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« Un seul vis-à-vis serait une aubaine pour les professionnels du tourisme », selon le commissaire régional du tourisme de Djerba-Zarzis

Pour Faouzi Basli, commissaire régional du tourisme de Djerba-Zarzis, la résolution de l’ensemble des problèmes du secteur touristique est tributaire d’une révision de la politique menée depuis des années tout en mettant en place un seul vis-à-vis au profit des professionnels pour pouvoir les aider à promouvoir leurs activités. De même, l’application de la loi est jugée utile pour surmonter la crise environnementale qui secoue la zone touristique depuis quelques temps. Interview :

Comment se présente l’activité touristique à Djerba-Zarzis ?

Le cumul au niveau des nationalités de 1er janvier au 10 juin 2014, prouve une progression de certains marchés. D’abord, le marché allemand a affiché une hausse de 9%. Le marché italien aussi a progressé de 90%, suivi par le marché espagnol, soit une croissance de 60%.

La hausse a concerné également le marché russe et le marché portugais. Ajoutons à cela, le marché polonais, et ce malgré l’avertissement du ministère des Affaires étrangères polonais qui a déconseillé à ses ressortissants de visiter la Tunisie.

Avec ces indices, le taux d’occupation général de Djerba-Zarzis a avoisiné le 36% contre 80%, durant la même période de l’année écoulée.

Au niveau des arrivées, une progression de 6% a été enregistrée contre une légère croissance de 3% au niveau des nuitées.

Qu’en est-il de la prochaine étape ?

Si tout va bien et la stabilité sécuritaire se consolide, les chiffres pourront augmenter davantage d’ici le mois d’août. Mais, on pourrait dire qu’il y a une certaine appréhension concernant le mois de juillet avec la coupe du monde et l’avènement du mois saint.

Comment faire alors ?

Durant cette période, on essaye de nous concentrer sur un marché stratégique, celui algérien. D’ailleurs, Amel Karboul, ministre du Tourisme a effectué une visite à Alger, et ce pour booster ce marché. De même, les préparatifs vont bon train de la part des hôteliers pour être au rendez-vous.

Malgré les efforts et la croissance affichée, un pessimisme est constaté chez la majorité des professionnels du secteur. Pouvez- vous nous en donner des éclaircissements ?

On s’attendait à une relance et on a espéré à mieux notamment avec les indices encourageants qui ont été enregistrés. On s’attendait à une progression à deux chiffres.

Il y a certes une petite déception, mais ce n’est pas la catastrophe. On est déçu quelque part surtout qu’une croissance à un seul chiffre a été enregistrée. On attendait une meilleure saison et on reste optimiste étant donné que la haute saison a bel et bien commencé.

Votre lecture de toute la saison ?

On espère se rapprocher des chiffres réalisés en 2010, si toutes les conditions étaient réunies sachant que les chiffres enregistrés prouvent qu’il y une malaise. Et là, on peut mettre l’accent sur la prolifération des menaces terroristes et l’interdiction signalée par certains pays par rapport aux voyages en Tunisie. Ceci explique certainement le recul de certains marchés traditionnels comme celui français qui n’a pas pu décoller.

Malgré ces menaces et même avec les risques d’intégrisme, notre pays continue à multiplier les efforts pour remédier à cette situation.

Dans ce climat, plusieurs professionnels ont imputé la responsabilité à la ministre du Tourisme qui, selon eux, n’a pas réussi à relancer l’activité touristique. Que pensez-vous ?

Ce n’est pas le rôle d’un ministre d’amener les touristes ou de les inciter à visiter la Tunisie. Son rôle se limite à offrir un climat favorable, réunir les professionnels du métier et promulguer les règlements tout en facilitant les actions. Encore, la ministre est appelée à éliminer tout obstacle confronté et à rassurer les étrangers et les tours opérateurs. Dans ce cadre, Amel Karboul a réussi à réaliser cet objectif en améliorant l’image de la Tunisie. Sur le plan commercial, elle n’est pas un agent commercial pour le faire.

Les professionnels à Djerba ont-ils réussi à accomplir leur mission ?

Certainement oui, ils sont en train de travailler. Mais, je pense que leurs rôles ne sont pas suffisants.

Que faut-il faire pour promouvoir l’activité ?

Il est temps d’appliquer la stratégie mise en place par le ministère. Faut-il rappeler que cette stratégie nécessite déjà un travail de longue haleine vu la multiplicité des défis confrontés et le nombre croissant des problèmes datant de plusieurs années et qu’on n’a pas réussi à surmonter. Cet échec pourrait aussi s’expliquer par le manque de volonté politique principalement sous le régime déchu qui n’a pas manifesté de l’intérêt pour la promotion du tourisme local.

Une bonne volonté politique est nécessaire pour mettre l’activité sur les rails. Il y a certes un désir de le faire, mais beaucoup reste à faire surtout qu’on a constaté une certaine ambigüité puisque la responsabilité est rejetée uniquement sur le ministère du tourisme alors que les intervenants sont beaucoup plus nombreux.

Je profite de cette occasion pour affirmer qu’on a trop de problèmes qui sont désormais en dehors de la responsabilité du ministère du tourisme. Ces problèmes concernent d’autres départements comme l’intérieur, la santé etc..

Qu’en est-il de la question environnementale à Djerba ?

C’est le temps d’appliquer la loi et de poursuive ceux qui entravent la résolution de ce problème, également la réouverture de la décharge de Gallala. Il faut sévir contre ceux qui veulent perturber le travail des établissements publics.

Il est à noter que les touristes profitent de ce paysage pour déconseiller à leurs amis et voisins de se rendre en Tunisie, et c’est grave d’autant que les retombées sont certainement négatives sur l’image du pays et également l’image de son peuple.

La meilleure solution, selon vous, pour soutenir les hôteliers dont la majorité fait face à plusieurs difficultés ?

Pour faciliter la mission des professionnels, la mise en place d’un seul vis-à-vis demeure plus que jamais une nécessité. C’est le souhait unique de tous les hôteliers vu la complexité de l’opération face à la présence d’un grand nombre d’intervenants.

Les professionnels demandent aujourd’hui une coopération directe avec le ministère de tutelle et non plus une relation assez ambigüe avec plusieurs organismes et institutions. Chose qui a beaucoup compliqué la promotion de l’activité touristique.

Je profite de cette opportunité pour évoquer un incident assez grave qui a eu lieu à Djerba. En effet, des jeunes promoteurs ont fortement investi dans un projet touristique qui génère plus de cinquantaine postes d’emplois dont 10 sont titularisés. Malheureusement, ces deux jeunes sont aujourd’hui menacés de claquer la porte parce que l’autorisation de la vente de l’alcool a été retirée. C’est inacceptable vu que le ministère de tutelle n’a pas ordonné ce retrait. Pis, il n’était pas au courant de l’affaire sachant que ces deux jeunes risquent d’être poursuivis en justice.

Donc, nous demandons de revoir cette stratégie pour pouvoir soutenir les entrepreneurs désireux de créer de projets touristiques et contribuer au développement du secteur.

Wiem Thebti

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