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Tunisie : Chahed est-il assez « carapacé » pour livrer sa « guerre » ?

Moins de 48 heures après avoir annoncé son gouvernement largement recomposé, Youssef Chahed a confié aux partis politiques et organisations nationales signataires du Document de Carthage ce qu’il entend décider et faire pour mener à bien la guerre que son nouvel attelage gouvernemental va livrer pour faire place nette et amorcer le démarrage de la machine économique, aller de l’avant dans la lutte contre le terrorisme et la corruption et mettre en place les conditions sociales minima pour permettre la mise en œuvre de ses politiques. Seules quelques bribes en ont été distillées en attendant le discours que le chef du gouvernement prononcera lors de la séance plénière extraordinaire de l’Assemblée des représentants du peuple à l’occasion du vote de confiance. Elles l’ont été par le porte-parole officiel du gouvernement qui évoque une vision nouvelle et un programme qui l’est tout autant.

Ce qui est certain, c’est que dans cette « guerre », Youssef Chahed est résolu à ne pas faire cavalier seul qu’il s’agisse de l’élaboration de sa politique comme de sa mise en œuvre. D’ailleurs, il a demandé à ses interlocuteurs du Document de Carthage de lui présenter par écrit avant le 20 septembre courant leur vision et leurs solutions à la crise économique actuelle, préalablement à un conclave qui fixera les contours et les mécanismes des solutions économiques qu’il va falloir mettre en œuvre durant une période de trois ans.

Quelle articulation pour quel programme ?

D’après le porte-parole officiel du gouvernement, ce programme se décline dans deux volets d’objectifs, le premier à court terme et le second à moyen terme , visant essentiellement la relance de l’investissement et l’encouragement des projets associant l’Etat et le secteur privé, les pouvoirs publics n’étant pas en mesure de réaliser par ses propres moyens nombre de projets, à l’instar de celui du port en eau profonde d’Enfidha dont le coût est estimé à pas moins de 4 milliards de dinars. Il y a aussi une stratégie de sauvetage du Dinar tunisien en rapport avec la balance commerciale, l’exportation et les marchés extérieurs. Enfin, le gouvernement romprait avec son approche indolente vis-à-vis des mouvements sociaux en ne s’accommodant que des « revendications acceptables » à l’exception de celles qui entravent les entreprises et enfreignent la loi sans pourtant leur déclarer la guerre.

Tel que sommairement esquissé, ce programme ne semble pas suffire à l’ouvrage eu égard aux gravissimes problèmes auxquels le pays n’a de cesse de se heurter, sans leur trouver une ébauche de solution. Le gouvernement sortant de Chahed s’y est essayé souvent en y laissant des plumes, au mieux en engrangeant quelques dividendes dérisoires ou regardés comme tels, à l’instar par exemple de l’augmentation des recettes fiscales de 15,1% au cours du premier semestre 2017, comme l’a révélé vendredi le conseiller politique du chef du gouvernement qui a évoqué aussi une amélioration des indicateurs économiques par rapport à l’année précédente, ce qui a , selon ses dires, valu au gouvernement la satisfaction du Fonds monétaire international lequel « a salué les progrès des réformes économiques et y réagira positivement s’agissant notamment des dispositions de la loi des finances 2018 ».

La hantise du faux bond !

Certes ! mais l’essentiel, c’est indubitablement autre chose, beaucoup d’autres choses, et surtout, ces déficits jumeaux qui abîment les finances publiques : 6 % pour le déficit budgétaire, et 7,5 milliards de dinars pour la balance commerciale, durant le 1er semestre de l’année en cours, avec le dinar qui poursuit sa descente aux enfers avec une parité de 2, 9077 pour 1 Euro et de 2,4332 pour 1 Dollar, au dernier cours connu. S’y joint une dette qui a grimpé pour se situer, fin juin 2017, à 66,9% du PIB contre 60,3% un plus tôt, sans compter  les garanties accordées par l’Etat aux entreprises publiques.

On ignore comment le gouvernement de Chahed dans sa nouvelle version va s’y prendre. L‘obligation ardente qui semble actuellement l’habiter est de se lancer dans la « guerre » qu’il a choisi de livrer, armé d’une cuirasse politique, celle-là même qui, par le passé, lui a fait pourtant faux bond, certains au départ, d’autres en chemin. Qu’en sera-t-il cette fois-ci ?

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