AccueilLa UNETunisie : Faut-il croire aux promesses de Donald Trump ?

Tunisie : Faut-il croire aux promesses de Donald Trump ?

Intervenant quelques semaines après l’entretien téléphonique entre le président américain Donald Trump et son homologue tunisien Béji Caïd Essebsi, la visite que vient d’effectuer à Washington le ministre des Affaires étrangères, Khemaies Jhinaoui, ne semble pas avoir permis de décrypter ce que la nouvelle Administration américaine réserve à la Tunisie même si le ministre a déclaré ce vendredi à BCE qu’il a le « sentiment que [ cette dernière] a la volonté de continuer à renforcer les capacités de la Tunisie notamment dans les domaines économique et sécuritaire ».

Par-delà cet état d’âme qui en toute rigueur diplomatique n’engage que celui qui l’éprouve et surtout tente de le faire partager, il s’y attache un reproche que le chef la diplomatie tunisienne a formulé dans une longue interview au « Washington Times » en invitant l’Administration Trump à « aller un peu plus vers la Tunisie dans le renforcement de ce fragile îlot de la démocratie que les Tunisiens s’échinent à sauvegarder dans le monde arabe », mais aussi en poussant la collaboration pour lutter contre la menace croissante de Daech. « Nous avons un exemple à montrer, non seulement à nos amis américains, mais partout dans le monde », a-t-il enchaîné tout en exprimant l’espoir que Trump tiendra sa promesse de vaincre le groupe terroriste. Au demeurant, il a dit avoir retiré de ses entretiens à Washington la certitude que les efforts tuniso-américains en matière de lutte antiterroriste qui se sont accrus de « façon spectaculaire » sous l’Administration Obama, vont connaître un nouveau regain sous celle de Trump.

Enchaînant optimisme et candeur, comme l’a noté le Washington Times, le ministre Jhinaoui a affirmé qu’il n’avait rien contre la décision de Trump d’interdire l’accès au territoire américain de ressortissants originaires de plusieurs pays musulmans, malgré, a-t-il expliqué, le fait que la Tunisie soit un pays voisin de la Libye, un des pays visés par cette interdiction. «Nous n’avons aucun problème avec cette décision souveraine prise par le nouveau président », a-t-il dit. Et « il lui appartient de décider ce qu’il juge bon pour la sécurité des États-Unis ». Il n’en a pas moins adressé une critique voilée à la rhétorique de la politique étrangère US « l’Amérique d’abord » en estimant que dans le monde globalisé de nos jours, « je ne vais pas décréter que je vais fermer mes frontière et me focaliser sur un seul pays », expliquant que « L’Amérique a un rôle important à jouer dans le monde et elle l’a joué pendant longtemps, et nous pensons que le monde sans l’Amérique ne serait pas le même ». Il a souligné que les enjeux sont particulièrement considérables en Afrique du Nord, appelant les responsables américains à attacher une attention majeure au danger que va représenter la Libye entant que principal foyer extrémiste dès lors que Daech sera chassé de la Syrie et de l’Irak.

La Tunisie sur le fil du rasoir !

« Personne n’est en train d’attacher de l’importance aux terroristes qui se regroupent [en Libye] venant de partout dans le monde et en particulier des pays en guerre comme l’Irak et la Syrie », s’est-il irrité. Se référant aux frappes aériennes de l’aviation américaine contre les extrémistes en Libye au cours des dernières années, Jhinaoui s’est élevé contre la politique « hit and run » (attaque éclair) en vertu de laquelle Washington et ses alliés ont renversé le dictateur libyen Mouammar Kadhafi en 2011. Un des «principaux messages» qui doit être envoyé à l’Administration Trump est que Washington a maintenant un rôle vital à jouer dans la stabilisation de ce pays divisé et déchiré par la guerre, a-t-il dit.

Largement considérée comme le bateau-amiral de la vague démocratique du printemps arabe malheureuse qui a secoué la région il y a six ans, la Tunisie cultive aussi la troublante singularité d’être la plus importante source de combattants étrangers pour Daech. On estime que 5.000 à 7.000 Tunisiens ont quitté le pays pour rejoindre l’Etat islamique, soit plus que le double de n’importe quel autre pays fournisseur de terroristes Et au regard des défaites successives essuyées par Daech en Irak et en Syrie, les inquiétudes se font très vives de voir les Tunisiens radicalisés chercher à rentrer chez eux.

Les analystes estiment que la Tunisie est sur le fil du rasoir, créant un précédent pour les libertés politiques dans le monde arabe tout en s’employant à établir un état de sécurité post-dictature qui peut défendre le pays           sans retomber dans les schémas traditionnels des régimes autoritaires.

« Nous pensons que nous créons une expérience unique, qui, si elle va être couronnée de succès, aura un impact sur la région », a affirmé le ministre tunisien des AE ajoutant que la Tunisie est « unique parmi les pays arabes musulmans» parce qu’elle a décidé  » avec détermination de s’ancrer dans le concert des nations démocratiques « . C’est quelque chose d’une extrême importance pour le peuple américain et l’establishment américain, a-t-il dit.

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