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Tunisie : Les péchés capitaux d’Ennahdha qui n’arrive pas à mettre assez «d’eau dans son vin».

Alors que la Constituante poursuit, dans l’omerta d’un  grand nombre de ses membres à propos de l’objet légal de sa création, la discussion sur le projet de loi sur le partage des pouvoirs, il est bon de rappeler à ceux qui sont dans les rangs ou en dehors du parti islamiste tunisien ces quelques vérités. Des vérités factuelles, puisque émanant d’actions ou de démarches pour prendre des mesures. Des vérités qui résonnent comme autant de péchés capitaux, pour un parti qui fait du respect de la parole divine, bannissant notamment la tromperie et le mensonge et le non respect des lois, une règle cardinale,  à moins qu’Ennahdha arrive d’ici là à «mettre de l’eau dans son vin» pour reprendre une expression française bien connue, et  fasse davantage de concession conséquentes.

1-      Tuer pour survivre : Dans son projet de partage des pouvoirs, Ennahdha a commencé par annuler toutes les textes de loi qui ont précédé le sien propre ou l’ont contredit. Elle fait ainsi acte de matricide, tuant le texte fondateur qui l’a créée elle-même. On comprendrait, en effet, l’abrogation du décret-loi du 23 mars 2011, la nouvelle organisation des pouvoirs publics ne pouvant se faire concomitamment avec un autre texte qui était provisoire par essence. Cependant, n’eût-été le décret-loi du 10 mai 2011, la Constituante n’existerait pas. Comment expliquer, cependant, l’abrogation d’un autre  texte, celui de mai 2011, qui était par essence conjoncturel puisque n’étant relatif qu’aux élections de la Constituante ?  

L’explication se trouve, en effet, dans  le préambule même de ce texte qui limite l’objet de la Constituante à l’élaboration d’une nouvelle Constitution qui lui a permis d’accéder aux plus hautes instances de l’Etat, restreignant  désormais ses pouvoirs. Il y met fin, au nom de cette même représentativité que lui a permis ce même texte. Dans ce préambule, on lisait en effet : «Partant de la volonté du peuple tunisien d’organiser des élections pour élire une Assemblée Nationale Constituante, à laquelle sera confiée l’élaboration d’une nouvelle Constitution pour le pays »… Ce texte, mûrement réfléchi avant publication et certainement fait en consultation avec toutes les tendances politiques en place, avant élaboration, ne contient aucune indication pour un possible mandat de gouvernement aux membres de la prochaine constituante. Toute la classe politique tunisienne, dont Ennahdha et ses partenaires de coalition, ont ainsi accepté et validé le «matricide » de la loi qui leur a donné naissance.

2-      Détournement de la loi : Sans revenir sur le calcul mathématique de la vraie représentativité d’Ennahdha dans l’électorat du 23 octobre dernier et de toute la population pour ne pas fâcher Mustapha Ben Jaafar qui n’acceptait pas ce genre de raisonnement, le traitant  dédaigneusement de «journalistique» dans la séance de ce mercredi à la Constituante, il est bon de rappeler que le prochain gouvernement a détourné la loi. Il s’agit, en effet, de l’article 19 du décret-loi du 10 mai 2011 qui interdit formellement à tout membre du gouvernement d’être membre de la Constituante ou de toute autre structure où il est membre élu.
Pour son premier ministre et ses ministre, Ennahdha se permet de détourner la loi et d’autoriser que ceux que la Constituante est censée surveiller et censurer, fassent  partie de cette même instance de surveillance de l’action du gouvernement. Ennahdha détourne, ainsi, doublement la loi, celle du cumul et celle de la séparation des pouvoirs.

3-      Déni de parole : Avec d’autres partis, Ennahdha avait pris l’engagement de ne rester qu’une seule année. Beaucoup de ceux qui n’ont pas voté, de ceux qui se sont trompés de vote et de ceux qui s’étaient mépris sur les vrais desseins d’Ennahdha, comptent, en effet, sur ce, relativement et politiquement, court délai d’une année, pour se réveiller et réorienter leurs votes, lors des prochaines vraies élections. Beaucoup des partis qui s’étaient bernés par leurs rêves de présidents, qui s’étaient mépris sur leur véritable dimension politique et sur les méthodes d’approche de l’électorat tunisien, comptent aussi sur cette période d’un an pour digérer  la claque électorale reçue, se remettre en cause, mieux voir la vérité tunisienne et revoir leurs méthodes. Tous ceux-là, en seront à leurs frais.

La troïka enfourche désormais démocratiquement le pouvoir et ne semble pas [on aimerait bien être démentis] prête à en descendre. Dès leurs premières réunions à la Constituante, les trois têtes du triumvirat commencent à parler d’au moins une année et demie. Les Constitutionnalistes vous diront, pourtant, qu’il ne faudra  pas plus de quelques semaines pour élaborer une nouvelle Constitution et même pour organiser un référendum, si le projet de la nouvelle organisation des pouvoirs ne démolissait pas la haute instance supérieure des élections comme il en dit clairement l’intention. Encore des millions de Dinars jetés à la poubelle, en formation, personnel et autres babioles pour la défunte structure de Kamel Jendoubi. Si tout cela ne s’appelle pas du déni de la parole donnée, cela y ressemble beaucoup !

4-      Abus de pouvoir pour réaliser des bénéfices : Pour ce dernier péché commis par les nouveaux tenants du pouvoir en Tunisie, on pourrait même parodier ce texte de loi, actuellement en vogue dans les affaires secouant l’ancienne équipe au pouvoir du temps de Ben Ali : l’abus de pouvoir pour réaliser des bénéfices [politiques pour le cas qui nous intéresse] pour soi-même ou pour des proches [dans le sens politique, cela s’entend aussi].
Avec seulement 1,5 millions de voix sur 3,7 millions d’électeurs, la minorité- démographiquement parlant- d’Ennahdha use et abuse de son pouvoir au sein de la Constituante pour imposer sa vision de la chose politique, de la démocratie à la tunisienne, de la société et de l’économie. Tout cela, au bénéfice d’une minorité, électorale et doctrinalement religieuse. Postes ministériels et administratifs pourront ainsi leur être octroyés. Tout cela dit, عينيك فيك شاهد الله عليك comme dirait le dicton tunisien.

Khaled Boumiza

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