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Tunis: « La levée de la subvention de l’énergie est envisagée pour certains secteurs, mais rien d’officiel pour l’instant », selon Brahim Chebili

Brahim Chebili, directeur général des industries manufacturières au ministère de l’Industrie, de l’énergie et des mines s’est dit optimiste quant à l’évolution des exportations du secteur industriel pour atteindre 10% durant la période 2016/2020 contre 8.3% actuellement. Il a par ailleurs affirmé que la levée de la subvention de l’énergie est envisagée pour certains secteurs, mais cela n’est pas encore officialisé étant donné la conjoncture actuelle. Interview:

Pouvez-vous dresser l’état des lieux des industries manufacturières pour les derniers mois de l’année en cours ?

Au début, il est à rappeler que les industries manufacturières participent à hauteur de 15%  du PIB avec une majorité des produits qui sont destinés à l’export. Les exportations du secteur industriel représentent environ 82%  de l’ensemble des exportations tunisiennes en termes de biens.

Ce secteur compte actuellement environ 5638 entreprises employant 514656 personnes, sachant que les exportations de 2014 ont atteint une valeur de l’ordre de 23665 millions de dinars et que le taux d’encadrement varie entre 10 et 11%.

Les principaux secteurs sont les industries mécaniques électriques (IME), premier secteur exportateur en Tunisie. D’ailleurs, les exportations pour les 8 mois de l’année en cours ont présenté 45.07%  de l’ensemble des exportations des industries manufacturières, suivies par le secteur du textile (23%),) le secteur des industries agro-alimentaires; puis on trouve d’autres secteurs comme les industries pharmaceutiques.

Pour les 8 premiers de 2015, une évolution de 8.3% a été enregistrée  au niveau de l’exportation industrielle avec une hausse en termes des investissements déclarés de l’ordre de 0.5%, l’équivalent de 1714 millions de dinars.

A quoi est due cette évolution ?

Cette augmentation intervient dans un environnement stable où la Tunisie a réussi à  gagner ses échéances électorales et assurer la stabilité sociale malgré les incidents qui ont eu lieu ces derniers temps. En effet, une légère augmentation a été affichée au niveau de l’ensemble des indicateurs du secteur au niveau de l’emploi, d’investissement ou même au niveau de l’exportation.

C’est pour cette raison qu’on reste optimiste et que l’on prévoit d’autres améliorations en 2016 et même pour la période 2016/2020.  Avec cet optimisme, on espère parvenir à des évolutions importantes aux alentours de 10% en termes d’exportation et de valeur ajoutée.

Certains secteurs sont considérés comme porteurs et ils sont déjà ciblés par votre département…Avez-vous une stratégie adéquate pour pouvoir les maintenir ?

On a vécu, ces dernières années, une tendance de l’émergence de certains secteurs comme le secteur aéronautique, des industries pharmaceutiques, des industries biologiques et médicales. Ajoutons à cela d’autres secteurs qui sont en train de se développer comme le plastique technique, le textile technique.

C’est pourquoi, au niveau de notre département, un intérêt accru est accordé à ces secteurs et des stratégies particulières seront mises en place au profit de ces créneaux.

A titre d’exemple, on a présenté au gouvernement une stratégie relative au secteur aéronautique pour obtenir des avantages spécifiques, l’objectif étant d’encourager davantage les investisseurs.

Parmi ces avantages, figurent  la prime d’investissement, la facilitation des procédures administratives et douanières…

Comme vous justifiez le choix du secteur aéronautique ?

On a commencé par le secteur aéronautique et on va miser par la suite sur d’autres secteurs comme le secteur pharmaceutique, puis la composante plastique technique  composite.

On va traiter secteur par secteur et on va aussi exiger des mesures spécifiques pour chaque domaine à forte valeur ajoutée.

Il est à noter qu’au niveau des industries mécaniques et électriques, on développe 49% de l’ensemble des exportations industrielles.

S’agissant du secteur aéronautique, il a évolué rapidement notamment pendant les dix dernières années. En effet, le nombre d’emplois est multiplié par 9, passant de 1300 en 2004 à  12927 en 2014. Encore, le nombre des sociétés  a était multiplié par six pour atteindre 70 contre 16 en 2014 alors que les exportations se sont multipliées par 10 de 25 millions de dinars à 529 millions de dinars au cours de la même période.

A l’échelle internationale, le secteur est bien placé notamment au niveau de maintenance. C’est un créneau porteur en plein développement et à haut contenu technologique..C’est important étant donné que les prévisions tablent sur le dédoublement du parc mondial d’avions civils pour atteindre 36 mille avions en 2025 contre 18 mille actuellement.

Pour le secteur pharmaceutique, une évolution a été affichée au niveau de la création et de l’extension de plusieurs unités surtout après la Révolution au  moment où d’autres sociétés ont claqué leurs portes pour cause de revendications sociales.

Ce secteur est basé sur deux branches. La première est liée à la fabrication des médicaments. Elle est constituée de 38 unités  générant 4900 emplois avec un chiffre d’affaires de l’ordre de 500 millions de dinars.  Le développement de cette activité a permis d’assurer la couverture du marché et par la suite une autosuffisance en médicaments de l’ordre de 47%. C’est la raison pour laquelle on prévoit d’augmenter ce taux pour le porter à 60% d’ici la fin 2020.

Pour la deuxième branche relative à la fabrication des dispositifs médicaux, elle est formée de 22 entreprises employant 3600 personnes. Cette branche a réalisé déjà 300 millions de dinars en termes de chiffre d’affaire dont 200 millions sont destinés à l’exportation.

Pouvez-vous nous donner une aperçu sur les grands axes du  développement de ces secteurs dans le projet du plan quinquennal (2016/2020) ?

On a commencé notre travail par un diagnostic sur la période 2011-2015. Ceci a permis de décortiquer plusieurs problèmes, et c’est pour cette raison qu’on s’est concentré sur plusieurs axes.

A cet effet, un intérêt est accordé aux programmes destinés à l’augmentation de la compétitivité et la qualité des produits en Tunisie. Il s’agit également du programme de mise à niveau, du programme national de la qualité et de celui de recherche et de développement et de la valorisation des résultats de recherche ainsi que du PCAM.

Notre intérêt sera aussi axé sur d’autres points tels que la formation dans les secteurs porteurs, le soutien d’autres entreprises qui sont en difficulté  sachant que leur nombre est limité.

Dans le plan en question, on est en train de travailler sur le taux d’encadrement déjà faible variant entre 10 et 11%. Notre but est d’atteindre 14%, et ce, dans le but de promouvoir certains secteurs créateurs à l’instar des pays avancés comme la France où le taux d’encadrement dans le secteur industriel est estimé à 18%.

Le travail sera aussi focalisé sur les projets déclarés dont le taux de réalisation est de l’ordre de 50%. Notre but est d’arriver à  60%

Est-il possible de réaliser ces objectifs dans cette conjoncture jugée morose ?

On a fait des prévisions d’évolution pour la période 2011-2015, qui sont basées sur les chiffres de 2015 et sur l’évolution réalisée en 2014-2015 (les 8 premiers mois).

On a fixé des prévisions réalisables, mais aussi optimistes.

Des prévisions sont réalisables, mais comment ?

C’est réalisable, puisqu’on a réalisé ces chiffres dans les plans précédents (10ème et 11ème plans). Chiffre à l’appui, malgré la crise financière mondiale (2007-2009), on a réalisé des performances en termes d’exportation  avoisinant 7.6%. Notre objectif  pour la période avenir est d’atteindre 10 ou 11% à l’horizon 2020 contre 6% en 2016 et 5% en 2015 pour avoir une moyenne en 2016-2020 aux alentours de 8.5%

La levée de la subvention sur le ciment a été qualifiée de positive. Pensez-vous étendre cette expérience à d’autres secteurs?

La levée de la subvention sur l’énergie a touché en premier lieu le ciment, considéré comme un secteur énergivore en Tunisie.

D’autres secteurs sont actuellement fragilisés comme la brique  rouge, la céramique…  et c’est pour cette raison qu’on a fixé  un délai de 3 et 4 ans pour que les  mesures nécessaires puissent être prises dans le but de rationaliser l’utilisation de l’énergie dans leurs usines et mettre en place la cogénération.

On est en train d’étudier la levée de la subvention de l’énergie pour certains secteurs, mais cela n’est pas encore officialisé..

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