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Tunisie-Remaniement : La presse internationale n’y voit que le « dark side » !

Divers messages et significations sont nécessairement attachés à un remaniement ministériel partout dans le monde et quelle qu’en soit l’ampleur. Celui opéré par Youssef Chahed et dont il plaide lundi l’opportunité et les enjeux devant l’Assemblée des représentants du peuple pour obtenir son vote de confiance, ne s’en prive pas. Dans le même temps, il a suscité et suscite encore des réactions le plus souvent antinomiques. Si généralement, à domicile, on se laisse aller à un accommodement jumelé à de la prudence, mais aussi à des envolées quasi dithyrambiques, l’opposition, elle, se signale par des ruades où l’on décèle un avant-goût de ses interventions lors de la Plénière extraordinaire du parlement.

Dans ce maquis, les commentaires de la presse internationale font généralement la part belle au retour de certains ministres qui avaient officié sous l’ancien régime. C’est le cas du site « Maghreb confidentiel » qui estime que « le remaniement gouvernemental du 6 septembre porte la marque du président Béji Caïd Essebsi … qui a ainsi imposé le retour de deux membres du gouvernement de Zine el-Abidine Ben Ali aux postes qu’ils occupaient à l’époque : Ridha Chalghoum (finances) et Hatem Ben Salem (éducation) »

Abondant dans ce sens, le quotidien Le Monde souligne que « la présidentialisation du régime sous la houlette de BCE ouvre un canal politique permettant de recycler nombre de figures liées à l’ex-dictateur Ben Ali ». Le quotidien parisien se demande si «  pareille reconversion n’était-elle inévitable dès lors que Nidaa Tounès, le parti du président, avait déjà récupéré nombre de réseaux « RCDistes » en déshérence sous la bannière du combat des « modernistes » contre le péril islamiste au lendemain de 2011 ». « Quelques années plus tard, la réinscription de ces anciens « bénalistes » dans le champ du pouvoir revêt plus d’éclat encore, aidée par l’appel aux « compétences » en ces temps adverses où les défis sécuritaires et économiques s’aiguisent », explique le Monde. Il cite l’analyse du politologue Jérôme Heurtaux, spécialiste des transitions démocratiques, qui a étudié le reclassement des ex-bénalistes dans le processus tunisien post-2011. Sans voir dans ces ministres rappelés dans le circuit gouvernemental « des girouettes pragmatiques ou des conservateurs embusqués », il penche plutôt pour «  un ajustement à un état de la configuration politique de quelqu’un qui soutient publiquement le processus démocratique mais sans renier l’ancien régime ». Selon lui, une telle trajectoire est « possiblement réversible » mais elle est « dénuée de toute stratégie calculée de restauration autoritaire ».

Controverses

Le Point, l’autre poids lourd de la presse française, sans s’attarder sur les ressorts politiques et stratégiques de ce remaniement, relève que «  Ridha Chalgoum [ nommé ministre des Finances], poste laissé vacant depuis les ennuis judiciaires de Fadhel Abdelkéfi, démissionnaire, était conseiller auprès de BCE en charge du suivi des réformes économiques avant d’être propulsé à la Kasbah, chef de cabinet de Chahed en juin », pour rappeler ensuite qu’il a déjà occupé ce poste « lors des derniers spasmes du régime Ben Ali, de 2010 à janvier 2011 ».

Quant au nouveau ministre de l’Education, Hatem Ben Salem, c’est la revue américaine « Foreign Policy » qui en parle. Dans un article publié quelques jours avant sa nomination à la tête de ce département dont il avait eu la charge avant la Révolution, il est cité comme une personne qui «  voulait mettre son parcours et son expérience au service de la Tunisie. « Je ne voulais pas rester loin et laisser les corrompus profiter du pays. J’étais meilleur que beaucoup d’autres. Je protégeais le pays », a-t-il affirmé. Ben Salem pense que la Tunisie post-révolutionnaire a été injuste pour ceux qui ont des histoires comme la sienne. Il dénonce ce qu’il considère comme la tendance à condamner tous ceux qui ont servi le régime, indépendamment de leurs actions réelles. « Venez voir ce que je possède et ce que j’ai dans mon compte bancaire », dit-il. « Mais les gens ne veulent pas faire cela. Ils préfèrent mettre tout le monde dans le même panier », ajoute-t-il cité par Foreign Policy.

Deux retours de ministres « controversés » dont des ténors de l’ARP vont certainement font leurs choux gras lundi lors de la séance plénière consacrée au vote de confiance. Mais il y a fort à parier que ceux de la Représentation nationale qui appuient le gouvernement et lui voteront la confiance, notamment ceux de Nidaâ Tounès, soutiendront que les deux « revenants » à quelque époque et sous quelque régime qu’ils aient officié, se veulent toujours des serviteurs de l’Etat.

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