Une mission du Fonds monétaire international (FMI) vient de conclure les entretiens relatifs à la sixième revue sous l’article IV. Amine Mati, chef de la mission de du FMI pour la Tunisie a fait mercredi à Washington une déclaration dans laquelle il a annoncé que le FMI est parvenu à des ententes au niveau des fonctionnaires avec les autorités tunisiennes sur la sixième revue de l’accord de confirmation. Ces ententes devront être approuvées par la direction du FMI et du Conseil exécutif qui devraient se réunir fin septembre pour statuer sur la revue. À l’issue de cet examen, des DTS d’une valeur d’environ 303 080 000 de dollars seront mis à la disposition de la Tunisie. La mission du FMI qui s’et rendue en Tunisie se félicite de l’engagement continu des autorités du pays à mettre en œuvre leur programme économique national à la suite de la conclusion réussie de la transition politique, et est impatiente de poursuivre la coopération étroite pour atteindre les objectifs du programme de stabilité macroéconomique et d’une croissance plus forte et plus inclusive.
« Au cours des dernières années, l’économie tunisienne a fait preuve de résilience dans une période marquée par un environnement économique international difficile, par les retombées de conflits régionaux, des risques accrus en matière de sécurité, et des vives tensions sociales. « Cependant, après avoir atteint le taux de 2,4 pour cent en 2014, la dynamique de croissance a diminué. La croissance devrait se ralentir à 1 pour cent pour 2015 alors que les répercussions des tragiques attentats du Bardo et de Sousse et des tensions sociales persistent, comme en témoignent les sit-in et les grèves qui ont entamé les avantages tirés de l’élan confiance post-transition, de la baisse des cours mondiaux du pétrole et de la reprise dans la zone euro. Les déséquilibres extérieurs devraient demeurer élevés avec un déficit du compte courant qui s’améliore légèrement à 8,5 pour cent du PIB en 2015 tandis que les réserves de change sont restées à un niveau approprié de couverture des importations de 4 mois, ce qui est nécessaire pour renforcer les tampons externes et réduire les vulnérabilités. Les pressions inflationnistes devraient rester contenues, aidées par une baisse des prix de l’énergie et des denrées alimentaires, et une politique monétaire prudente’’.
« En réponse aux changements de l’environnement national et international, le programme des autorités a été ajusté de façon à permettre de relever les défis actuels, et les résultats globaux dans le cadre du programme appuyé par le FMI ont été satisfaisants en regard de ces défis. Tous les critères quantitatifs fixés fin mars 2015 ont été respectés à l’exception du plancher indicatif relatif aux dépenses sociales. Les progrès des réformes structurelles ont été lents, mais ont repris récemment sur le front du secteur bancaire.
« La mission a salué l’assouplissement modeste de la politique budgétaire en 2015 pour répondre aux les retombées économiques à court terme du ralentissement économique récent, notamment par le biais de dépenses de sécurité accrues et des concours financiers au profit des PME. La mission a relevé l’augmentation de la masse salariale du secteur public et a appelé à la nécessité de la contenir pour faire place aux dépenses prioritaires du capital productif, qui avaient atteint des planchers historiquement bas.
Les autorités tunisiennes sommées de baisser les prix des carburants
« La récente réduction des subventions à l’énergie, résultant de la baisse des prix mondiaux du pétrole, est un développement bienvenu. Un mécanisme automatique des prix du carburant doit être conçu de toute urgence pour permettre une baisse beaucoup plus nécessaire dans les prix à la pompe des carburants domestiques, qui sont actuellement au-dessus des niveaux internationaux pour certains produits. Il sera également important pour le gouvernement de s’empresser d’adopter la réforme fiscale, dont la conception a fait l’objet d’un long processus de recherche d’un consensus lors des consultations fiscales nationales, et qui vise à promouvoir une transparence, une efficacité et une équité plus grandes .
« Une politique monétaire prudente permettrait de continuer à contenir les pressions inflationnistes tandis qu’une plus grande flexibilité du taux de change, notamment en continuant de limiter les interventions en matière de change pour « lisser » des fluctuations importantes, contribuera à réduire les déséquilibres extérieurs et renforcer les tampons de réserve.
« La mise en œuvre du vaste programme de réforme des autorités est en cours. Cependant, avec un taux de chômage de 15,2, le besoin se fait vivement sentir de poursuivre les réformes structurelles pour stimuler la création d’emplois et aider à répondre aux aspirations de la population tunisienne pour une société plus inclusive.
« La réforme du secteur bancaire est d’une importance particulière. Les mesures prises pour renforcer les banques publiques, telles que le lancement de la recapitalisation des banques publiques et des changements dans leur cadre de gouvernance sont importantes. L’adoption d’une nouvelle loi relative au secteur bancaire et le renforcement du cadre réglementaire et de contrôle sera nécessaire pour mettre en place un secteur bancaire moderne et faciliter l’intermédiation du secteur financier.
« L’instauration de règles de jeu équitables pour les investisseurs exigera l’adoption et la mise en œuvre d’une législation clé, avec des lois sur la faillite et la concurrence. Des progrès dans le renforcement du filet de sécurité sociale par une meilleure identification et le ciblage des populations vulnérables sont aussi les bienvenus « , conclut le FMI.