Dans son édition du vendredi 6 septembre 2013, le quotidien Attounissya a indiqué que «le SG a exprimé des craintes quand à la décision de la BCT d’imprimer de nouveaux billets et de les mettre en circulation». Le quotidien, cite ensuite un professeur d’économie qui a expliqué que «ce procédé est normal et que cela est une sorte de prêt que fait la BCT au gouvernement pour l’aider à faire face à des dépenses comme celles des salaires».
Incrédules, nous avions pris contact avec la BCT pour nous expliquer tout cela. Le Gouverneur Chedli Ayari, nous explique d’abord que «les textes interdisent à la BCT de prêter de l’argent à l’Etat » et la banque ne l’a pas fait. Il nous indique ,ensuite, que la BCT n’imprime de nouveaux billet que pour remplacer les billets rendus inutilisables à l’usage et qui doivent être retirés de la circulation.
Cette masse monétaire nouvellement imprimée a concerné 23 millions 200 mille coupures de 50 DT, le retrait de 47 millions 677 milles coupures de 30 DT et 172 millions 840 mille coupures de 20 DT. A la BCT, on nous assure aussi, que toute impression de nouveaux billets se fait sur décision du conseil d’administration, que cette décision remonte à 2011 et que la dernière opération de retrait et de remplacement de billets de banque remonte à l’année 2008.
Tout cela, pour dire que la BCT n’actionne pas la planche à billets lorsqu’elle le veut ou lorsque le gouvernement le lui demanderait. C’est certes en fonction du stock de billets et de son état, mais c’est toujours sur une décision actée au sein de son Conseil d’Administration et donc jamais sous cape.
Il est cependant important de préciser, comme nous l’a fait remarquer le Gouverneur Ayari, que cette injection n’a et n’aura aucun effet sur la masse monétaire actuellement en circulation dans le pays. «Cette masse était, à la date du 3 septembre 2013, de 7630 MDT et elle est suivie comme le lait sur le feu et reste stable depuis des mois», nous dit le gouverneur de la BCT qui interviendra ce soir à la TV nationale pour lever toute équivoque à ce sujet.
Le suivi de cette masse monétaire dite aussi M2 et qui est un indicateur important de la situation financière du pays, se fait, non seulement par la BCT, mais aussi par les organismes internationaux qui sont en relation financière avec la Tunisie comme le FMI (Fond Monétaire International).
Cette masse connait il est vrai des variations, selon les périodes de dépenses des Tunisiens, comme la période des soldes, les dépenses du Ramadan ou des Aïd, lorsque le Tunisien fait des tirages sur son compte bancaire ou postal pour faire face à ses besoins conjoncturels. Elle se stabilise cependant, de façon normale dans les semaines qui suivent.
La BCT avait craint, à l’éclatement de la crise politique qui sévit depuis quelques mois en Tunisie, suite aux assassinats de Chokri Belaid et de Mohamed Brahmi, des retraits massifs d’argent des banques, par les particuliers, comme cela s’était passé à l’issue de la Révolution au début de l’année 2011. Cela ne s’était pas passé, nous assure le Gouverneur de la BCT, puisque les retraits se seraient stabilisés entre 50 et 60 MDT par jour , ce qui reste de nature à ne pas impacter la masse monétaire en circulation dans le pays.
En janvier dernier, le Gouverneur de la BCT avait affirmé que « la liquidité du trésor public permet d’assurer la paie de plusieurs mois ». En Août dernier, il réitère cette conviction lors d’un entretien pour Africanmanager et précise encore qu’il est « ridicule de dire que l’Etat tunisien est incapable de payer les salaires « , assurant qu’il « n’y a aucune crainte à ce sujet », et que « sauf catastrophe, il n’y a pas de raison de penser que les recettes programmées par l’Etat pour 2013 ne rentreront pas ,d’ici la fin de l’année dans les caisses de l’Etat ».
Ka. Bou
