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Tunisie : BCE reprend l’initiative. Le Document de Carthage est son arme !

Le président de la République, Béji Caïd Essebsi, a convoqué pour mardi une réunion des signataires du Document de Carthage, la troisième du nom, après les deux tenues les 5 et 13 janvier de cette année. Ce cycle de conclaves était censé s’enchaîner à une cadence périodique, une fois par mois mais à l’exercice, il y a failli alors qu’il y avait clairement voire nécessairement matière à délibérer. Tant politiquement, et dans une large mesure économiquement ou encore socialement, les choses prenaient, pourtant, une tournure qui pèse de tout son poids sur la situation générale dans le pays sous l’œil d’un gouvernement de moins en moins en odeur de sainteté chez ceux , partis politiques et organisations, qui avaient vocation à le soutenir.

En se résolvant à revoir collectivement et si solennellement ses vis-à-vis du Pacte de Carthage, le chef de l’Etat semble cultiver l’obligation ardente de remettre les pendules à l’heure, et peut-être de se fendre d’une initiative qui puisse délivrer la scène politique d’une partie des turbulences qui l’assaillent. Les appels à un remaniement du gouvernement en sont le symptôme le plus patent. Le secrétaire général de l’UGTT n’y est pas allé de main morte, et plusieurs fois plutôt qu’une, témoignant de son impatience de voir l’équipe gouvernementale se composer autrement pour pouvoir répondre aux défis économiques et sociaux du moment. D’autres parties politiques en font autant alors que des partenaires, murés dans le mutisme, n’en penseraient pas moins. Il s’y joint les relations, visiblement tumultueuses, de Youssef Chahed avec certains de ses ministres, notamment celui de l’Intérieur, imperturbablement dans ses bottes, et dont la gestion de ses troupes ne lui vaut pas d’être vu d’un bon œil à la kasbah.

L’économie aux abysses

Mais c’est évidemment sur le terrain économique que la rencontre de mardi révèlera toute son importance autant que son opportunité. Tous les indicateurs économiques et financiers ou quasiment sont en berne, constituant un motif de grave inquiétude, avec des réserves en devises qui poursuivent leurs descente aux enfers, alignant les baisses historiques pour chuter à la fin de la semaine passée à 77 jours d’importation. L’inflation, elle, remonte à plus de 7%, et est appelée à s’inscrire dans une tendance ascendante, pulvérisant ce qui pourrait rester du pouvoir d’achat du citoyen entamé par les mesures édictées par la loi des finances 2018. Le nouveau gouverneur de la Banque centrale pense pouvoir arrêter cette spirale en relevant le taux directeur de 75 points, mais les analystes lui font grief de se tromper de remède, soutenant que l’inflation telle qu’elle sévit actuellement n’est pas d’origine monétaire, mais prend racine dans les déséquilibres de la balance commerciale. Quant au chômage, qui nourrit toutes les frustrations, il demeure en l’état, faute d’investissements, tant locaux qu’étrangers. Semblable état des lieux requiert des solutions autres que celles tentées à ce jour. Et l’intention est prêtée à BCE de rechercher un consensus auprès des signataires du Document de Carthage autour de nouveaux choix économiques et de développement.

Le brandon de l’agitation sociale

Socialement, la situation n’est pas en reste avec des mouvements de protestation qui s’accentuent et peuvent faire boule de neige pour toucher des régions autres que le bassin minier, alors que les sit-inneurs d’El-Kamour multiplient les mises en demeure et les menaces pour amener le gouvernement à appliquer les mesures auxquelles il s’est engagé et qui sont restées lettres mortes, affirment-ils. Au demeurant, le brandon de l’agitation sociale semble toujours aussi vivace et les protestataires ne sont nullement à court de motifs pour en découdre avec les autorités.

Quelle devrait être la réponse des signataires du Pacte de Carthage face à une situation jugée unanimement inquiétante, voire grave et explosive aux yeux d’autres ? Il est vrai que ce Document, célébré à ses débuts, peine à sortir de ses préconisations, forcément théoriques, pour passer au stade des mécanismes pratiques. C’est à se demander si ses priorités ne devraient pas être bouleversées pour répondre comme il se doit à la philosophie et aux idées fondatrices du Document de Carthage, dont, doit-on rappeler, le gouvernement d’union nationale tire son essence et sa naissance.

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