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Tunis : Qu’attendent les Etats-Unis et leur Congrès pour voler au secours de la Tunisie ?

En Tunisie, l’unique pays du printemps arabe  qui est en train de progresser dans son parcours  pour construire une démocratie, le parti au pouvoir du président Béji Caïd Essebsi est en proie à une fracture.  Plus d’un tiers des députés du parti Nidaa Tounes  ont démissionné, dans une guerre des chefs dont les dissidents disent qu’elle a éclaté  en grande partie  pour cause de  népotisme et de corruption. Le schisme augmente les incertitudes politiques pour le gouvernement Essebsi, écrit Kim Holmes, membre émérite de « Heritage Foundation », dans un article publié sur les colonnes du prestigieux quotidien The Washington Post.

Ce différend souligne la nécessité pour les Etats-Unis de  revitaliser leur engagement envers la Tunisie, où une démocratie stable, et une économie de libre-marché sont cruciales  pour les intérêts américains en Afrique du Nord et au Moyen-Orient. Cinq ans après la Révolution,  les progrès de la Tunisie vers la démocratie ont été impressionnants, mais le succès n’est pas assuré.

La capacité de la Tunisie de consolider sa démocratisation est menacée par la même stagnation économique qui a été à l’origine du soulèvement de janvier  2011 qui a renversé l’ancien régime autoritaire. Le chômage à l’échelle nationale se bloque obstinément au-dessus  de 15 pour cent. Les  taux de jeunes inactifs, ceux de l’enseignement et de l’emploi, sont  dangereusement élevés, de 23 pour cent dans les villes à 48 pour cent dans le Sud pauvre et à l’Ouest. Et ce n’est pas un hasard si les chiffres montrent que l’organisation de l’Etat islamique a  recruté le plus de djihadistes en provenance de la Tunisie,  près de 3000, l’année dernière pour sa guerre en Syrie, soit  davantage que parmi tous les  autres pays.

Pour relancer son économie, la Tunisie a besoin de soutiens externes en temps opportun et de moyens  pour mener à bien les réformes économiques décisives. Un rôle américain recentré et plein d’énergie devrait augmenter considérablement l’aide économique et de soutien (y compris la pression) pour ces réformes.

Les responsables américains devraient envoyer  un message conséquent pour aider la Tunisie à démanteler le système  de la corruption  construit au cours des dernières décennies. Un  rapport de la Banque mondiale  de l’an dernier a souligné la façon dont les secteurs économiques de la Tunisie ont été massivement gangrénés  par des  monopoles lucratifs au profit des  élites politiques, notamment la «famille» des copains autour de l’ancien président Zine el-Abidine Ben Ali.

Ce système fermé de privilèges économiques a alimenté  le désespoir des millions de Tunisiens qui se sont révoltés  en 2011. Les  États-Unis devraient maintenant mobiliser un soutien international pour le changement de la Tunisie en une économie plus ouverte dont pourront  bénéficier tous ses citoyens. Cela devrait inclure l’aide de la Banque mondiale et d’autres institutions multilatérales afin de réduire les coûts sociaux de la transition pour les Tunisiens les plus pauvres.

Les États-Unis devraient s’engager à construire avec la Tunisie un nouveau partenariat pour accomplir les réformes structurelles dont l’économie du pays a besoin. Un tel partenariat serait renforcé si le Sénat devait se joindre à la Chambre des représentants pour voter  les concours financiers demandés par  l’administration Obama et qui s’élèvent à 134 millions $ au titre de  l’aide globale à la Tunisie en 2016. Ce chiffre est à peu près le double du niveau de ces dernières années. L’administration devrait également entamer des négociations avec la Tunisie sur un accord de libre-échange, une impulsion  économique que la Tunisie sollicite depuis des années. Un réel espoir pour un accord commercial  soutiendrait ces réformes. Et parce que ces négociations devraient sans doute se prolonger au-delà du mandat de cette administration, cette incitation serait amplifiée par une  résolution du Congrès affirmant le soutien des deux partis, républicain et démocrate, à  accord de libre-échange.

Avec la Syrie et l’Irak en combustion, pour ne pas mentionner la Libye et le Yémen, pourquoi les Etats-Unis ne prêtent pas une telle attention à la Tunisie, un pays petit et calme ? se demande Kim Holmes. La  Tunisie a montré qu’elle dispose des fondamentaux essentiels pour mener des   réformes et sa transition réussie vers la démocratie et une économie ouverte, offrant ainsi un modèle pertinent pour l’ensemble du monde arabe.

La Tunisie a traversé plusieurs épreuves. Les attaques terroristes contre les forces de sécurité  et les sites touristiques ont affecté durement le  tourisme. Les Tunisiens avaient du mal  à  maintenir  la sécurité tout en préservant les libertés démocratiques pour lesquelles leurs révolutionnaires ont combattu. Pendant tout ce temps, les 11 millions d’habitants du pays accueillent plus d’un million de réfugiés  venus de  la Libye voisine.

La Tunisie est un partenaire stratégique dans une région où les alliés démocratiques stables sont rares et dont on a cruellement besoin. A Washington, l’administration et le Congrès devraient agir maintenant pour soutenir la transition de la Tunisie et son itinéraire vers la  démocratie et la liberté économique, conclut Kim Holmes qui a dirigé pendant plus de deux décennies le think tank chargé de la défense et des affaires étrangères à Heritage Foundation.

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