. Pensez-vous que l’objectif fixé est atteint ?

C’est très tôt pour évaluer l’impact de la tournée sur l’activité touristique. On a invité un groupe d’ambassadeurs et des journalistes dans le but de promouvoir cette destination en profitant la célébration de la journée mondiale du tourisme. Mais, l’objectif principal est de promouvoir l’offre saharienne dans le tourisme tunisien tout en orientant nos efforts promotionnels vers cette destination pour qu’elle devienne un symbole pour le tourisme tunisien.

Personnellement, je considère que le Sud est un laboratoire pour la mise en place de la stratégie du tourisme tunisien qui stipule, dans l’un de ses axes, la diversification des produits en impliquant les régions. Ceci nécessite déjà un effort supplémentaire en mettant à la disposition de la région un budget. D’où la décentralisation. Et c’est à quoi nous nous attelons déjà au niveau des institutions.

On a déjà commencé par le produit saharien. Dans ce contexte, je peux affirmer que la mobilisation de tous les intervenants demeure utile pour réussir dans les autres régions.

Quels sont les grands axes de ladite stratégie et quelle valeur ajoutée pourrait-elle donner à la région de Tozeur confrontée à plusieurs lacunes surtout après la révolution. Chose qui a causé la fermeture de 19 hôtels ?

Il y a la caractéristique de l’endettement du secteur qui l’a toujours caractérisée alors que nous sommes concernés par 10% des hôtels et la plupart des hôtels sont situés au Sud. Je pense qu’il s’agit d’un problème structurel qu’il faut résoudre avec beaucoup de courage, de franchise et de transparence ainsi que de patriotisme pour pouvoir le traiter de manière définitive.

Parmi les solutions proposées, on cite l’Accept Management Compagny (AMC) qui serait de nature à contribuer à la résolution de ce problème.

S’agissant de la stratégie, elle repose sur 5 axes essentiels puisqu’on en a changé les priorités. Il s’agit tout d’abord de la restructuration du secteur. A mon avis, le tourisme est appelé aujourd’hui à prendre sa place dans l’économie tunisienne. Cela nécessite, à mon avis, une meilleure collaboration avec la culture et l’artisanat. Le tourisme n’est pas l’hôtellerie, la restauration, mais surtout l’histoire et la culture du pays ainsi que la production nationale. Tout cela devrait être géré en synchronisation pour que le tourisme réussisse.

A ce niveau, l’important est de restructurer le métier du tourisme. En effet, j’ai rencontré plusieurs professionnels, aujourd’hui, dont chacun a son propre problème, et la limite entre un secteur et un autre n’est pas claire. La règlementation et un code du tourisme capable de mettre les règles du jeu s’avèrent une obligation de façon à créer une harmonie dans le secteur.

Le deuxième axe a trait à la diversification du produit. Nous sommes connus en tant que destination low cost, et moi, je dis un bon rapport qualité-prix et une destination balnéaire alors qu’on a beaucoup d’autres atouts et spécialités qui sont appelés à se multiplier. Dans ce contexte, on a besoin de valoriser notre tourisme culturel, sportif, golfique, de bien-être et celui saharien. Egalement dans le cadre de la diversification, on a besoin aussi de diversifier le marché. Il ne faut pas se limiter aux marchés classiques, à savoir le marché français qui connaît déjà des problèmes. Il ne faut pas que nous soyons très dépendants de ces marchés. C’est le temps de chercher de nouveaux marchés pour un secteur en forte croissance. Utile de rappeler qu’on a un milliard des touristes en 2011 dans le monde et c’est vraiment une industrie planétaire.

Aussi, il est important de diversifier l’animation qui fait défaut dans notre offre et les formes d’hébergement.

Le troisième axe vise à rendre notre offre plus compatible avec les technologies de l’information, puisqu’on est encore très dépendant des tours opérateurs, c’est-à-dire les circuits classiques de distribution au moment où les touristes font leurs réservations à partir de Net. A ce niveau, il y a beaucoup d’actions notamment de coordination avec le transport aérien et autres.

L’autre axe concerne le marketing et la promotion de la destination alors que le dernier axe vise à résoudre le problème structurel du secteur.

Beaucoup des speechs sur la diversification du produit, et ce depuis des années, mais rien n’est fait jusqu’aujourd’hui ?

Personnellement, j’ai une lecture plus positive. Je pense que pendant plusieurs années d’investissement dans le secteur, on a formé beaucoup des compétences dans l’offre tunisienne. D’ailleurs, nous sommes classés numéro 2 dans le monde en matière de bien-être avec plus 50 centres de thalassothérapie. De même, on a plusieurs sites archéologiques d’envergure et des terrains de golf importants.

Beaucoup d’atouts qui sont malheureusement mal exploités et parfois négligés ?

Tout à fait, ils sont en dessous des ambitions des professionnels. Ce qui est flagrant pour moi, c’est le manque de coordination entre les ministères concernés par le tourisme. Normalement dans la situation idéale, le ministère du Tourisme doit jouer le rôle du chef d’orchestre avec tous les autres ministères. Il ne peut pas aller sans coordination avec ces ministères.

On a besoin de cette coordination, mais qui fait désormais défaut dans cette étape actuelle. Et c’est ce que nous avons constaté dernièrement vis-à-vis la desserte aérienne à Tozeur. L’incident, à mon avis, est le résultat d’un défaut de communication.

En dépit de la mise en place d’une stratégie, jugée importante, plusieurs observateurs s’accordent sur l’importance de changer la mentalité pour pouvoir mener des réformes nécessaires pour relever ce défi de taille ?

Le tourisme est un secteur vital. On ne peut pas arrêter une chose et réfléchir à une autre. Il faut continuer pour réussir. Notre objectif est de réussir chaque saison. C’est vital pour nous dans ces prochains jours. A côté de cela, il faut affronter les problèmes en profondeur en trouvant les meilleures solutions dans un cadre planifié à moyen et à long terme.

Je pense qu’avec la stratégie mise en place et bien élaborée, on peut réaliser notre objectif, et c’est ce que j’ai ajouté à cette stratégie dans la mise en place de la stratégie pour qu’elle ne soit pas dépendante d’une telle administration ou bien d’un ministre. IL faut que la mise en place soit en elle-même avec un tableau de bord de pilotage scientifique indépendant des personnes qui interviennent. C’est une mise en place de la stratégie indépendamment du ministre.

Parlons chiffres, les indices sont certes positifs, mais on est encore loin des résultats de 2010. C’est quand même inquiétant. Qu’en pensez-vous ?

J’ai qualifié les chiffres comme étant satisfaisants, mais ils restent en dessous de nos ambitions. Il faut dire que nos objectifs sont ambitieux en revenant aux chiffres de 2010, malgré les incidents qu’a connus le pays et continue de connaître.

Malgré tout cela, on est arrivé à faire une progression, et c’est positif. Si on continue pendant les mois à venir sur la même tendance sur laquelle on est parti depuis des mois, on se rapprochera des chiffres de 2010.

Les chiffres sont relativement satisfaisants, mais les ambitions des professionnels sont encore meilleures.

Votre enjeu est d’atteindre 7 millions des touristes. Est-il possible de le faire dans pareille situation marquée par l’imbroglio politique, la montée du terrorisme ainsi que l’endettement du secteur et les préoccupations des propriétaires des agences de voyage ?

On a commencé l’année 2013 avec ces problèmes et les résultats sont bons. Donc, on va continuer. Mon espoir est de continuer sur la même tendance en réalisant une croissance de 5 et même de 10% afin de nous rapprocher des chiffres enregistrés en 2010.

On n’a pas beaucoup d’alternatives, mais nous concentrons sur notre travail.

Pour la nouvelle saison qui va commencer bientôt dans la région du Sud, pensez-vous que l’assassinat de Mohamed Brahmi, tué par balles devant son domicile aura des effets néfastes particulièrement sur le marchés émetteurs, notamment la France. D’ailleurs, on a constaté l’absence de l’ambassadeur français en Tunisie ?

On n’a pas noté d’annulations bien que l’assassinat ait eu lieu au mois du juillet, c’est-à-dire au top de la saison. Par contre, il a eu un impact immédiat sur la réservation. Je vous assure que les 10 jours ayant suivi l’assassinat de Mohamed Brahmi, on a suivi un silence total sur les réservations. Heureusement que cela reprend actuellement en revenant au taux normal, et les hôteliers sont en forme également et qui ont déjà un taux respectable d’occupation pour les mois à venir.

Pour les répercussions, on est encore au début de la saison dans la région du Sud. Ce qui va faire la différence, c’est qu’on déploie un effort supplémentaire.

Pour l’ambassadeur français qui s’est absenté. Sincèrement, j’ai l’invité, mais il s’est excusé pour un engagement préalable. C’était vraiment possible de changer le programme, mais il m’a promis de revenir.

Le tourisme est-il capable de réaliser les objectifs escomptés dans un pays où le ministre se change plus de 2 fois par an ?

Ces sont parmi les choses qui m’ont motivé en faisant appel à un bureau d’étude et de pilotage pour la mise en place de la stratégie. C’est l’essentiel, mais pour la gestion quotidienne du secteur, on a les compétences nécessaires pour y faire face.

Wiem Thebti

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