AccueilLa UNETunisie : Si vos mains ne trembleront pas, les leurs non plus...

Tunisie : Si vos mains ne trembleront pas, les leurs non plus !

Le gouvernement tunisien a mis au point, mercredi dernier, une «charte de l’action du gouvernement». Ce document fixe sa méthodologie et les règles de son fonctionnement, la communication avec les députés de l’ARP, les déplacements des membres du gouvernement en Tunisie et ailleurs, la rationalisation des missions à l’étranger et l’annonce des nominations aux hautes fonctions. Youssef Chahed a souligné à ses ministres la nécessité d’activer l’action des structures de contrôle et de poursuivre ceux qui enfreignent la loi. Et le chef du gouvernement de sermonner son équipe, en leur affirmant qu’ «il n’y a plus de place pour les mains tremblantes».

  • La tremblote, une maladie gouvernementale héréditaire et transmissible

Bien avant Yousef Chahed, cette question des mains tremblantes du gouvernant avait déjà fait les choux gras de toute la classe politique tunisienne, avec l’ancien chef de gouvernement tunisien Habib Essid. A la remarque qui lui avait été faite qu’il gouvernait d’une main tremblante, il avait exhibé ses mains en souriant, pour montrer qu’elles ne tremblaient pas.

C’est pourtant ce même gouvernement et son chef, qui avaient abdiqué face à presque toutes les pressions. D’abord celles de la rue, ensuite celles des partis et notamment Ennahdha et enfin et surtout celles de l’UGTT et même face au FMI. Youssef Chahed en est presque témoin, puisqu’il a été témoin des conséquences de la gestion aux mains tremblantes de son prédécesseur. Les plus importantes auront été les accords incessants d’augmentations salariales sous lesquels croule son gouvernement et aussi ceux signés avec le FMI et qui ont mis le gouvernement Chahed dans l’embarras.

Sans aucune mauvaise intention attachée à pareille comparaison, l’ancien chef d’Etat tunisien, le Général Ben Ali, avait aussi par deux fois, réuni ses ministres pour leur tenir semblable langage de fermeté et des mains tremblantes qu’il n’accepterait pas et les sommer de prendre leurs responsabilités, de ne pas avoir peur de prendre les décisions qui s’imposent et qui sont les leurs. Ils appliquaient, eux aussi, la politique de l’Etat que dirigeait le chef de l’Etat dans le régime présidentiel qui lui reconnaît une grande partie des pouvoirs qui sont ceux des chefs de gouvernement dans le système politique de la 2ème République. Cela ne l’a pas empêché de congédier les ministres qui prenaient seuls leurs décisions. Bien avant Ben Ali, Bourguiba avait tenu en haleine le pays pendant plusieurs mois, au rythme d’un nouveau gouvernement chaque lundi.

  • La tremblote, une maladie causée par les «Ikrahet» !

Youssef Chahed ne peut pas ignorer, sauf à vouloir faire croire aux fameuses feuilles de route pour chaque ministre comme l’avaient fait croire avant lui Habib Essid et Mehdi Jomaa, que les ministres appliquent la politique du gouvernement qui est décidée par ses soins. Une politique balisée par le Pacte de Carthage, un document relatant des objectifs généraux et variables au gré des intérêts propres, des partis, des organisations et des personnes, signataires de ce pacte.

Il avait aussi essayé de faire cavalier seul, avec pour seul principe l’intérêt du pays, avec la guerre contre la corruption et les arrestations, faites et prévues, qui s’en sont suivies. Il a fait, à cette occasion, l’expérience, lui aussi, des pressions et des mauvaises interprétations de l’intérêt du pays qui ont été faites de cette guerre que tous les signataires du Pacte de Carthage demandaient pourtant. Ses mains ont-elles alors tremblé ? On ne préjugera de rien. On remarquera tout de même que le ralentissement de la cadence de cette guerre n’est pas de bon augure en matière de tremblote !

On ajoutera à cela, sans aucune intention de donner des leçons à quiconque et encore moins à un chef de gouvernement, que Youssef Chahed ne s’est jusque-là pas illustré par un soutien, inconditionnel et sans faille à certains de ses ministres qui ont osé tenir tête ou hausser le ton pour défendre leurs prérogatives. Des pouvoirs et un soutien qui leurs sont pourtant nécessaires, pour s’affirmer, affirmer la volonté de l’Etat et le primat de son autorité. On ne donnera pas d’exemple, ils sont nombreux, et le chef du gouvernement les connaît mieux que quiconque !

  • Allo Docteur !

On va pourtant croire que Youssef Chahed est sincère dans cette démarche de l’abolition de la politique des mains tremblante et que le Dr Chahed va savoir administrer l’antidote de cette maladie, à ses 34 patients. Il lui restera pourtant de s’auto-immuniser pour donner l’exemple, comme doit le faire tout chef et à plus forte raison du gouvernement.

En matière de tremblote, il doit pouvoir contenir sa peur des poids, politique, social et surtout syndical, de ceux qui croient fermement qu’ils sont les véritables dépositaires du pouvoir et gestionnaires des affaires de l’Etat, sans en risquer la redevabilité.

Il doit savoir prendre les décisions qui s’imposent, même si elles font mal, et savoir pouvoir s’y river. C’est à cette seule condition qu’il ne transpirera pas la tremblote et ne la passera pas, comme un virus, à ses ministres.

Le fera-t-il ? Saura-t-il tenir tête à tous ceux qui, au nom d’intérêts propres, partisans ou professionnels, feront reculer le champ de l’intérêt supérieur de tout un Etat ? Wait and See !

- Publicité-

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

Réseaux Sociaux

108,654FansJ'aime
480,852SuiveursSuivre
5,135SuiveursSuivre
624AbonnésS'abonner
- Publicité -