AccueilLa UNETunisie : Les finances à la peine. Le gouvernement encore plus !

Tunisie : Les finances à la peine. Le gouvernement encore plus !

L’unanimité se fait saisissante concernant les tribulations économiques et financières du gouvernement tunisien alors qu’il peine déjà à boucler sa loi de finances et à rembourser ses dettes en 2018. A domicile comme ailleurs, il ne pense trouver son salut qu’en taxant plus ses contribuables et en s’endettant copieusement auprès de bailleurs de fonds internationaux dont les institutionnels comme le Fonds monétaire international lui tiennent, cependant et régulièrement, la dragée haute.

Comme on peut le voir, l’étau n’est pas près de se desserrer à moins que les autorités tunisiennes se placent dans l’état où elles seront en mesure de déférer aux injonctions qui leur son faites et de s’engager dans les multiples réformes qui leur sont indiquées quitte à exacerber encore davantage les tensions sociales déjà vives et auxquelles elles désespèrent de trouver même un début d’issue. Avec une inflation qui gravit allégrement les paliers, une croissance si atone qu’elle n’autorise que quelques décimales, un endettement qui s’envole à la vitesse grand V, un déficit commercial à l’avenant et un Dinar qui poursuit sa descente aux enfers, le  décor est tout à fait planté pour rendre les choses encore plus difficiles pour ne pas dire ingérables.

Un état des lieux qui est vu d’un mauvais œil non seulement par les Tunisiens, mais aussi et surtout par des centres internationaux et même africains, à l’instar de « Proshare », le hub d’analyse financière dont les productions font autorité dans le continent. Il vient d’estimer qu’ « une instabilité sociale croissante nuira à la capacité du gouvernement d’adopter des mesures d’assainissement budgétaire ambitieuses, ce qui empêchera une maîtrise rapide du déficit budgétaire dans les années à venir ». Il est d’avis que la cadence de cet assainissement sera « modeste » au cours des prochaines années au motif que les progrès indispensables seront limités par l’impact social des mesures de réduction de coût. Au point, dit-il, que le gouvernement continuera de naviguer entre les pressions des donateurs et bailleurs de fonds internationaux, le FMI en tête, pour asseoir les finances publiques sur des bases plus durables, alors que les effets socio-économiques des actuelles coupes de dépenses sont extrêmement sensibles. Et cela ne se traduira que par une réduction progressive du déficit budgétaire à l’avenir qui passe de 6,1% du PIB en 2016 à 5,4% cette année et à 4,9% en 2018.

Tensions avec les bailleurs de fonds

S’y ajoutent les tensions croissantes avec les bailleurs de fonds internationaux dues à l’absence de progrès sur la réforme fiscale, regardée comme un risque important pour le gouvernement, surtout après le retard délibéré mis par le FMI pour décaisser la deuxième tranche du mécanisme élargi de crédit de 2.9 milliards de dollars en décembre 2016. L’institution de Bretton Woods a finalement terminé la première révision de l’accord en avril 2017, ce qui a conduit au déboursement de la fameuse 2ème tranche, d’un montant de 314 millions de dollars.

Tout en plaidant pour la conduite d’efforts indispensables pour empêcher que l’accord soit bloqué, Proshare estime que ce dernier est crucial pour assurer les besoins de financement de la Tunisie, soutenir la confiance des investisseurs et donner une impulsion plus forte au programme de réformes du gouvernement. Néanmoins, l’assainissement budgétaire prendra du temps. Malgré les pressions exercées par le FMI pour élargir l’assiette fiscale et raboter les dépenses actuelles, il sera handicapé par un surcroît d’instabilité sociale. Au demeurant, le gouvernement a été contraint de renoncer à un certain nombre de réformes fiscales initialement prévues dans le projet de budget 2017, telles que l’introduction de nouvelles taxes sur les professions libérales, l’augmentation du taux de la taxe sur la valeur ajoutée et le gel des salaires du secteur public.

Cap sur les prêts concessionnels

C’est ce dernier point qui fait le plus problème, en ce sens que la fonction publique engloutit plus de 50% des dépenses publiques totales et près de 15% du PIB. Ceci alors que la croissance est insuffisante pour élever significativement le niveau de vie et réduire le taux de chômage qui frappe 15,3% de la population active, ce qui revient à estimer que les risques de troubles sociaux limiteront la capacité du gouvernement à réduire les dépenses courantes, en particulier les salaires et les subventions du secteur public.

Pour remédier un tant soit peu à la situation financière qui est la sienne, la Tunisie a eu recours aux prêts concessionnels, c’est-à-dire ceux dont le taux d’intérêt est le moins élevé possible, mais aussi au marché financier international dont le service de la dette est astronomique pour les finances tunisiennes. C’est pour cette raison que Proshare insiste pour que la Tunisie s’échine à faire la part belle aux prêts concessionnels, sachant que cette facilité signifie l’octroi de prêts qui comportent un élément de don par rapport à un prêt contracté aux conditions du marché (taux d’intérêt, délai de paiement de la première échéance et durée du remboursement). Mais, le FMI qui considère un prêt comme concessionnel lorsque la valeur de l’élément don est supérieure ou égale à 0,35, n’est pas susceptible de continuer sur sa lancée comme il l’a notoirement démontré lors de l’épisode de la 2ème tranche.

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