«L’Afrique compte actuellement 160.000 personnes dont les fortunes personnelles s’élèvent à plus d’un(1) million de dollars, soit le double de celles recensées au tournant du siècle, ce qui met en relief le problème de l’approfondissement des inégalités alors qu’une partie des pays les plus pauvres de la planète enregistre une forte croissance économique », affirme le journal anglais The Guardian qui se référait au rapport «Africa-Wealth 2015».
Selon la même source, «les avoirs cumulés des individus riches, ceux détenant des actifs nets de 1 million de dollars et plus en Afrique, ont totalisé 660 milliards de dollars à la fin de 2014, selon un rapport de New World Wealth. Pendant ce temps, le nombre de personnes pauvres en Afrique – définies comme vivant avec moins de 1,25 $ par jour – est passé de 411,3 millions en 2010 à 415,8 millions en 2011, selon les données de la Banque mondiale.
A l’horizon, il est prévu que le nombre de millionnaires africains augmentera de 45%, à environ 234 000», selon le rapport.
Au cours des 14 dernières années, le nombre des personnes hautement fortunées en Afrique a augmenté de 145%. Le taux pour le Moyen-Orient au cours de la même période était de 136%, tandis qu’en Amérique latine, il était de 278%. La moyenne mondiale est de 73%. L’île Maurice a les individus les plus riches en Afrique, avec une richesse moyenne par habitant de 21 470 $, selon le rapport. Le classement montre que les habitants de la République démocratique du Congo sont les plus pauvres. L’Afrique du Sud abrite le plus grand nombre de millionnaires sur le continent avec 46 800 en 2014. L’Egypte vient en deuxième position avec plus de 20.000, suivie par le Nigeria à la troisième place.
![]() |
Dans ce même rapport, celui du «New World Wealth», la Libye et la Tunisie, pourtant plutôt bien classée dans le même rapport, sont exclues du classement de 2015. C’est à croire donc qu’il n’y a plus de riches en Tunisie. Nous avons alors contacté par mail le directeur de recherche au sein du «New World Wealth», auteur de l’un des multiples rapports annuels qui classent les plus grandes fortunes au monde et autre que le sérieux «Forbes», Andrew Amoils qui travaille en Afrique du Sud. Nous lui avons posé la question sur les causes de la disparition de la Tunisie de son classement. Sa réponse n’a pas été très convaincante. Elle vaut donc ce qu’elle vaut. Le directeur de recherches de NWW y dit ainsi que «il est difficile d’estimer le nombre de riches, lorsque l’économie traverse de telles difficultés. Cependant, je pense qu’il est probable que le nombre de millionnaires qui vivent dans ces deux pays ait massivement diminué au cours des quelques dernières années et que beaucoup auraient perdu leurs entreprises. En plus de cela, beaucoup auraient migré pour aller dans des endroits comme Londres, Dubaï et Istanbul ». Cela n’est pas complètement faux, dans la mesure où, comme le disait, paraît-il, Bonaparte, «la Révolution n’enlève pas les privilèges, elle en change seulement les bénéficiaires». Il est tout aussi vrai que diverses fortunes tunisiennes se seraient aussi déplacées vers d’autres pays, notamment le Maroc.
Le même «The Guardian», publie ensuite les résultats d’une étude où les données sont coordonnées aussi celles de la Banque Mondiale, intitulée «Le Top 10 des pays africains les plus riches par tête d’habitant (Top Major african countries by per capita wealth)». La Tunisie y figure en 5ème place après la Libye et derrière Les Iles Maurice, l’Afrique du Sud et la Namibie.
Ce qui, pour nous, est certain, c’est que la richesse en Tunisie a en grande partie changé de main depuis la révolution. A part celle des grands groupes tunisiens cotés en bourse et dont on voit que les bénéfices augmentent, la crise, l’épée de Damoclès de ladite justice transitionnelle et ses multiples intermédiaires ainsi que le racket dont ont fait les frais plusieurs hommes d’affaires tunisiens, ont mis une véritable chape de plomb sur la question de la richesse en Tunisie. Plus sûr encore, une grande part des richesses des anciens riches a changé de main et de nouvelles catégories socioprofessionnelles ont accumulé, depuis la révolution, une immense richesse. Les informations en provenance du Sud tunisien, faisant état de chambres entières bourrées de billets de banque, locaux et en devises, où l’argent se mesure au mètre, confirme toujours l’existence de nouveaux millionnaires et de nouveaux milliardaires, dont les fortunes sont généralement tirées du trafic transfrontalier de tous genres. Voitures, drogue, armes et marchandises de tous genre, font depuis la révolution, régulièrement le voyage entre la Tunisie et l’Algérie et vers le Sahara algérien.