AccueilLa UNETunisie : Un gouvernement de « petits mousses » !

Tunisie : Un gouvernement de « petits mousses » !

La Tunisie tient enfin son nouveau gouvernement, un « gouvernement d’union nationale » tel que voulu  par Béji Caïd Essebsi, et confectionné par Youssef Chahed. Pour autant, les Tunisiens sont-ils au bout de leurs peines ? L’on peut s’interroger.

Si l’initiative présidentielle a traîné en longueur, plus d’un mois et demi, son épilogue a pris contre toute attente moins de temps, sans doute pour sortir d’une crise politique majeure et d’être en mesure d’affronter une rentrée économique et sociale qui s’annonce périlleuse et turbulente. Mais le nouvel attelage ministériel étant ce qu’il est, le pari semble hasardeux de le voir s’en tirer d’affaire. Le chef du gouvernement désigné avait promis sitôt investi de sa tâche qu’il insufflera un sang nouveau. Il semble avoir tenu promesse, avec de jeunes, pour la plupart des secrétaires d’Etat, et surtout comme en témoignent leurs profils et « backgrounds » d’authentiques néophytes, qui vont devoir, cependant, faire leur apprentissage de la chose publique, et d’autres, moins jeunes, qui piaffaient d’impatience pour obtenir des portefeuilles pour lesquels leurs qualifications sont soit nulles, soit approximatives. Des hommes politiques sortis du Landernau des partis, au demeurant, minuscules. Tous ces nouveaux entrants viendront rejoindre des collègues blanchis sous le harnais que ce soit au sein de leurs formations politique, à titre principal, Nidaâ Tounès, et subsidiairement, le mouvement Ennahdha, qui voit ainsi sa présence au gouvernement correspondre à son poids politique. Peu ou prou.

Youssef Chahed affirme, pour en tirer un motif de fierté, que « le nouveau gouvernement est à vocation politique formé d’un grand nombre de ministres et secrétaires d’Etat pétris de compétences ». Sans être instruit de « l’exposé des motifs »  qui est le sien, il peut être loisible de se demander si le personnel en usage dans les partis politique peut être rangé sous ce vocable et encore plus s’il est la fine fleur du pays pour être en état de produire les performances dont la Tunisie a présentement un cruel besoin pour, d’abord, limiter les dégâts, et ensuite et surtout, engager le pays dans  la trajectoire de la croissance, de la paix sociale, et du bien-être, si embryonnaire soit-il. Il n’en demeurerait pas moins que comme le disait Jean Jaurès, « il ne faut pas s’écarter d’une confiance inébranlable en l’avenir » !

D’aucuns et non des moindres ont vu dans le gouvernement de Chahed un « remake » de celui de son prédécesseur, Habib Essid. C’est en partie vrai s’agissant de ce qu’on peut appeler le noyau dur de l’une comme de l’autre composition. Trois des ministres régaliens ont été maintenus. Il s’agit de ceux de la défense, de l’intérieur et des affaires étrangères. D’autres à l’avenant, Néji Jalloul à l’éducation, Selma Elloumi au tourisme, Samira Merai qui migre à la santé, Mohamed Salah Arfaoui, qui rempile à l’équipement, Anis Ghedira qui demeure au transport, Zied Laadhari qui se voit attribuer le portefeuille du commerce auquel s’ajoute celui de l’industrie, sans oublier Majdouline Cherni, qui revient pour officier à la tête du  ministre de la Jeunesse et des sports.

Comme on peut le voir, ce sont, dans leur majorité,  des ministères majeurs, qui ont vocation à imprimer une identité marquante à la nouvelle équipe gouvernementale, pour autant que leurs titulaires reconduits puissent  se prévaloir de résultats moyennement acceptables. Ont-ils été jugés indéboulonnables à l’aune de ce bilan ou parce qu’ils sont des dirigeants qui comptent au sein de leurs partis respectifs? La question vaut d’être posée. Et ceci apporte une eau abondante au moulin  de ceux qui criaient sur tous les toits que le gouvernement sera un gouvernement basé sur la logique des quotas et qu’il ne faut attendre rien de bon d’une équipe ministérielle constituée sur ce mode. On peut d’ores et déjà prévoir que les tenants de cette ligne seront sans doute peu enclins à faire au nouveau gouvernement beaucoup de cadeaux  dans les mois à venir. Ils le feront sans doute en chœur avec une autre catégorie de mécontents dont les ténors les plus insignes sont le président de l’UPL, Slim Riahi, et le patron d’Afek, Yassine Brahim, qui donnent déjà le la de leur ligne d’attaque, en disant tout le mal qu’il pensent de ce gouvernement dit d’union nationale.

Certes, on ne peut pas contenter tout le monde et son père, un exercice dans lequel Youssef Chahed n’aura pas fait office d’un grand amiable compositeur, mais il restera à tous ceux qui ont été rabroués de se rabattre sur bien des modes de contestation, virulente et autre, pour dire leur dépit et exprimer leur amertume. Chahed est averti !

- Publicité-

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

Réseaux Sociaux

108,654FansJ'aime
480,852SuiveursSuivre
5,135SuiveursSuivre
624AbonnésS'abonner
- Publicité -