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Tunisie : Une victoire à la Pyrrhus… pour les uns comme pour les autres !

Après avoir tenu en haleine les Tunisiens de longues semaines durant, la crise du gel des salaires s’est résorbée par la conclusion d’un accord à la toute dernière minute. Y a-t-il de quoi pavoiser ? Certainement oui, et dans une mesure bien déterminée. Car le pays fait l’économie d’une grève générale dans le secteur public et des pertes de 38 millions de dinars par jour de débrayage, et le gouvernement se tire une fâcheuse épine du pied pour pouvoir enfin aller de l’avant dans sa loi de finances si vivement contestée.

A bien y réfléchir, cependant, cet épilogue a tout d’une victoire à la Pyrrhus ou pour emprunter à l’historien grec Hérodote son expression désignant l’issue de la « bataille d’Alalia », une victoire à la cadméenne, c’est-à-dire inutile, funeste avec de lourdes pertes de part et d’autre. Dans tous les cas de figure, le gâchis et là, patent et douloureux. On s’en serait bien dispensé si on avait, dès l’abord, traité autrement le dossier, sans bravades, tergiversations, arrière-pensées, voire coups de poker, le tout se déployant à l’enseigne d’une opiniâtreté d’autant moins indispensable qu’elle frise par moments l’entêtement irraisonné. En ergotant si longtemps et si mal, l’UGTT, d’abord, et le gouvernement, dans une moindre mesure, ont failli à tenir leur rang dans une conjoncture chargée d’immenses difficultés et de défis, les uns cherchant à tirer parti d’un rapport de force qui leur est favorable, et les autres prenant des initiatives dont certaines pouvaient être regardées comme maladroites, en bouclant dans la précipitation un projet de loi de finances qui n’est pas le leur, ayant été hérité du précédent gouvernement.

Il n’en demeurait pas moins que c’est en amont que le problème devait être abordé et sérieusement discuté par la voie d’une négociation menée dans les règles de l’art, sans dissimulation ni poussées de populisme. Si l’Organisation ouvrière pouvait être dans son droit d’invoquer et défendre un accord salarial dûment conclu et, plus est, publié au journal officiel, elle aurait eu meilleure figure           pour peu qu’elle ait jeté un tant soit peu du lest dans le cadre d’un moratoire où elle n’aurait certainement pas laissé des plumes. Dans le même temps, le gouvernement, au lieu d’enchaîner des propositions dont il savait pertinemment qu’elles seraient rejetées, aurait bien pu faire montre même d’une petite dose d’imagination en mettant tout de go sur le tapis son ultime schéma de règlement de la crise, tout en sachant que c’est le prix à payer, un coût dont il fut avéré par la suite qu’il était dans ses cordes.

Des mécanismes pour braver la récidive !

Le nouveau décor étant désormais planté, il sera de la plus haute importance pour l’architecture sociale du pays que l’on apprenne à évacuer de semblables convulsions sitôt qu’elles apparaissent et se dessinent. Cela doit signifier la mise en place de nouveaux mécanismes à la faveur desquels il sera commode et possible de prévenir les conflits. L’UGTT propose l’institutionnalisation du dialogue social à travers l’accélération de l’adoption du Conseil national du dialogue social, telle que prévue d’ailleurs par les termes de l’accord signé ce mercredi. L’idée n’est pas tout à fait nouvelle, puisqu’il existe déjà un accord signé par le les deux partenaires sociaux, l’UGTT et l’UTICA et le gouvernement, le 14 janvier 2013, qui fixe les engagements des uns et des autres à œuvrer en vue de l’instauration de la paix sociale, mais qui est resté lettre morte, prônant de grands principes point relayés par une feuille de route.

Prévenir les conflits salariaux et de travail ne serait pas suffisant pour remettre les pendules à l’heure. Il devra s’y adjoindre un ferme engagement adossé à des mécanismes pertinents pour assurer la paix sociale où qu’elle vienne à être ébréchée et à tout moment. Il s’agira de mettre en place un dispositif qui réponde à la nature des relations et des défis que les partenaires sociaux en Tunisie entretiennent et affrontent, tout en puisant si nécessaire dans les termes de référence élaborés par l’OIT (Organisation internationale du travail) qui disposent que le dialogue social englobe « toutes formes de négociation, de consultation ou d’échange d’informations entre représentants des gouvernements, des employeurs et des travailleurs sur des questions d’intérêt commun liées à la politique économique et sociale ». Ajoutons nécessairement que pour être efficace, ce dialogue doit reposer essentiellement sur la qualité et la crédibilité des partenaires sociaux. C’est là que loge tout le défi !

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