AccueilLa UNEL’hémorragie gouvernementale de Jemli, à quelques lumières près !

L’hémorragie gouvernementale de Jemli, à quelques lumières près !

Toujours en retard pour ses rendez-vous avec les journalistes, Habib Jemli qui a enfin obtenu l’aval du chef de l’Etat pour la liste de ses ministres, n’a tenu son énième point de presse prévu à 14 heures qu’une heure plus tard.

Hier encore, et après une lassante attente populaire comme à son habitude, le chef de gouvernement missionné a enfin dévoilé le secret de polichinelle qu’est cette liste qui a été fuitée depuis hier soir. Une liste où les mots-clés étaient, d’abord l’hémorragie, ensuite le doute sur l’indépendance de certains.

  • Hémorragie gouvernementale, doublée d’une flopée de secrétaires d’Etat

Une hémorragie de ministres, de ministres d’Etat et de secrétaires d’Etats. Jemli a choisi de ne rien changer aux précédents gouvernements, tout aussi hémorragiques. Il sera ainsi entouré de 42 membres (Pour l’exemple : 23 en France, 12 en Finlande, 13 en Italie, 16 aux USA et 24 pour le Maroc. Toutes des économies plus performantes et des pays nettement plus peuplés), sans compter les prochains, chef de cabinet, secrétaire du gouvernement et autres conseillers.

Toute cette armada, pour diriger un pays qui crève la dalle, endetté jusqu’à presque 80 % de son PIB et qui peine à financer lui-même son budget. Jemli a ainsi, délibérément choisi de ne pas faire dans l’économie des charges de l’Etat, et rate ainsi l’occasion de se démarquer et de donner un bon signe au citoyen, d’un gouvernement qui gèrera l’argent de l’Etat en bon père de famille.

Jemli a aussi, et tout aussi délibérément, choisi un ancien système de gestion de l’Etat, qui n’a jamais donné de bons résultats. Avec 14 secrétaires d’Etat et un «cabinet parallèle» de 3 ministres auprès du chef du gouvernement,  c’est un gouvernement en double, où les secrétaires d’Etat seront, soit obligés à ne rien faire, soit à mettre les bâtons dans les roues de leurs ministres. Un gouvernement, déjà émietté, et par la volonté de Jemli, non regroupé en grands départements complémentaires, dont les premiers et les seconds couteaux seront tous surveillés par Mohamed Hédi Bchir, une sorte de 2ème chef du gouvernement et nommé ministre auprès du chef du gouvernement chargé de l’évaluation du rendement de l’action du gouvernement.

  • Des doutes et Trois ou quatre bonnes nouvelles pourtant

Dans la liste de Jemli, certes un assez bon nombre de femmes, mais surtout beaucoup d’inconnus. Cela d’autant plus qu’on ne sait presque rien de leurs CV, à part des personnalités comme Béchir Zaafouri et Tarak Dhieb, tous deux anciens ministres dans l’ancien gouvernement islamiste de Hammadi Jbali du temps de la malheureuse Troïka, et Jamel Gamra ancien ministre du tourisme dans le gouvernement, tout aussi islamiste d’Ali Larayedh. Gamra, ancien PDG de la CTN qui a été choisi pour siéger au fauteuil du transport, aurait pris ses distances avec Ennahdha. Mais le doute persiste même s’il pourrait ne pas être raisonnable, et pourrait entacher le critère de l’indépendance brandi par son chef Habib Jemli. Doute qui sera nourri aussi, par l’indépendance de Mongi Marzouk, dont personne ne doute de la compétence.

Sans aucune intention de remettre en cause les 3 hommes et leurs compétences, on pourrait difficilement prétendre qu’ils soient indépendants, comme le prétend Habib Jemli. Et ils sont loin d’être les seuls dans ce cas, car on pourrait pousser le bouchon, jusqu’au souvenir de cette mémorable soirée chez Rached Ghannouchi et qui avait fait grande polémique, où le proposé ministre des affaires culturelles, comédien de profession, Fethi Haddaoui était présent. Haddaoui a toujours défendu son indépendance politique, mais sa présence à cette soirée politicienne du chef d’Ennahdha avait introduit le doute.

 Seul lot de consolation, le groupe de vraies compétences, telles qu’Abderrahmane Khochtali, homme de finances dont il connait toutes les arcanes, et jusqu’aujourd’hui secrétaire général du ministère des finances, dont il connait les coins et recoins, les missions, les difficultés, le potentiel, les défis et les limites. Tous ceux qui ont travaillé avec lui, disent qu’il saura être l’homme de la situation. Tout aussi bien comme Fadhel Abdelkefi, qui ne sera pas un bleu au ministère du développement et de la coopération où il avait déjà exercé, et qui a l’investissement dans son ADN. Idem pour René Trabelsi, un opérateur dans le tourisme dont il a fait en 2019 les plus beaux jours. Même chose pour l’ex Directeur Général de HP Tunisie et l’Afrique Francophone jusqu’à 2017, Sami Smaoui, une vraie compétence en matière de TICs dont il chapoterait les destinées et nous changera de l’islamiste Maaroufi et en corrigera certainement les errements partisans dans un secteur où la technologie ne doit rien à voir avec le religieux et le partisan. On pourrait ajouter à cette liste restreinte des bonnes têtes bien faites et non partisanes, Sayed Blel, ancien PDG de la CNRPS et ancien conseiller en charge du dossier social chez Youssef Chahed. Il saura certainement quoi faire lorsqu’il s’agira de mettre en forme la réforme des caisses sociales, pour ne citer que cette réforme.

Pour le reste, il y a à boire et à manger, une foi qu’ils auront dépassé l’obstacle de l’ARP, où ceux qui se déclarent contre le vote, sont plus nombreux que ceux qui se sont déclarés pour. Il est vrai que la ceinture politique, nécessaire à leur vote de confiance, reste encore aussi épaisse que le brouillard.

  • Voici l’héritage de Chahed à Jemli, s’il passait à l’ARP

Le Conseil d’administration de la BCT, une institution indépendante, a tenu sa réunion périodique le 27 décembre 2019 et a passé en revue les évolutions récentes sur les plans économique, monétaire et financier. Il dessinait ainsi le tableau économique et financier que lèguera Youssef Chahed au gouvernement Jemli.

Le CA de la BCT a, en particulier, exprimé «sa satisfaction quant à l’amélioration des principaux indicateurs monétaires et financiers, qui ne devrait pas toutefois occulter la faiblesse de la performance économique, avec un taux de croissance ne dépassant pas 1,1% durant les neuf premiers mois de l’année en cours. Ceci est lié à la baisse de l’activité du secteur industriel suite, notamment, à la contraction de la demande extérieure et à la régression de la production nationale des hydrocarbures».

Concernant l’évolution des prix, le Conseil a noté «la baisse du taux d’inflation aux environs de 6,3% en glissement annuel au cours du mois de novembre 2019, contre 7,4 % au même mois de l’année précédente. Cette évolution est due à la détente relative des prix aussi bien des produits alimentaires que des produits manufacturiers et des services. L’inflation sous-jacente (hors produits encadrés et frais) a également poursuivi sa tendance baissière pour revenir à 6,5% contre 6,8% en octobre 2019».

S’agissant du secteur extérieur, le Conseil a enregistré «la régression du déficit courant au niveau de 7,9% du PIB durant les onze premiers mois de l’année en cours, contre 9,9% pour la même période de l’année précédente et ce, à la faveur de l’augmentation des recettes touristiques et des revenus du travail ainsi qu’à la décélération du rythme de progression du déficit commercial.

Le CA de la BCT a aussi confirmé que «les avoirs nets en devises se sont consolidés pour atteindre 18.948 MDT ou 107 jours d’importation au 26 décembre 2019 contre 13.974 MDT ou 84 jours au terme de l’année 2018. Aussi, le taux de change du dinar a poursuivi son amélioration vis-à-vis des principales devises».

Il a ensuite tiré la sonnette d’alarme, pour les deux prochains ministres des finances et du développement, sur le fait que «l’amélioration progressive des principaux indicateurs monétaires et financiers demeure fragile, et devrait être soutenue. D’abord par l’accélération du rythme de la croissance à travers la multiplication des efforts des parties concernées pour rétablir les capacités de production. Ensuite l’accroissement des efforts d’investissement et la promotion des exportations, outre l’accélération du rythme des réformes visant à consolider la performance économique, améliorer le climat des affaires et assurer la viabilité des équilibres financiers globaux».

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