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Tunisie-Exclusif : Ayari prépare un «pas aventureux » sans accumulation de capital !

A 84 ans et à quelques mois de la fin de son mandat à la tête de la BCT, l’image d’Épinal qu’on a du gouverneur de la Banque Centrale de la Tunisie (BCT) est celle d’un personnage figé dans les années 70, plus apte et enclin à lire un journal papier (…), comme le disait un « observateur », qu’à consulter Internet pour s’informer sur les réseaux sociaux, et encore moins s’intéresser aux nouvelles technologies et parler Blockchain. Et pourtant ! Chedli Ayari non seulement y pense, mais voudrait même y apporter la pierre de la BCT, par un saut qualitatif majeur. C’est ce qu’il dit. Interview :

La BCT préparerait, selon nos informations, un nouveau package de mesures, dans le cadre de la modernisation du secteur financier en Tunisie. Qu’en est-il au juste ?

Ce qui est actuellement en confection, c’est tout toute la réflexion sur le de-cashing et les modalités de paiement pour diminuer l’utilisation des billets de monnaie. Après quatre ou cinq commissions, où on a mobilisé tout le monde y compris les trois opérateurs téléphoniques, nous en sommes à l’étape de la mise en place d’une matrice des mesures à prendre pour promouvoir tous les modes de paiement, autres que le Cash, comme la carte bancaire, les TPE et le Mobile. Il y a des choses qui seront concrétisées au cours du 1er trimestre 2018, d’autres nécessitent plus de maturité.

La cerise sur le gâteau sera l’ouverture de la Tunisie sur les nouvelles technologies distributives que sont le blockchain, celle qui confectionne le BitCoin. Mais disons-le de prime abord, la monnaie cryptée n’est pas notre objectif ! Il s’agit là de maîtriser la technologie qui sert à le faire, qui est polyvalente et qui pourrait un jour, par exemple, servir à la gestion des actifs sur le marché.

Une commission planche actuellement, sur l’organisation de l’Africa Blockchaine Summit (ABS) qui se tiendra à Tunis en mai 2018 et portera sur la thématique de la technologie des registres distribués (Blockchaine). Cette manifestation aura le parrainage de la Banque de France. D’ailleurs, le 14 décembre 2017, le coup d’envoi pour l’organisation de l’ABS a été donné à travers une téléconférence avec Arnaud de Bresson, Délégué Général de «Paris Europlace».

Cette conférence de haut niveau regroupera principalement des gouverneurs des banques centrales africaines, des institutions multinationales, des acteurs africains de la finance, des académiciens, des chercheurs, et des startups tunisiennes, pour un méga brainstorming sur les perspectives de cette technologie.

Vous parlez de dématérialisation, de de-cashing, de Blockchain et de mobile paiement, vous êtes à la tête d’une institution qui refuse jusqu’à présent des solutions comme le PayPal et encore plus le BitCoin

Le problème n’est pas dans le PayPal avec lequel nous avons des difficultés relatives à notre législation de change. Par contre, avec le concours de La Poste et les trois opérateurs Mobile, qui peuvent devenir interopérables, nous pouvons vite avancer sur le Mobile Payement et faire beaucoup de choses. Nous engageons aussi une réflexion sur la refonte du concept de la carte de crédit. Notre grand pari, même si on a des retards sur des générations de technologies premières comme le PayPal, c’est de faire un pas aventureux dans des technologies qui ne demandent que de l’intelligence.

La Tunisie en dispose et j’ai personnellement découvert un nombre surprenant de Startup dans ce domaine, sans oublier la matière grise tunisienne dans ce secteur et les structures institutionnelles naissantes en Tunisie. Il s’agit alors d’introduire la Tunisie dans un domaine de Know-how qui ne demande pas une accumulation préalable de stocks de capital que nous n’avons pas. Le Blockchaine s’y prête et il n’est pas interdit de réfléchir, dès maintenant, sur l’après PayPal, car nous estimons que l’entrée dans les nouvelles technologies ne se fait pas nécessairement par pas successifs, mais par sauts qualitatifs.

Modestement, notre vision est de faire entrer la Tunisie, dans cette nouvelle ère et entrer dans le domaine des TIC par le haut sans s’astreindre à attendre d’en maitriser le bas.

Et pourtant, à lire le dernier rapport de la CTAF sur l’évaluation nationale du risque blanchiment d’argent et du financement du terrorisme, où les nouveaux modes de paiement sont estimés dangereux en matière de blanchiment et de terrorisme, on a du mal à croire que la BCT veut aller même plus loin que le PayPal et le BitCoin !

Les éléments qui créent des technologies transformatives, avec un poste de travail qui nous déconnecte de tous les référentiels terre-à-terre, posent incontournablement la question de la sécurité et d’une utilisation litigieuse de ces nouveaux moyens.

Dans ledit rapport, nous disons qu’il y a un danger de voir ces technologies qui se suffisent à elles-mêmes et qui ne sont pas régulées, soit par l’exécutif, soit par les autorités monétaires ou les deux en même temps, comme c’est le cas du BitCoin, être détournées pour des emplois criminels.

Faut-il pour autant condamner ces nouvelles technologies, dont notamment celles en relation avec la Blockchaine, et derrière toute autre nouvelle technologie dans tout autre domaine ? Nous pensons qu’on n’en a pas le droit !

Vous évoquiez des mesures qui pourraient être prises au cours du 1er trimestre 2018. Quelle sera la première de ces mesures ?

Rien n’est encore prêt. Mais je pense que ce sera l’introduction du Mobile Payement. La logistique s’y prête. Il y a pour cela les trois plateformes des opérateurs télécoms en Tunisie et plus de 12 millions d’abonnés au Mobile.

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