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Tunis: L’Agence de notation R&I, inquiète de la situation des finances publiques et de la liquidité

L’agence de notation japonaise R&I (Rating and Investment Information) vient d’abaisser la note d’émetteur en devises étrangères de la Tunisie à BB+ avec perspective négative.

L’agence a expliqué que l’’économie tunisienne a ralenti depuis le début de l’année 2015, et son solde du compte courant est toujours en déficit substantiel, rappelant que la note d’émetteur en devises étrangères (BBB-) qu’elle avait précédemment attribuée à la Tunisie était fondée sur son opinion que le pays est  à même d’établir des fondamentaux économiques compatibles avec la note pour peu qu’il restaure la stabilité politique et que son gouvernement puisse œuvrer effectivement à la reconstruction de l’économie. Le pays a réalisé des  progrès soutenus  en matière de démocratisation et le nouveau gouvernement a déployé des efforts sur le plan politique. Cependant, la voie vers l’amélioration des  fondamentaux économiques est de plus en plus difficile alors que  l’environnement économique international est défavorable et la situation sociale et sécuritaire est exacerbée.

À la lumière de ces circonstances, l’agence a abaissé la note d’émetteur en devises étrangères à BB+, une dégradation d’un seul cran qu’elle explique par les inquiétudes concernant le finances publiques et le fait que les  liquidités en devises de l’économie du pays demeureront limitées, étant donné que les déficits budgétaires sont enrayés à un certain niveau et les réserves de change sont stables grâce à l’aide financière des gouvernements nationaux et des institutions internationales, notamment le Fonds monétaire international. Néanmoins, l’agence dit avoir besoin d’être édifiée sur les perspectives économiques et financières de la Tunisie alors que le pays  continue d’évoluer dans un environnement difficile. La perspective de la note est donc négative, décrète R&I.

La  Tunisie a maintenu une croissance du produit intérieur brut (PIB) réel aux alentours de 2% en 2013 et 2014. Depuis le début de 2015, cependant, la croissance a décéléré. Le taux de croissance en glissement annuel a été de seulement 0,8% entre janvier et septembre 2015. La croissance pour toute l’année 2015 devrait se situer aux alentours de 0,5%. L’agence estime que  le ralentissement est principalement imputable aux mauvaises récoltes, à la faible de la demande en Europe, débouché  majeur des exportations, à une anémique  production minière due aux  grèves, et à plusieurs attaques terroristes. Bien que le gouvernement prévoie une croissance modeste de 2,5% pour 2016, la croissance pourrait tomber en dessous de cet objectif, affectée, entre autres par l’économie mondiale et la situation sociale et sécuritaire. Une attention constante est requise, recommande l’agence.

 Le taux de chômage demeure élevé, à environ 15%. Ceci est censé être attribué non seulement à l’économie, mais à des problèmes structurels, de sorte que le gouvernement œuvre à réformer le marché du travail. La clé pour atteindre une croissance soutenue sur le moyen et le long terme réside dans la capacité du gouvernement d’accélérer les efforts pour revitaliser le secteur privé, notamment par  l’amélioration du climat d’investissement, l’une des raisons derrière la faiblesse des investissements. R & I sera attentive à la capacité de gestion de la politique du gouvernement, spécialement en mettant l’accent sur sa capacité à déployer des efforts politiquement concertés pour s’attaquer au problème sécuritaire et aux  questions économiques structurelles.

 Le compte courant continue de souffrir d’un important déficit de l’ordre  plus de 8% du PIB. La  Banque centrale prévoyait un  déficit à 8,7% en 2015, alors que l’excédent du compte des services, principalement des revenus du tourisme, devrait se rétrécir en dépit d’une  amélioration attendue au niveau de la balance commerciale. Alors que l’économie de l’Europe, sa destination d’exportation majeure se redresse, le solde du compte courant devra probablement récupérer progressivement, mais  demeurera  en déficit de 6-8% du PIB pour quelques années. Les réserves de change sont stables, se situant, d’après les derniers chiffres, à 12,6 milliards de dinars (environ 6,4 milliards $ US), soit près de 4 mois d’importations. La dette extérieure augmente modestement. La Banque centrale prévoit que le ratio de la dette extérieure rapporté au PIB s’élèverait à 61,2%, fin 2015.  Pour ce qui est de la dette extérieure, la dette à court terme représente un peu plus de 20%, dont près de la moitié est constituée de dépôts des non-résidents, et à hauteur d’environ 90% de réserves de change.

 En 2014, le gouvernement alors dirigé par Mehdi Jomaa a réduit le déficit budgétaire à 4,9% du PIB dans le cadre de ses efforts visant à réduire les déficits budgétaires en accordant la  priorité à  la stabilisation  macro-économique. Le  déficit au titre de 2015 devrait être maîtrisé à 4,3%. Le gouvernement actuel dirigé par Habib Essid, qui a pris ses fonctions en février après les élections législatives tenues pour la première fois sous la nouvelle constitution, a poursuivi la politique budgétaire axée sur la maîtrise des déficits, ce que l’agence considère positivement.

La structure financière, cependant, s’est aggravée en partie parce que le gouvernement a réduit les dépenses en capital tout en augmentant les dépenses salariales dans le cadre des mesures de relance économique. Si le gouvernement maintient cette position, les conditions fiscales pourraient devenir rigides et il serait difficile de se procurer  les ressources fiscales nécessaires pour renforcer le potentiel de croissance de l’économie.

 Le gouvernement reconnaît la réalité de ce problème. Dans le budget de 2016, il a augmenté les dépenses en capital  à un taux  à deux chiffres, tout en contenant les dépenses au titre des salaires au même niveau que l’année précédente. Il prévoit également de réduire le déficit budgétaire à 3,9% du PIB. Pour augmenter les recettes, une réforme radicale du système fiscal est prévue pour être mise en œuvre. Les yeux seront rivés sur l’effet de la réforme. L’encours de la dette était de 51,1% du PIB à la fin du 3e trimestre 2015. La tendance à la hausse de la dette va probablement continuer dans un avenir prévisible, conclut l’agence R&I.

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